Les Echos - 01.08.2019

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2021 sur les lignes Paris-Rennes,
Paris-Nantes, Paris-Metz-Nancy », a
indiqué la compagnie dans un com-
muniqué. Elles remplaceront des
TGV de générations précédentes,
qui comptent 10 % de places en
moins et ont parfois plus de 30 ans.

Un investissement rentable
Condition sine qua non de l’opéra-
tion, cet investissement sera renta-
ble. Le taux de marge opération-
nelle du TGV, qui avait dégringolé à
5 % en 2016, a rebondi à 12 % en 2017
et 2018, et devrait atteindre 15 %
cette année. Quant aux péages que
la compagnie doit acquitter pour
faire circuler ses trains sur le
réseau, ils ne vont plus grimper
comme par le passé : la réforme fer-
roviaire votée l’an dernier a acté que

tidiens supplémentaires, indiquait
il y a un mois Frank Lacroix, le
patron de l’activité. Au total, « ces
résultats montrent que le ferroviaire
a le vent en poupe en France », se féli-
cite Guillaume Pepy, le patron du
groupe, qui va tirer sa révérence

La grande grève du printemps 2018
contre la réforme ferroviaire (tren-
te-sept jours au total, un record) n’a
pas détourné les Français du train.
Les comptes semestriels publiés
mercredi par le groupe SNCF
témoignent en effet d’une nette pro-
gression du trafic dans les activités
de transport de voyageurs.
La hausse la plus spectaculaire
est à mettre au crédit de l’activité
TGV, qui est à la fois la vitrine et la
principale source de profits du


groupe. Sur les six premiers mois
de l’année, le nombre de clients en
France est en hausse de 11,1 % par
rapport à la même période en 2017
(les chiffres de 2018, biaisés par la
grève, n’offrant pas une base de
comparaison viable.) La fréquenta-
tion a notamment été tirée par les
TGV low cost Ouigo, qui ont trans-
porté 8,6 millions de passagers de
janvier à juin. L’objectif de 17 mil-
lions sur l’ensemble de l’année sera
sans doute dépassé.
Ce rebond de la clientèle TGV est
jugé par SNCF Mobilités, l’établisse-
ment public chargé de faire rouler
les trains, suffisamment durable
pour nécessiter une nouvelle com-
mande de matériel. L a compagnie a

donc acté mercredi la commande
à Alstom de 12 rames Océane (voir
ci-dessus).

Un groupe
en ordre de marche
Les transports du quotidien ne sont
pas en reste. Transilien, dédié aux
déplacements en Ile-de-France,
affiche au premier semestre une
hausse de 4,3 % du nombre de pas-
sagers par rapport à 2017. Du côté
des trains régionaux (TER), la
hausse, spectaculaire (+15,9 %), est
due en partie au transfert de plu-
sieurs lignes Intercités aux régions,
mais la tendance est la même : sur
les quatre p remiers mois d e l’année,
TER a gagné 60.000 voyageurs quo-

d’ici à quelques semaines et qui
s’appuiera sans doute sur ces chif-
fres pour plaider qu’il laisse un
groupe en ordre de marche.
Ce satisfecit ne peut toutefois pas
s’appliquer au pôle transport de
marchandises, dont le chiffre
d’affaires hors effet grève recule de
1,3 %, malgré le développement des
autoroutes ferroviaires multimo-
dales (qui combinent le rail et le
transport en camion). Fret SNCF se
débat toujours dans les difficultés,
et la filialisation de l’activité, début
2020, r endra impératif un redresse-
ment rapide des comptes.
Autre bémol persistant, la dette
du système ferroviaire, portée par
SNCF Réseau, le gestionnaire des

infrastructures, continue d’enfler.
Elle a augmenté de 3 milliards
d’euros et atteignait au 30 juin
51,6 milliards d’euros. « Nous som-
mes dans la trajectoire annoncée lors
de la réforme ferroviaire », tempère
la direction. La capacité de SNCF
Réseau à réaliser les gains de pro-
ductivité qui lui sont demandés
sera surveillée de près. —L. S.

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À NOTER
Sur les six premiers mois
de l’année, le chiffre d’affaires
du groupe SNCF atteint
17,9 milliards (+5 % sur un an
hors effet grève sur 2018).

Le trafic de la compagnie en nette hausse au premier semestre


Après une année 2018
perturbée par la grève
contre la réforme ferro-
viaire, l’activité TGV
confirme son redressement.


La SNCF a déjà commandé en 2013 40 rames Océane, progressivement mises en circulation sur l’axe Atlantique, depuis début 2017 jusqu’à 2020. Photo Sébastien Ortola/RÉA


« Le ferroviaire
a le vent
en poupe. »
GUILLAUME PEPY
Président du directoire
de la SNCF

Et ces besoins sont relativement
urgents. Or si la SNCF a bien com-
mandé l ’an dernier 100 exemplaires
du « TGV du futur », le dernier
modèle conçu par Alstom, les pre-
mières circulations ne se feront pas
avant 2023, le temps d’achever le
développement et de démarrer la
production.
La compagnie a donc porté son
choix sur le modèle précédent. Les
rames TGV Océane, à deux niveaux
et 556 sièges, pourront, elles, être
livrées dès 2021 et 2022. Un choix
qui, au passage, représente une
excellente nouvelle pour Alstom
à Belfort. Ce site fabrique les motri-
ces TGV, et voyait se profiler sans
cela un trou de deux ans dans son
plan de charge. « Ces nouvelles rames
seront mises en circulation à partir de

leur hausse serait désormais calée
sur l’inflation. La compagnie table
donc pour ces 12 nouvelles rames
sur un taux de retour sur investisse-
ment de 8,4 %.

Cette commande marque égale-
ment une inflexion dans l’actuali-
sation du plan de flotte TGV. Ces
dernières années, confrontée à une
équation économique insoluble, la

SNCF revoyait sans cesse ses futurs
besoins à la baisse, radiant les plus
vieilles rames et tablant s ur une uti-
lisation plus intensive des trains.
De 2014 à 2019, la taille du parc
TGV a ainsi été réduite de 17 %.
Cette diminution va se poursuivre,
mais elle sera moins forte que
prévu il y a encore deux ans, avec
désormais un objectif de 361 rames
à l’horizon 2025.
Seule inconnue au tableau : l’arri-
vée des concurrents, à partir de
décembre 2020, pourrait peser sur
les marges ou le niveau de trafic. « Il
faudra du temps avant que ces nou-
veaux entrants montent en puis-
sance, estime cependant Rachel
Picard. S’il devait y avoir un impact
sensible, ce ne sera pas avant


  1. »n


Lionel Steinmann
@lionelSteinmann


La santé retrouvée du TGV fait les
affaires d’Alstom. La SNCF a indi-
qué mercredi qu’elle passait com-
mande au constructeur ferroviaire
de 12 rames Oceane supplémentai-
res, pour un montant de 335 mil-
lions d’euros. Cet achat s’ajoute aux
55 trains du même modèle com-
mandés en 2013 puis 2017, qui sont
progressivement mis en circulation
depuis début 2017 jusqu’à 2020.
D’ordinaire, les acquisitions de
TGV sont des événements chroni-
qués des mois à l’avance et plus ou
moins chaperonnés par


l’Etat. Cette annonce-ci a pris les
observateurs par surprise. Elle est
dictée par le retour en grâce du TGV
auprès de ses clients, explique aux
« Echos » Rachel Picard, la
patronne de l’activité.

Rajouter de la capacité
« Cette commande concrétise le
retournement durable du modèle
économique du TGV, détaille-
t-elle. Nous allons atteindre en 2019
le niveau de trafic qui était a ttendu en
2021 -2022. Le taux d’occupation a
encore g rimpé de 2,8 p oints sur un an
et atteint désormais 7 7 % en
moyenne. Sur l’axe Sud-Est, le taux
de remplissage est même monté en
juin à 89 %! Ces hausses vont se
poursuivre, il nous faut rajouter de la
capacité pour faire face. »

lLa compagnie publique va acheter 12 rames Océane supplémentaires afin de faire face à la forte augmentation du trafic.


lCet investissement de 335 millions d’euros est rendu possible par le retour durable à la rentabilité de l’activité TGV,


du fait de l’augmentation de la clientèle et de la maîtrise des charges.


La SNCF va commander 12 rames TGV


de plus à Alstom


TRANSPORT


Excellente nouvelle
pour Alstom à Belfort,
qui voyait se profiler
un trou de deux ans
dans son plan
de charge.

ENTREPRISES


Jeudi 1er août 2019Les Echos

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