Les Echos - 01.08.2019

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14 // ENTREPRISES Jeudi 1er août 2019 Les Echos


POSTE


Lionel Steinmann
@lionelSteinmann


Philippe Wahl, le PDG de La Poste,
est récompensé de sa patience.
L’entreprise publique a annoncé
mercredi la signature d’un accord
pour prendre la majorité du capital
de Bartolini (BRT). L’entreprise, lea-
der du marché italien du transport
de colis, a généré un chiffre d’affaires
de 1,4 milliard d’euros en 2018. La
conclusion fructueuse d’un travail
d’approche de près de six ans. Dans
le marché mondial du transport de
colis, l’Italie est un cas à part : c’est
sans doute le seul pays où le numéro
un du secteur n’est ni l’opérateur his-
torique (Poste Italiane) ni l’un des
géants mondiaux de l’express
comme FedEx ou UPS, mais une
entreprise familiale. Fondé à Bolo-
gne en 1928, et initialement spécia-
lisé dans le transport de primeurs,
BRT livre aujourd’hui plus de
650.000 colis par jour, grâce à
180 agences réparties s ur le territoire
national.


Une approche
en plusieurs étapes
Mais dans un marché du plus en
plus mondialisé et gourmand en
investissements, l’indépendance
de BRT ne pouvait durer indéfini-


mouvement, et s’affaisse à 474 mil-
lions d’euros (–25,5 %). Le contexte
est, il est vrai, défavorable sur la
plupart des activités. Le déclin du
courrier, métier historique du
groupe, se poursuit à un rythme
accéléré : –7,5 % en rythme annuel,
soit 370 millions de chiffre d’affaires
envolés en 12 mois. La hausse des
tarifs postaux de 4,9 % en moyenne
au premier janvier ne compense
que la moitié de cette baisse.
Le marché du colis est mieux
orienté grâce à l’essor de l’e-com-
merce : en France, cela représente
168 millions de Colissimo transpor-
tés au premier semestre, soit une
hausse de près de 10 % sur un an. La
branche GeoPost, qui regroupe les
envois en express (Chronopost) et
les activités à l’étranger, voit, elle
aussi, son chiffre d’affaires progres-

ser, de 7,3 %. Mais les coûts sont en
augmentation du fait de la pénurie
de chauffeurs dans de nombreux
pays européens. GeoPost, contrai-
rement à certains de ses concur-
rents, a fait le choix de défendre ses
marges. Malgré cela, son résultat
d’exploitation est tout de même en
baisse de 8 %.

« Transition et fondations »
La Banque Postale, de son côté,
continue de souffrir des taux d’inté-
rêt très bas et d’une clientèle qui se
réduit. Par ailleurs, les mesures
décidées par le gouvernement fin
2018 pour plafonner les tarifs et les
frais d’incidents bancaires lui ont
coûté près de 40 millions. Dans ce
contexte, le produit net bancaire a
reculé de 3 % et le résultat d’exploi-
tation de 10 %. Face à ces vents

L’année 2018 avait été compliquée
pour La Poste et la situation, hélas
pour le groupe public, ne s’est pas
améliorée au premier semestre



  1. Si le chiffre d’affaires sur les six
    premiers mois de l’année est quasi
    stable à périmètre et change cons-
    tants (+0,9 %, à 12,8 milliards
    d’euros), le résultat d’exploitation
    dévisse, lui, de 33 %, à 572 millions.
    Le résultat net suit logiquement le


L’entreprise publique
a été fragilisée au premier
semestre par la poursuite
de la baisse des volumes
de courrier, mais aussi
des marges sous pression
dans l’activité colis. Les
taux d’intérêt très bas
affectent son activité
bancaire.


à suivre


Dieselgate : l’ex-patron d’Audi renvoyé
devant la justice allemande

AUTOMOBILE L’ancien patron d’Audi, Rupert Stadler, ainsi que
trois cadres de la société, ont été renvoyés devant la justice
allemande pour « fraude » dans le scandale d u dieselgate. Le diri-
geant avait été placé en détention provisoire en juin 2018, avant
d’être liberé en octobre dernier. Il se trouve ainsi au même stade
de la procédure que l’ex-patron de Volkswagen, Martin Winte-
rkorn, renvoyé devant la justice en avril p our « fraude aggravée ».
Les deux dirigeants sont désormais tous deux menacés par un
procès p ublic. La j ustice l eur r eproche d ’avoir vendu d es voitures
diesel équipées de logiciels truqueurs d estinés à tricher sur leurs
émissions polluantes, en toute connaissance de cause.

Ryanair pourrait supprimer jusqu’à
900 emplois d’ici à la fin de l’année

AÉRIEN Dans une vidéo interne, le directeur g énéral de Ryanair,
Michael O’Leary, annonce que le report des livraisons des
Boeing 737 MAX a généré un sureffectif de plusieurs centaines
de pilotes et de personnels de cabine. Il a déclaré, dans cette
vidéo destinée aux salariés de la compagnie, que plus de
900 emplois pourraient être supprimés d’ici à la fin de l’année.
En outre, toujours selon le patron de la compagnie low cost
irlandaise, un sureffectif de 500 pilotes et 400 hôtesses et
stewards, généré par la disparition du turn-over habituel du fait
des nouvelles conditions sociales négociées dans l’entreprise.
Plus d’informations sur lesechos.fr/Entreprises

Jason Redmond/AFP

Les moteurs de GE font les frais
de la crise du Boeing 737 MAX

AÉRONAUTIQUE La crise du Boeing 737 MAX laisse sa marque
sur les résultats de GE. Bien que le conglomérat américain ait pré-
senté des résultats trimestriels supérieurs aux attentes, sa branche
aviation, qui fabrique les moteurs du 737 en partenariat avec
Safran, a vu son flux de liquidités (cash-flow) diminuer d’environ
600 millions de dollars d epuis l’arrêt des vols, à la mi-mars. La bran-
che aviation de GE, qui inclut l’activité moteurs et d’autres équipe-
ments aéronautiques, affiche également une baisse inhabituelle de
6 % de ses bénéfices trimestriels. Au total, GE, qui comprend aussi
une filiale de location-vente d’avions, estime à 2,1 milliards de dol-
lars le montant total de son exposition au 737 MAX.

Unibail-Rodamco-Westfield (URW) fait
fi de la concurrence du e-commerce

COMMERCE Le géant d es centres commerciaux URW fait mieux
que résister a ux assauts du e-commerce, qui détourne une partie
des consommateurs de ces temples de la consommation. Le
groupe a publié mercredi des résultats semestriels affichant non
seulement une progression du chiffre d’affaires global des com-
merçants locataires, de 5,3 % sur un an, mais aussi des loyers nets
à périmètre constant e n hausse de 2,1 %. Le résultat net récurrent
par action ajusté (RNRPAA) est en recul de 1,9 %, à 6,45 euros, du
fait des cessions e ffectuées, explique le groupe. Sans c ela, il serait
en hausse de 3,7 %. URW relève même sa prévision de 0,30 euro
pour l’ensemble de l’exercice, à 12,10-12,30 euros.

La Poste prend le contrôle


du leader du colis en Italie


contraires, Philippe Wahl, le PDG,
mise sur la poursuite de la transfor-
mation du groupe public. « Il s’agit
d’un semestre de transition et de fon-
dations », a-t-il plaidé devant son
conseil d’administration, en ayant
évidemment à l’esprit le rapproche-
ment de La Banque Postale et de
CNP, qui se déroule jusqu’ici sans
accroc.
A plus court terme, le groupe a
annoncé un plan d’économies
transverse, afin de dégager
300 millions d’euros d’ici à fin 2020,
« principalement sur les frais d e siège
et de structure ». Les investisse-
ments vont par ailleurs ê tre r evus et
« priorisés ». Premier à réagir, le
syndicat SUD-PTT a dénoncé dans
un communiqué « une dégradation
des conditions de travail et l’austérité
salariale ». —L. S.

Les résultats continuent de s’éroder


ment. Ses dirigeants en étaient
conscients. La Poste n’était pas la
seule sur les rangs, mais elle a su
convaincre, en ne brusquant pas
ses interlocuteurs. Dans un pre-
mier temps, GeoPost, la branche
du groupe spécialisée dans les
envois express et à l’internatio-

nal, a conclu un partenariat avec
BRT afin d’assurer la distribution
de ses colis hors des frontières. La
société italienne fait de même
avec ceux de La Poste sur son
marché domestique. Deuxième
étape début 2017 : GeoPost prend
37,5 % du capital de BRT. L’hypo-

thèse d’une prise de contrôle est
posée, « mais le déclenchement se
fera à l’initiative de la famille Bar-
tolini », indique à l’époque Phi-
lippe Wahl. « C’est un p eu un pari,
juge alors un connaisseur. Geo-
Post pourrait très bien poireauter
dix ans en restant minoritaire. »

Les fiançailles auront finale-
ment duré dix-huit mois. Autre
satisfaction du côté français : Geo-
Post va porter sa participation à
85 % du capital et les B artolini vont
en conserver 15 %, sans sortie pro-
grammée. Un signe de confiance
envoyé à l’entreprise française et
un atout précieux pour déchiffrer
les particularités du marché local.
Le directeur général actuel,
Dalmatio Monti, reste en place.
La Poste va désormais s’e fforcer
de faire fructifier son investisse-
ment, dont le montant n’a pas été
dévoilé. Le marché italien a un
gros potentiel : selon un expert du
secteur, la consommation de colis
par habitant est au niveau de celle
de la Pologne. Un rattrapage est
donc très probable.n

lLe groupe public français va monter à 85 % du capital de Bartolini.


lL’entreprise familiale, dont il détenait jusqu’à présent 37,5 % du capital,


réalise 1,4 milliard d’euros de chiffre d’affaires.


La Poste va s’efforcer
de faire fructifier
son investissement,
dont le montant
n’a pas été dévoilé.

Fondé en 1928 et initialement spécialisé dans le transport
de primeurs, BRT livre 650.000 colis par jour. Photo Shutterstock
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