les Rèmes, les Carnutes et les Hel-
vètes), et s’incorporent à l’empire.
Le sort le plus enviable.
D’après Pline l’Ancien, à l’excep-
tion des Eburons et des Adua-
tuques, exterminés par l’impera-
tor au point d’avoir été rayés de la
carte, tous les autres peuples vont
coexister et conserver leur inté-
grité territoriale. En fait, la vie quo-
tidienne continue même selon les
coutumes ancestrales. César veut
calmer le jeu et se garde bien de
bousculer les habitudes. Surtout,
il a besoin d’une Gaule unie der-
rière lui dans un même eff ort de
guerre contre une partie de ses
compatriotes. Il lui faut assurer la
logistique de ses armées engagées
cette fois non à l’extérieur mais
contre ses ennemis de l’intérieur,
à commencer par Pompée, qui lui
dispute le pouvoir suprême. Fin
stratège, il entend puiser dans ce
riche vivier qu’est la Gaule.
La guerre civile qui commence
au début de 49 av. J.-C., lorsqu’il
franchit le Rubicon (c’est alors qu’il
prononce le fameux «Alea jacta
est») pour conquérir l’Italie contre
Pompée, sera pour lui un précieux
appui économique. Et les Gaulois,
cette fois, de solides alliés. Autant
par reconnaissance de cette pros-
périté que de sa clémence, ces
derniers vouent à César une fi dé-
lité qui ne se démentira plus. Et
lors du siège de Marseille, ralliée
à Pompée, César mobilise sans
diffi culté des contingents de la
Gaule pacifi ée. Cette même an-
née, il confi era à ses lieutenants
l’administration de la région,
bientôt divisée en trois préfec-
tures : la Belgique, la Celtique, la
Narbonnaise. En 43 av. J.-C., sur la
frontière de cette dernière, sera
fondée Lugdunum (Lyon), sanc-
tuaire des trois Gaules, où les Gau-
lois célèbrent la puissance de
Rome et le culte de l’empereur.
La romanisation est irréversible.
Quelques décennies plus tard, elle
vaudra à la patrie de Vercingétorix
ce satisfecit de l’empereur Claude
(41-54) : «Depuis que la guerre
des Gaules a pris fi n, la paix est
constante et fi dèle.» Elle le restera
deux siècles, grâce à une adminis-
tration effi cace, à l’amélioration
des conditions matérielles et so-
ciales du peuple. En somme, grâce
à tout ce qu’avait apporté César,
par le glaive ou par la stratégie. C
Un face-à-face grandiose. Tandis que le ciel s’embrase à l’horizon, Vercingétorix, monté sur son cheval blanc, dépose
les armes aux pieds de son vainqueur. Sous le pinceau de Lionel-Noël Royer (1852-1926), Jules César le regarde avec dédain.
QUEL FUT SON VRAI VISAGE?
Front proéminent, teint blafard... Le visage
de César tranche singulièrement avec les
bustes que l’on connaît de lui. En 2018,
l’archéologue néerlandais Tom Buijtendorp
a présenté cette reconstitution faciale en
argile et silicone à l’occasion de son nou-
veau livre César au Pays-Bas (non traduit).
Avec l’aide de sa compatriote l’anthropo-
logue Maja d’Hollosy, il a analysé de nom-
breuses statues et pièces de monnaie
pour aboutir à ce résultat étonnant. «Je ne
voulais pas qu’il ait l’air heureux et sympa-
thique, c’est un général qui a laissé der-
rière lui beaucoup de cadavres», raconte la
chercheuse. Quant au crâne dispropor-
tionné, Buijtendorp explique qu’il s’agit des
conséquences d’une naissance diffi cile
puisque César serait né... sous césarienne.
MODÉLISATION
Hulton Archive/Getty Images
R. de Waal/AFP
GEO HISTOIRE 101