tables en produits issus de l’agriculture paysanne et de la
pêche artisanale. Les coques de Grégo vont donc être livrées
à des restaurants très soucieux de leurs approvisionnements.
Idem pour ses palourdes, car Grégo n’est pas « mono-coques ».
Sur la côte ouest du Cotentin, du côté de Blainville-sur-Mer,
Agon-Coutainville et Gouville-sur-Mer, il va aussi traquer ce
coquillage de temps en temps, même s’il privilégie la pêche aux
coques : certes, la palourde est vendue plus cher, mais elle est
aussi plus rare et ses quotas logiquement moins hauts – autour
de 15 kilos. « La ressource est moins importante que pour la coque,
et tu passes encore plus de temps à la pêche. Malgré le prix plus
élevé, au fi nal, c’est moins rentable », explique Grégo, qui en
profi te pour soulever un autre problème, celui de la concurrence
des « pêcheurs plaisanciers », autrement dit des pêcheurs de
loisir : « En général, ils respectent les quotas, mais bien souvent,
on en voit qui ramassent des coquillages bien trop petits, qui
n’ont pas encore atteint la taille requise... » En juin et juillet,
voire en août, Grégo consacre aussi une partie de son temps à
la récolte de la salicorne, vers Agon-Coutainville ou dans la baie
du Mont-Saint-Michel. Contrairement à ce que certains pensent,
la salicorne n’est pas une algue mais une plante halophile qui,
par défi nition, apprécie les milieux salés. Jusqu’à l’an dernier, il
vendait sa cueillette à un mareyeur, mais il a décidé cette année
de s’équiper d’un petit labo pour la mettre en bocaux lui-même.
Avec son croquant et son goût à mi-chemin entre le végétal et
le iodé, la salicorne fait merveille pour accompagner des pois-
sons et, pourquoi pas, agrémenter une salade de coques... Les
coques, Grégo est loin d’en manger tous les jours, mais il adore
le porc aux coques de son épouse, une sorte de réinterprétation
du délicieux porc alentejana portugais.
45 été 2019
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