Monde-Mag - 2019-07-27

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4 |international SAMEDI 27 JUILLET 2019


Hongrie : Bruxelles saisit


la justice européenne


contre la loi « Stop Soros »


Budapest pénalise le soutien apporté par des
ONG et particuliers à des demandeurs d’asile

bruxelles - bureau européen

C’


est une escalade et une
confirmation. La Com-
mission européenne a
annoncé, jeudi 25 juillet, qu’elle
avait saisi la Cour de justice de
l’Union européenne (CJUE) à pro-
pos de la législation hongroise
dite « Stop Soros », qui transforme
en infraction pénale le soutien
que des particuliers ou des orga-
nisations non gouvernementales
(ONG) apporteraient aux deman-
deurs d’asile ou d’un titre de sé-
jour. La peine encourue peut aller
jusqu’à douze mois de prison s’il
est démontré que la vie du de-
mandeur n’est « pas immédiate-
ment en danger ».
Bruxelles avait envoyé, en
juillet 2018, une lettre de mise
en demeure aux autorités de Bu-
dapest. Le gouvernement avait
deux mois pour envoyer sa ré-
ponse qui, comme prévu, a été
jugée insatisfaisante, ce qui a en-
traîné, en janvier, la rédaction
d’un « avis motivé ».
« La plupart des préoccupations
exprimées [n’ont] toujours pas
été prises en compte », explique
aujourd’hui la Commission, qui
juge que cette loi portant le nom
du milliardaire américain d’ori-
gine hongroise George Soros,
bête noire du premier ministre
Viktor Orban, est contraire aux
dispositions européennes sur les
procédures d’asile et d’accueil,
ainsi qu’à la Charte européenne
des droits fondamentaux.

« Protéger la culture chrétienne »
Dans une réaction rapide sur
Twitter, Zoltan Kovacs, le porte-
parole du gouvernement hon-
grois, a indiqué que celui-ci était
« totalement prêt » à défendre les
dispositions en question. « Les
électeurs hongrois ont dit de ma-
nière forte et claire qu’ils ne sou-
tiennent pas l’immigration et veu-
lent protéger la culture chrétienne
de l’Europe », poursuivait-il. Selon
M. Kovacs, son pays se conforme
bel et bien aux accords internatio-
naux. Une réponse qui confirme
que le pouvoir hongrois n’entend
pas modifier sa ligne de conduite.
Une première procédure d’in-
fraction avait été lancée par
Bruxelles en décembre 2015
concernant des dispositions sur
les procédures d’asile, le retour
des migrants et les conditions
d’accueil en Hongrie. Elle a été
suivie d’un premier recours de la
Commission devant la CJUE.
La Cour de Luxembourg reje-
tait, en septembre 2017, un re-
cours de Budapest concernant la

« relocalisation » de demandeurs
d’asile arrivés en Italie ou en
Grèce. En juillet 2018, c’est le Par-
lement de Strasbourg qui votait à
une large majorité, sur la base
d’un rapport sévère concernant
le risque de violation de l’Etat de
droit, le déclenchement d’une
procédure – dite de l’article 7 –
pouvant, en théorie, aboutir à la
suspension des droits de vote
d’un Etat membre de l’Union, sy-
nonyme de mise au ban. En théo-
rie du moins, parce qu’une telle
sanction suppose un vote à
l’unanimité et que M. Orban dis-
pose, pour contrer la menace,
du soutien des pays du groupe de
Visegrad, dont la Pologne.
Son refus de tout changement
de cap a ensuite entraîné la sus-
pension de son parti, le Fidesz,
des activités du groupe du Parti
populaire européen, avant les
élections européennes du 26 mai.
Ce qui n’a entraîné aucun change-
ment dans son discours.
D’autres griefs encore sont dé-
sormais formulés par Bruxelles,
qui a aussi annoncé jeudi l’ouver-
ture d’une nouvelle procédure
d’infraction portant sur la situa-
tion des personnes retenues dans
les zones de transit, à la frontière
entre la Hongrie et la Serbie. Ce
« premier avertissement » évoque
le refus de nourrir les migrants
en attente d’un retour dans des
centres de rétention.
Felipe Gonzalez Morales, rap-
porteur spécial des Nations unies
sur les droits humains des mi-
grants, a achevé, le 17 juillet, une
visite en Hongrie. Son rapport
plaidait notamment pour l’aban-
don de la rétention pour les fa-
milles en attente d’une déci-
sion sur leur demande d’asile et
l’abandon d’une vision purement
sécuritaire alors que le nombre
des arrivants a fortement chuté.
Jeudi, les défenseurs des droits
humains se sont, eux, réjouis
des initiatives de la Commission.
Amnesty International a évoqué
« une décision claire » face aux
« tentatives d’intimidation » du
pouvoir hongrois.p
jean-pierre stroobants

« La pire tragédie en Méditerranée en 2019 »


Environ 150 personnes, qui voulaient gagner l’Europe, sont portées disparues après un naufrage


C’


est un nouveau drame
en Méditerranée cen-
trale et peut-être le plus
important cette année. Environ
150 migrants sont portés disparus
après le naufrage d’au moins une
embarcation au large de la Libye,
jeudi 26 juillet. « La pire tragédie
en Méditerranée cette année vient
de se produire », a déclaré sur Twit-
ter le Haut-Commissaire de l’ONU
pour les réfugiés, Filippo Grandi.
Trois jours auparavant,
M. Grandi était reçu à l’Elysée et, à
l’issue de son entrevue avec le
président Emmanuel Macron, il
se disait « inquiet du fait que la
capacité de sauvetage a dimi-
nué », alors que les bateaux
humanitaires sont entravés dans
leur action – aucun n’est
d’ailleurs présent sur zone actuel-
lement – et que l’Europe a retiré
cette année les navires de l’opéra-
tion militaire Sophia.
Avant la survenue de cet acci-
dent, 426 personnes avaient péri
dans cette zone de la Méditerra-
née depuis le début de l’année,
d’après les chiffres compilés par
l’Organisation internationale
pour les migrations (OIM). Par-
ties de Zwara, 83 personnes sont
notamment mortes au large de la
Tunisie en juillet. En janvier, ce
sont 117 personnes qui sont pré-
sumées mortes dans un nau-
frage. Cette route migratoire ma-
ritime était déjà la plus dange-
reuse au monde et sa mortalité
ne cessait de croître.

Les informations disponibles
sur ce qui s’est précisément passé
jeudi et le nombre de victimes
restaient parcellaires vendredi
matin. Il semble en tout cas qu’en-
viron 140 personnes ont été se-
courues en mer par des pêcheurs
et des gardes-côtes et ramenés en
Libye, à Khoms, une ville por-
tuaire du nord-ouest du pays.

« Hypoxie et hypothermie »
D’après le chef de mission de Mé-
decins sans frontières (MSF) en Li-
bye, Sam Turner, dont les équipes
sont présentes dans les zones de
débarquement, « deux bateaux de
pêche ont secouru les gens », avant
de les ramener à quai. « Nos équi-
pes ont vu sept personnes qui
avaient besoin d’être hospitalisées,
précise M. Turner. Ils souffraient
d’hypoxie et d’hypothermie ».
Les personnes secourues sont
principalement des hommes ori-
ginaires d’Erythrée, mais aussi du
Soudan, du Bangladesh et
d’Egypte. Plusieurs femmes se
trouvaient également parmi les
rescapés, dont une au moins était
enceinte. « Les survivants nous ont
parlé de 300 personnes qui sont
parties de Libye, poursuit l’huma-
nitaire. L’un d’eux nous a dit que
leur bateau était endommagé et
qu’ils ont décidé de revenir alors
que l’eau rentrait à l’intérieur de
l’embarcation. »
Les ONG et agences onusiennes
sollicitées n’étaient pas sûres de
savoir si un bateau de bois ou plu-

sieurs embarcations étaient con-
cernés par le naufrage. D’autres
interceptions en mer et/ou nau-
frages ont par ailleurs pu se pro-
duire le même jour.
Quoi qu’il en soit, « un pêcheur a
dit à nos équipes qu’il avait compté
environ 70 corps dans l’eau », con-
fie M. Turner. « Nous attendons des
confirmations, les autorités sont en
train de repêcher les corps », ajoute
Tarik Argaz, chargé de communi-
cation pour le HCR Libye. Le géné-
ral Ayoub Kacem, porte-parole de
la marine libyenne, a précisé dans
un communiqué cité par l’AFP
qu’au moins « 115 migrants sont
portés disparus ».
Cet événement survient dans
un contexte de tension politique
autour du sauvetage des migrants
en Méditerranée centrale et de la
situation en Libye. Alors que,
lundi encore, le HCR et l’OIM pres-
saient les Etats membres de re-
constituer une force de secours
en mer, cette idée paraît pour le

moins éloignée de leurs priorités.
L’Italie continue de vouloir fer-
mer ses ports aux navires d’ONG
et l’Europe n’arrive pas à trouver
un mécanisme alternatif de dé-
barquement et de répartition de
ces migrants sauvés par ces ac-
teurs humanitaires.
Dans le même temps, le bom-
bardement, début juillet, d’un
centre de détention de migrants
près de Tripoli, qui a causé la mort
de plus de 60 d’entre eux, a jeté
une lumière crue sur les risques
encourus par les migrants en Li-
bye, un pays en proie à une guerre
civile depuis 2011. D’autant qu’en
dépit de ce bombardement, des
migrants ont été de nouveau
transférés dans ce centre et
230 s’y trouvaient en début de se-
maine, d’après MSF, après avoir
été interceptés par les garde-côtes
libyens alors qu’ils essayaient de
gagner l’Europe par la mer. Jeudi
soir encore, l’OIM rapportait que
plus de 80 migrants interceptés
dans la journée y avaient été à
nouveau amenés.
Depuis le début de l’année, les
gardes-côtes libyens ont réalisé
autour de 4 000 interceptions en
mer, à grand renfort de finance-
ments européens. Un chiffre qui
avoisine le nombre de migrants
arrivés en Italie et Malte sur la
même période. Sam Turner craint
que « les personnes secourues
jeudi rejoignent les milliers de gens
déjà en détention en Libye ».p
julia pascual

En Espagne, Pedro Sanchez


échoue à constituer une majorité


Le socialiste a deux mois pour rebondir avant un éventuel nouveau scrutin


madrid - correspondance

L’


incertitude pourrait
durer au moins encore
deux mois. Le socialiste
Pedro Sanchez n’a pas
obtenu la confiance du Parle-
ment, jeudi 25 juillet à Madrid,
afin d’être reconduit à la tête du
gouvernement espagnol. Il peut
encore tenter d’obtenir un nou-
veau mandat d’ici au 23 septem-
bre, faute de quoi, de nouvelles
élections législatives seront auto-
matiquement convoquées en Es-
pagne, le 10 novembre. Ce serait le
quatrième scrutin en quatre ans.
« Je ne jette pas l’éponge. Je parle-
rai avec tous les partis pour éviter
de nouvelles élections », a assuré
M. Sanchez, jeudi dans la soirée,
sur la chaîne Telecinco. Cepen-
dant, la tâche s’annonce com-
plexe. Lors de la session d’investi-
ture, le président du gouverne-
ment par intérim, qui doit se con-
tenter de gérer les affaires
courantes depuis sa victoire élec-
torale étriquée le 28 avril, n’a ob-
tenu que le soutien de son groupe
parlementaire, soit 123 des
350 députés, et d’un élu d’un parti
régionaliste de Cantabrie.
Au contraire, 155 députés, ceux
du Parti populaire (PP, droite), du
parti libéral Ciudadanos (Cs), de la
formation d’extrême droite Vox et
du parti indépendantiste catalan
Junts per Catalunya ont voté con-
tre sa candidature. La coalition de
la gauche radicale Unidas Pode-
mos, qui a négocié jusqu’à la der-
nière minute les conditions de sa
possible participation à un gouver-
nement de coalition, a finalement
choisi l’abstention, mécontente
des offres socialistes. Tout comme
les élus indépendantistes et natio-
nalistes basques et ceux de la Gau-
che républicaine de Catalogne.
Comme en 2016, lorsque le
royaume était resté dix mois sans
gouvernement après deux vains

débats d’investiture, l’Espagne
risque d’être de nouveau paraly-
sée par les rancunes accumulées
entre les différentes formations
politiques. Depuis l’émergence de
Podemos, de Ciudadanos et de
Vox, qui ont brisé le bipartisme
autour duquel s’articulait le sys-
tème politique espagnol depuis la
fin du franquisme, une instabilité
chronique s’est emparée des insti-
tutions, aggravée par la crise cata-
lane. L’échiquier politique s’est
fragmenté, avec cinq partis ayant
obtenu plus de 10 % des voix lors
des dernières élections. Or, leur
incapacité à s’entendre bloque la
vie politique, suscitant l’échec de
plusieurs projets de budget, ou la
tenue de scrutins à répétition.
La tentative de Pedro Sanchez n’a
pas fait exception, même si, ces
derniers jours, un accord de coali-
tion entre le Parti socialiste
ouvrier espagnol (PSOE) et Unitad
Podemos semblait à portée de
main. Malgré les réserves de Pedro
Sanchez envers une telle alliance,
les socialistes avaient fini par re-
lancer à la dernière minute les né-
gociations avec la gauche radicale,
dimanche 21 juillet. Et, mercredi
soir, ils ont offert à Podemos trois
ministères (santé, égalité femmes-
hommes et logement) ainsi que la
vice-présidence pour les affaires
sociales de l’exécutif.
Une offre jugée « décorative » et
« humiliante » par Pablo Iglesias
qui a demandé « plus de respect ». Il

n’a pas digéré le fait que Pedro San-
chez a posé son veto à sa participa-
tion du gouvernement. Et Pode-
mos exigeait des ministères avec
davantage de compétences et de
moyens, comme celui du travail,
afin de pouvoir augmenter le sa-
laire minimum ou abroger la ré-
forme du marché du travail ou des
sciences et des universités.
Pour Pedro Sanchez, la proposi-
tion était « plus que raisonnable, si
l’on tient compte du fait que [Pode-
mos], du fait de sa jeunesse, n’a pas
d’expérience de gestion au niveau
national, a-t-il déclaré à la tribune
dans un discours très dur contre
Pablo Iglesias. C’était une opportu-
nité historique. »

« Explorer d’autres chemins »
Celle-ci est-elle définitivement en-
terrée? « Nous devons revenir au
point de départ et explorer d’autres
chemins, a-t-il assuré dans la soi-
rée. J’invite PP, Ciudadanos et Pode-
mos à débloquer la situation. » Une
manière de laisser entendre qu’il
ne reprendra pas les négociations
là où il les avait laissés avec Pode-
mos, mais cherchera un soutien
plus large à son investiture,
comme il l’a mollement tenté ces
trois derniers mois.
Depuis le scrutin d’avril, M. San-
chez s’est contenté de demander
aux chefs de file des principaux
partis de « ne pas bloquer » son in-
vestiture, « par responsabilité »,
sans rien leur offrir en échange,
sous prétexte qu’il n’y a « pas d’al-
ternative possible à un gouverne-
ment socialiste ». Son souhait était
de gouverner en solitaire à la tête
d’un gouvernement minoritaire,
avec le soutien parlementaire de
la gauche radicale, suivant le mo-
dèle en vigueur au Portugal – et
comme il l’a fait durant quelques
mois à la fin de la précédente lé-
gislature. Il envisageait aussi de
s’appuyer sur des accords à géo-
métrie variable incluant d’autres

partis, comme les libéraux de Ciu-
dadanos, ces derniers rejetant
toute alliance avec la gauche.
L’enjeu pour Pedro Sanchez
n’est pas tant d’obtenir la con-
fiance de la Chambre pour être in-
vesti, que de disposer d’une majo-
rité afin de pouvoir gouverner ces
quatre prochaines années. Il s’agit
pour commencer de faire voter le
budget, dont le rejet lors de la der-
nière législature faute de soutien
transpartisan, a précipité la tenue
des élections anticipées d’avril.
Difficulté supplémentaire, un
accord avec Podemos ne garantit
en rien la stabilité de l’exécutif,
puisque les quarante-deux dépu-
tés de gauche radicale ne sont pas
suffisants pour permettre à Pedro
Sanchez d’atteindre la majorité
absolue. Le PSOE devrait alors
compter avec les séparatistes cata-
lans, dont il veut pourtant
d’autant plus éviter de dépendre
que le verdict du procès contre les
responsables de la tentative de sé-
cession d’octobre 2017, attendu à
l’automne, risque de crisper en-
core davantage le climat politique.
D’ailleurs, l’opposition de droite
se frottait déjà les mains à l’idée
d’une coalition entre les socialis-
tes et Podemos, soutenue par les
indépendantistes catalans. « Si
Sanchez gouverne grâce à eux,
dans un an, nous aurons de nouvel-
les élections... », prédisait au
Monde un conseiller stratégique
du parti libéral Ciudadanos, se
voyant déjà récolter les fruits en
termes électoraux d’un échec du
gouvernement socialiste.
A défaut de constituer le gou-
vernement à ce stade, le PSOE
pourrait être tenté de privilégier
de nouvelles élections en novem-
bre. Il se sait en position favora-
ble. Selon les sondages, il en sorti-
rait encore renforcé, avec 30 %
d’intention de vote. Au détriment
de Podemos.p
sandrine morel

Difficulté
supplémentaire,
un accord avec
Podemos ne
garantit en rien
la stabilité
de l’exécutif

L’événement
survient dans
un contexte
de tension
politique autour
du sauvetage
des migrants
en Méditerranée

« La plupart des
préoccupations
exprimées [n’ont]
toujours pas
été prises en
compte », explique
la Commission

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