S’ENDORMIR
DANS LES DÉLICES
DE CAPOUE
Durant l’hiver 215 av. J.-C., le général
carthaginois Hannibal (247-183 av.
J.-C.) se repose à Capoue, en Campanie.
En pleine deuxième guerre punique,
celui-ci savoure sa victoire contre
80 000 légionnaires romains à la bataille
de Cannes, en 216 av. J.-C. Les troupes
du plus redoutable adversaire de Rome
s’adonnent aux plaisirs italiens : de la
chair, du vin et des courtisanes. Bercés
par cette vie sans contrainte, Hannibal
et ses hommes cumuleront les défaites.
Capoue restera dans les mémoires
comme la ville de la tentation.
Tu quoque mi fili
Le 15 mars 44 av. J.-C., au Sénat, Jules
César, nommé dictateur à vie, meurt
de vingt-trois coups de dague. Ses
derniers mots sont «Toi aussi, mon
fi ls». Dans son œuvre Vies des douze
Césars, l’auteur romain Suétone
(fi n Ier-début II siècle) écrit que cette
phrase adressée à l’un de ses meur-
triers, Brutus, le fi ls de sa maîtresse
Servilia, a été hurlée en grec. Pour-
quoi cette expression de la trahison
même n’aurait pas été prononcée
en latin? César avait été éduqué en
parlant le grec ancien. Face au geste
fatal de Brutus, la langue de son
enfance lui serait soudain revenue.
CARTHAGO
DELENDA EST
Alors que les guerres puniques oppo-
sent Rome et Carthage depuis l’an
264 av. J.-C., Caton l’Ancien (234-149
av. J.-C.) terminait toujours ses dis-
cours au Sénat par cette phrase :
«Carthage doit être détruite !» Une
injonction qui exprime de nos jours
une idée fi xe. La cité sera rasée en
146 av. J.-C. par le général romain
Scipion Emilien (185-129 av. J.-C.). Soit
trois ans après la mort de l’homme
obstiné toute sa vie à vouloir sa perte.
Franchir le Rubicon
Le 10 janvier 49 av.J.-C., Jules César tra-
verse, avec la XIII légion, ce fl euve en
Emilie-Romagne, frontière entre la Répu-
blique romaine et la Gaule cisalpine. Le
Sénat avait pourtant interdit à tout géné-
ral de franchir armé le Rubicon pour en-
trer dans Rome. Le vainqueur des Gaules,
voulant chasser le consul Pompée de la
ville, outrepasse l’interdiction. Alea jacta
est («Le sort en est jeté»), s’exclame-t-il.
Un acte devenu le symbole d’une décision
irrévocable aux lourdes conséquences.
REGAGNER SES PÉNATES
Rome est maintes fois menacée par les Gaulois, Grecs,
Carthaginois... Pour s’assurer la protection de leur foyer et
de leur cité, les Romains vénèrent des divinités domes-
tiques : les Pénates (du latin penus, provisions, et penitus,
à l’intérieur), sous forme de talisman ou de statuette. Parmi
elles, Fortuna, la déesse de la chance, autant vénérée que
les dieux du Panthéon romain. Cette maxime est au-
jourd’hui synonyme d’un retour agréable à son domicile.
ENTENDRE LES OIES DU CAPITOLE
L’ennemi est dans la ville! En 390 av. J.-C., Rome est ravagée et incendiée par les Sénons, un peuple gaulois qui
a écrasé l’armée romaine sur le fl euve de l’Allia. Terrifi és, les habitants se réfugient pendant sept mois en haut
du Capitole, l’une des sept collines de la ville. Une nuit d’été, des oies, entretenues dans le temple de Junon, se
mettent à caqueter et à battre furieusement des ailes. Les Gaulois donnent l’assaut... Dans son Histoire romaine,
Tite-Live raconte que le consul Marcus Manlius et son armée, avertis par le vacarme des volatiles, repoussent
les assaillants jusqu’au bas de la colline. Les oies ont prévenu du danger, et non les chiens qui seront... sacrifi és.
CHARLOTTE CHAULIN
DES MAXIMES TOUJOURS GRAVÉES DANS LE MARBRE
leur origine dans les heures illustres, mais souvent violentes, de l’histoire romaine.
GEO HISTOIRE 113