jusqu’à - 6000 mètres. Le drone sera
aussi en mesure de produire des images
et capable d’analyser son environnement
grâce à son intelligence embarquée, ses
nombreux capteurs. Enfin, il pourra en-
voyer des images des curiosités qu’il juge
digne d’intérêt sur le plan scientifique.UN NOUVEL ELDORADO. Les progrès de l’au-
tomatisation inspirent également les
Chinois. Ceux-ci prévoient d’installer
une base d’exploration sous-marine à
plus de 5000 mètres, dans la fosse de
Manille, en mer de Chine méridionale.
Peuplée de drones, elle serait gouvernée
par une intelligence artificielle. Les
drones aquatiques partiraient en mis-
sion à l’heure programmée, puis revien-
draient à la base pour refaire le plein
d’énergie, transmettre les données récol-
tées avant de repartir pour un tour. Toutça pour l’amour de la science, vraiment?
L’intérêt de la recherche académique est
réel, mais n’explique sans doute pas à lui
seul cette ruée vers les grands fonds.
Depuis des années, États et industriels
ont également la volonté d’y exploiter
un nouvel eldorado, censé pallier la pé-
nurie annoncée de métaux rares et de mi-
nerais sur la terre ferme. « Alors que nous
consommions 210 millions de tonnes de mi-
nerais et de minéraux industriels dans le
monde en 1900, nous en consommions
6,5 milliards en 2009 », révélait l’Ademe
dans son rapport consacré à l’épuisement
de ces ressources, publié dès 2014.
L’Ifremer et le CNRS anticipent d’ores
et déjà – avec précision – le tarissement
des ressources en zinc, dès 2025, d’étain,
en 2028, de plomb, en 2030, et de cuivre,
en 2039. De nombreux bateaux pros-
pectent donc désormais les abysses, à larecherche de nouveaux gisements de ma-
tières précieuses. Les plus denses sont à
plusieurs milliers de mètres sous l’eau.
On peut les trouver sous la forme de « no-
dules », des concrétions rocheuses gor-
gées de métaux ou de « fumeurs noirs »,
des cheminées crachant des sulfures ga-
zeux, propulsés à plusieurs centaines de
degrés et hyperconcentrés en minerais de
tous genres. Un trésor bien plus fabuleux
encore que celui de Rackham le Rouge.
« Le poids total de nodules dans la seule
zone de Clarion-Clipperton, la plus riche
du Pacifique, est aujourd’hui estimé à envi-
ron 34 milliard de tonnes. C’est 6 000 fois
plus de thallium, trois fois plus de cobalt,
plus de manganèse et de nickel que toutes
les ressources avérées hors des océans »,
mentionne un rapport rédigé conjointe-
ment par des scientifiques de l’Ifremer
et du CNRS.DES IMPACTS SUR L’ENVIRONNEMENT. La course
à l’extraction minière sous-marine paraît
donc inéluctable. Elle serait d’ailleurs
déjà lancée si des difficultés financières
n’avaient pas obligé la compagnie cana-
dienne Nautilus Minerals, géant du sec-
teur, à retarder ses plans. Ses excava-
trices robotisées de plusieurs centaines
de tonnes pourraient malgré tout entrer
en action dès cette année au large de la
Papouasie-Nouvelle-Guinée, à environ
1600 mètres sous l’eau. Butin espéré?
Plusieurs milliers de tonnes de zinc, de
cuivre ou d’or. Il est toutefois à craindre
que l’exploitation de ces mines sous-ma-
rines ne soit pas sans conséquences sur
les écosystèmes marins. « Indéniable-
ment, les processus miniers vont avoir des
impacts sur l’environnement », concluent
des chercheurs de l’Ifremer et du CNRS.
Ce signal d’alarme n’a pas empêché
l’Autorité internationale des fonds ma-
rins (AIFM), le gendarme censé veiller
sur les ressources maritimes de la pla-
nète, de donner son feu vert à l’explora-
tion de nombreux sites, essentiellement
localisés dans le Pacifique. Et à ce jour,
près d’une trentaine de permis ont déjà
été accordés à des patrons de grosses
compagnies minières, pressés comme
jamais de goûter à l’ivresse des grandes
profondeurs.zBIENTÔT, ON GUIDERA LES ROBOTS DANS
LES ABYSSES COMME DANS UN JEU VIDÉO
Voilà deux ans,
en mer de Chine
méridionale,
le submersible
chinois Jialong
avait prélevé
des échantillons
de nodules
polymétalliques,
des concrétions
rocheuses gorgées
de métaux,
comme le nickel
ou le cobalt.LIUSHIPING/XINHUA-REAdu 7.08 au 3.09.2019 - 01NET 913 29