01Net N°913 Du 7 Août au 3 Septembre 2019

(Marcin) #1
donc, d’en percer tous les secrets.
Reste que le mot « exutoire » est pro-
noncé dans plusieurs témoignages.
« C’est un moyen d’évacuer les choses tra-
giques, de dédramatiser face à certaines
situations et de prendre une bouffée
d’oxygène », confie SousLaRobe, avocat
« sans plume de bois ». Se soulager, par-
tager ses sentiments, « se rassurer »
grâce aux notifications, converser avec
les autres ou même s’amuser... En
somme, se faire du bien.

PSEUDONYMAT IMPOSÉ. Mais à l’heure où
l’anonymat sur Internet fait de plus en
plus débat, pour nombre de profes-
sionnels, il s’impose aussi dès lors que
leurs langues se délient. Pour des rai-
sons d’éthique. Essentiellement dans
les corporations liées au juridique, à la
santé, la sécurité ou l’enseignement.
Et pour cause... L’arrêt du Conseil
d’État du 20 mars 2017 stipule que les
agents publics demeurent soumis à
leurs obligations déontologiques sur
les blogs et les réseaux sociaux. Un
« devoir de réserve » des enseignants
a même été inscrit dans l’article 1 de la
loi « Pour une École de la confiance »,
adoptée par le Sénat le mois dernier.
Sur son blog, Thierry Vallat rappelle,
lui, que cette astreinte s’applique en-
core plus strictement aux militaires,
interdits de s’exprimer, même sous
couvert de pseudonymat! Pour
preuve, l’avocat relate l’amère expé-
rience d’un capitaine de gendarmerie
qui, l’an passé, a reçu « un blâme au
motif qu’il avait adopté un comporte-
ment en inadéquation avec celui attendu
d’un officier de gendarmerie, en publiant
régulièrement sur des sites de médias en
ligne, sous un pseudonyme, des articles
polémiques sur des sujets relatifs à la po-
litique menée par le gouvernement ». Et
sachant que suite à cet événement, le
Conseil d’État a estimé, le 18 juin 2018,
que le fait pour un agent public de
s’exprimer sous un pseudonyme ne
l’exonérait pas pour autant de l’obli-
gation de respecter son devoir de ré-
serve. Autant dire que, pour ceux-là,
le masque est vraiment devenu indis-
sociable de la plume.z

Decimaitre « Avocat juste un peu mûr (mais pas vieux) : quelques chips de droit dans un
grand bol de GuacaLOL. » Spécialiste du droit du travail et de la propriété intellectuelle,
@Decimaitre joue la carte de l’humour pour parler du quotidien sur son compte Twitter à ses
14 500 abonnés. Caché derrière son pseudo, ce parisien de 39 ans préserve sa liberté de ton.

JE PEUX PLAIDER EN TOUTE LIBERTÉ


Si je les signais de mon vrai
nom, mes tweets engageraient
mon cabinet. Ce serait compliqué
déontologiquement. Car il m’arrive
de me moquer d’autres professionnels
du droit. Et puis je ne pourrais pas
non plus parler de ma vie privée.
J’ai donc choisi d’utiliser un pseudo.
Aussi parce que je préfère que
mes clients et mes confrères ne me
suivent pas. Ou alors, sans le savoir.
Ce compte m’offre une liberté
de parole, de ton, et m’évite d’être
dans une posture. Je joue la carte

de l’humour avant tout pour faire rire
les gens et transformer certaines
frustrations. C’est en suivant Maître
Eolas, d’abord sur son blog puis
sur son compte Twitter, que l’idée
m’est venue de lui emboîter le pas.
J’ai d’abord relayé des tweets, puis
je me suis mis à poster mes propres
messages à propos de mon quotidien,
souvent juridique... Je dois dire que
je n’imaginais pas me retrouver
avec autant d’abonnés. Mais je veux
surtout éviter l’écueil de la
gloriole de certains confrères!



40 01NET 913 - du 7.08 au 3.09.2019


la société telle qu’elle est


Decimaitre @Decimaitre. 7 h
Ha, ha, ha, ha! Attends de découvrir
que certains profs de droit sont aussi
consultants et que leurs articles,
loin d'être de pieux pensum doctrinaux,
sont des instruments de lobbying!
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NIV

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E/S

IPA
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