GEO Histoire - 04.2019 - 05.2019

(Tina Meador) #1

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ome s’est faite par le glaive. Son armée
serait née dès la fondation de la ville,
au VIIIe siècle av. J.-C., d’après les auteurs
antiques. Pour créer la légion (il n’y en
avait qu’une à l’origine), Romulus aurait
pris pour modèle la phalange grecque,
cette formation de lanciers lourdement
armés conçue pour anéantir l’infante-
rie ennemie, et choisi 3 000 fantassins
(pedites) et 300 cavaliers (esquites) parmi la popu-
lation présente sur le mont Palatin, raconte l’histo-
rien grec Plutarque (46-125). Le terme «légion» vient
d’ailleurs du latin eligere qui signifie «choisir»... «La
naissance d’une aristocratie guerrière apparaît
contemporaine de l’édification d’une première cita-
delle sur le site de Rome», explique Pierre Cosme
dans son ouvrage L’Armée romaine, VIIIe siècle av.
J.-C.-Ve siècle apr. J.-C. (éd. Armand Colin, 2007).
Des découvertes archéologiques sur la colline de
l’Esquilin ont permis d’en savoir davantage sur cette
première force militaire romaine. Les soldats se
battaient pour la plupart à pied, armé de javelots
(pilum), de glaives (gladius), et de dagues (pugio).
Seuls les plus riches pouvaient se permettre de
posséder une armure composée d’un casque et
d’une cuirasse (lorica), les autres se contentant
d’une petite protection rectangulaire (balteus). Les
boucliers (scutum) auraient été apportés par les
Sabins, peuple situé au nord-est de Rome, qui s’est
peu à peu installé sur les collines du Quirinal et du
Capitole. Romulus se constitua aussi une garde
personnelle, les celeres, l’ancêtre de la fameuse
garde prétorienne chargée de protéger les empe-
reurs. Il faudra attendre le sixième et avant-der-
nier roi de Rome, Servius Tullius (578-535 av. J.-C),
pour que l’armée connaisse sa première grande
réforme. S’inspirant des méthodes de combat et
de l’organisation militaire des Etrusques, le mo -
narque scinda l’armée en deux, une pour la défense
de la ville et l’autre pour les campagnes militaires
à l’extérieur. Il divisa les légionnaires par classe
sociale. Les plus nantis – et souvent les plus âgés –
partaient au combat avec un casque, des jambières,
une armure en bronze et un bouclier. Les plus
pauvres, eux, se retrouvaient sur les champs de
bataille bien peu équipés...
Au début de la République, l’armée comptait
20 000 soldats. Dix neuf mille étaient répartis dans
des centuries composées de 30 ou 60 soldats aux-
quels s’ajoutait un millier de fantassins légers et
d’archers, les vélites. Au cours des guerres contre
les Samnites, à la fin du IVe siècle avant notre ère,

Le centurion
primipile (en haut)
commandait une
centurie, une des
subdivisions de
la légion. Primipile
signifie «premier
javelot» : il lançait
cette arme en di-
rection de l’ennemi
pour signaler le
début de la bataille.
Il entraînait ainsi
les soldats d’infan-
terie équipés de
javelots (ci-contre,
l’un d’entre eux).

Luca Locatelli/Institute (x2)

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