Les Echos - 01.08.2019

(nextflipdebug5) #1

Nicolas Richaud
@NicoRichaud


L’idylle renouée entre Apple et Wall
Street se confirme. Le cours du
groupe à la pomme croquée grim-
pait de 4,22 % à mi-séance en
Bourse mercredi, après la publica-
tion des résultats trimestriels de la
société mardi soir. Une hausse qui a
fait repasser sa capitalisation bour-
sière juste au-dessus de la barre des
1.000 milliards de dollars.
Ce qui n’était plus arrivé depuis
début novembre et ramène la
société juste derrière Microsoft, le
premier groupe mondial en


Bourse, à 1.007 milliards. Apple
creuse aussi l’écart avec ses princi-
paux poursuivants que sont Ama-
zon (938 milliards) et Google
(851 milliards). Depuis début jan-
vier, l’action d’Apple s’est appréciée
de près de 50 %, soit une hausse de
sa capitalisation boursière de près
de 325 milliards. La firme califor-
nienne fait ainsi mieux que le Nas-
daq, où sont cotés les géants améri-
cains de la tech, qui a, lui, bondi de
28 % depuis le début de l’année.
Une performance réalisée alors
que l’iPhone, son produit p hare, t ra-
verse un trou d’air depuis déjà trois
trimestres – les r evenus générés par
le smartphone iconique du groupe
ont chuté de 11,7 % sur un an entre
avril et juin (à 26 milliards de dol-
lars). La raison? Des services
(Apple Music, iCloud, App Store...)
aux Mac et iPad en passant par les
écouteurs sans fil AirPods et mon-
tres Apple Watch, toutes les autres

activités d’Apple sont au vert et per-
mettent de compenser les difficul-
tés de l’iPhone (lire ci-dessus).
Autre explication : les actionnai-
res d’Apple ont de nouveau été
copieusement gâtés par le groupe
de Tim Cook. Lors du dernier tri-
mestre, Apple leur a redistribué
21 milliards de dollars, essentielle-
ment via des rachats d’actions.
Depuis 2015, ce montant atteint
près de 385 milliards.

La trésorerie s’amenuise
Ce qui permet à Apple de diminuer
le nombre de titres en circulation et
en corollaire d’augmenter mécani-
quement le bénéfice par action. Un
phénomène qui soutient fortement
le cours de Bourse, d’autant plus
que cette politique très généreuse
de rémunération des actionnaires
va se poursuivre. En avril, la société
a annoncé qu’elle allait débloquer
une enveloppe supplémentaire de

75 milliards et continuer à alimen-
ter son programme de rachats
d’actions et de dividendes.
Pour le financer, Apple dispose
toujours d’une trésorerie conforta-
ble, à 211 milliards de dollars. Un
niveau sans équivalent dans le
monde. Mais cette montagne de
cash s’amenuise de trimestre en tri-
mestre ; elle atteint aujourd’hui son
niveau le plus bas depuis 2015.
D’ailleurs, la trésorerie nette
d’Apple est retombée à 102 mil-
liards de dollars, en comptabilisant
la dette totale (qui se monte à
108,5 milliards). Soit moins que
Google (107 milliards) qui vient de
lui passer devant.
Certains analystes préféreraient
qu’A pple profite de cette manne
pour se positionner sur des méga-
acquisitions. Mais cela ne semble
guère faire partie des intentions du
groupe. Pour l’heure, Wall Street ne
lui en tient nullement rigueur.n

Apple repasse les 1.000 milliards de dollars de


capitalisation boursière et se rapproche de Microsoft


Depuis le début de l’année,
l’action du groupe de
Cupertino s’est appréciée
de près de 50 %, soit une
hausse de sa capitalisation
boursière de près de
325 milliards de dollars.


Les nombreux scandales qui ont
éclaboussé le monde de la tech
ces derniers temps ont-ils eu rai-
son d e la confiance que les Améri-
cains accordent à leurs géants
technologiques? Quelle que soit
la raison, la lune de miel semble
finie, puisque d’après un son-
dage réalisé du 10 au 15 juillet sur
un échantillon de 1.502 person-
nes et publié lundi par le Pew
Research Center, les Américains
ne sont plus que 50 % à voir d’un
bon œil leurs grands groupes
technologiques. Une chute de
21 points par rapport à 2015. Mais
aussi, un point de rupture. Depuis
la première vague du sondage en
2010, les opinions étaient de plus
en plus positives.
A l’opposé, ils sont désormais
33 % à estimer que ces sociétés
ont un « effet négatif sur la façon
dont vont les choses » aux Etats-
Unis, contre 17 % il y a quatre ans,
et 13 % à se dire mitigés, contre
7 % en 2015. Un désaveu d’autant
plus significatif que la tendance
est à l’inverse pour les grands
groupes en général, qui récoltent
chez les sondés, 32 % d’opinions
positives, en hausse de 4 points
par rapport à 2015. Même si la
part des personnes ayant une opi-
nion négative des grandes entre-
prises reste majoritaire à 53 %,
elle est en net repli (– 11 points)
depuis 2010. L’horizon semble
donc se dégager pour les grandes
entreprises alors que le climat

devient plus hostile vis-à-vis des
mastodontes de l’économie digi-
tale.

Scandales à répétition
Un climat de tension qui s’alour-
dit au fur et à mesure que s’accu-
mulent les scandales, particuliè-
rement nombreux depuis la
dernière vague de l’enquête en


  1. Entre l’indiscrète enceinte
    Alexa d’Amazon, les fuites de
    données à répétition ou
    encore l’affaire Cambridge Analy-
    tica, dans laquelle Facebook a
    longtemps été empêtré, les Gafa
    s’illustrent de manière r écurrente
    par leurs bévues.
    Point cocasse du sondage :
    alors même que plusieurs enquê-
    tes officielles ont prouvé
    l’influence des réseaux sociaux
    sur la victoire de Donald Trump
    lors de l’élection présidentielle de
    2016, les sympathisants démocra-
    tes ont une opinion plus positive
    des entreprises technologiques, à
    54 % d’opinions favorables, que
    les sympathisants républicains,
    qui ne sont que 44 % à penser des
    entreprises technologiques
    qu’elles ont un effet bénéfique sur
    le pays. — J. R. (avec AFP)


Selon un sondage réalisé
en juillet auprès
de 1.502 Américains,
les géants de la tech
n’ont plus la cote.

Les Américains de plus


en plus sceptiques face


aux géants de la tech


son prochain service de jeux vidéo
Apple Arcade, qui seront lancés à
l’automne, ou de sa carte de crédit
Apple Card, qui sera disponible aux
Etats-Unis courant août.
L’activité services devrait peser
50 milliards de dollars l’an pro-
chain, soit le double de son total de


  1. Et ce n’est pas fini : le patron
    d’Apple a confié qu’il avait d’autres
    projets dans les cartons, sans en dire
    plus pour l’instant.


Le salut de la 5G?
Certains analystes se demandent
toutefois si cet écosystème pourra
grandir sans performances solides
de la part de l’iPhone. Une question
à laquelle Tim Cook n’a pas vrai-
ment r épondu... « Nous avons
d’autres produits à partir desquels les
gens achètent. Ils regardent l’Apple
TV. Nous proposons Apple Music sur

Android, et il y a toute une série de
choses en dehors de cela. Nous ver-
rons ce que nous ferons à l’avenir »,
s’est-il contenté de dire. Une
manière, aussi, de faire patienter, en
attendant les modèles 5 G de
l’iPhone, qui devraient voir le jour
en 2020. Pour les analystes de Citi, il
ne faut toutefois pas se focaliser sur
les services. « La gamme d’objets
connectés et d’accessoires d’Apple est
plus importante que les ventes d’iPad.
Certains se concentrent trop sur les
services, d’autres trop sur l’iPhone. Ils
ne réalisent pas la diversité de l’offre
d’Apple. » Porté par cet optimisme,
le titre a bondi à l’ouverture de la
Bourse, mercredi. Il gagnait 4,22 %
à mi-séance à Wall Street.

(


Lire l’éditorial
de Jean-Marc Vittori
Page 10

lLes ventes d’iPhone continuent de baisser au deuxième trimestre, et représentent moins de la moitié du chiffre d’affaires.


lMais Tim Cook est persuadé que la trajectoire est en train de s’inverser. Et les autres produits se portent bien.


Apple réduit sa dépendance à l’égard


de l’iPhone et rassure la Bourse


Nicolas Rauline
@nrauline
— Bureau de New York


C’était le trimestre de tous les dan-
gers pour Apple, mais la marque
s’en est plutôt bien tirée. Mardi soir,
elle a publié des résultats encoura-
geants. Ses ventes se sont établies à
53,8 milliards de dollars au troi-
sième trimestre de son exercice fis-
cal, conclu le 29 juin. Soit 800 mil-
lions de plus que les estimations des
analystes.
Malgré des difficultés sur ses nou-
veaux modèles d’iPhone, Apple a été
capable de trouver des relais de
croissance. En particulier dans les
services (Apple Music, assurances
de téléphones, contenus de l’App
Store, publicité, etc.), qui continuent
de croître (+12,6 % en un an).
Son chiffre d’affaires a progressé
de 1 % en un an, mettant fin à deux
trimestres consécutifs de baisse,
quand les marchés attendaient une
stagnation. « Cela a été le meilleur
troisième trimestre de notre histoire,
porté par notre record absolu dans les
ventes de services, par la croissance
accélérée des objets c onnectés
[comme l’Apple Watch, NDLR], par
de solides performances de l’iPad et de
la gamme Mac, et l’amélioration signi-
ficative de la situation de l’iPhone »,
s’est réjoui le patron d’Apple, Tim
Cook, lors de l’annonce des résultats.
Les ventes d’iPhone continuent
de décliner, à 26 milliards de dollars
sur le trimestre (–12 % sur un an),
souffrant de la concurrence en
Chine et de renouvellements moins
fréquents de la part des consomma-
teurs. L’icône de la marque pèse
désormais moins de la moitié de ses
revenus. C’est la première fois
depuis 2012... Mais Tim Cook assure
que la trajectoire s’est inversée et que
la gamme est revenue à la crois-
sance sur le mois de juin.
Apple limite ainsi la casse, présen-
tant toutefois un bénéfice t rimestriel
de 10 milliards de dollars, en baisse
de 13 % sur un an. La marque a dû
consentir de lourds efforts, par le
biais de réductions notamment,
pour relancer ses ventes d’iPhone.
Plus rassurant e ncore p our l es i nves-
tisseurs : les prévisions pour le pro-
chain trimestre sont optimistes.
Apple estime que son chiffre d’affai-


TÉLÉPHONIE


33 %


DES SONDÉS
estiment que les grands
groupes technologiques
ont un « effet négatif
sur la façon dont vont les
choses » aux Etats-Unis,
contre 17 % il y a quatre ans.

res devrait être compris entre 61 et
64 milliards de dollars. C’e st plus q ue
les précédentes estimations et cela
pourrait lui permettre de générer de
nouveau de la croissance.

Les dirigeants sont notamment
confiants sur la capacité des nou-
veaux services, qui seront lancés
dans les prochains mois, à générer
des revenus supplémentaires. C’est
le cas notamment de son futur ser-
vice de streaming Apple TV +, de

Malgré des difficultés
sur ses nouveaux
modèles d’iPhone,
Apple a été capable
de trouver des relais
de croissance.

HIGH-TECH & MEDIAS


Les EchosJeudi 1er août 2019

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