Monde-Mag - 2019-07-27

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toshi Hashimot


opour MLem


agazine du Monde


.David Grimbert


27 juillet 2019—Photo Audrey Corregan&Erik Haberfeld pourMLemagazine du Monde. Stylisme Fiona Khalifa

ne semble pas toucher les touristes qui trottinent en
file indienne, sacs au dos, dans les passages étroits
entre les tables et dans les petits couloirs qui mènent
de salle en salle. Un sur cinq se prend une poutre
dans le front, le lieu étant bas de plafond... architec-
turalement parlant, bien sûr.Aufildes virages étri-
qués et en épingle, on entend des«ah»et des«oh»
comme au Louvre devantLa Joconde.Seule diffé-
rence avec l’œuvre de Léonard deVinci :pas de forêt
de perchesàselfie devant les étagères puisque,ici,on
n’est pas censé prendre de photoàl’intérieur.Reste
que, quand on vient chercher un livre un jour d’af-
fluence touristique,on se sent tout de même en déca-
lage, un peu comme quand on vient acheter des CD
àune génération de vendeurs qui ne jurent que par
le téléchargement plus ou moins légal.
Heureusement, la capacité d’attention des hordes
touristiques estàpeine supérieureàcelle d’un pois-
son combattant. Frustrés par leur incapacité à
mitrailler furieusement chaque recoin de la librairie,
ils pourront se rattraper lors d’une pause au café
Shakespeare and Company attenant.Là,les dessins
dans la mousse des cappuccinos sont très photogé-
niques et on peut immortaliser tranquillement son
cabas en tissuàl’effigie de la librairie. Celui-ci est
un beau souvenir,très pratique et qui change des
aimants de frigoVictoire de Samothrace.

ÊTRE OU NEPASÊTRE CHEZ SHAKESPEARE
ANDCOMPANY?Installée au kilomètre zéro, point de
départ de toutes les routes françaises,dans un ancien
monastère du xviiesiècle, la merveilleuse librairie
anglophone est devenue une attraction touristique,
immortalisée dans le filmBefore Sunset.Etpas seule-
ment pour les lecteurs acharnés.Avec son chat
superstar (Queen Aggie et son regard soupçonneux),
ses artistes et écrivains logésàl’étage contre quelques
services et la lecture d’un livre par jour (William
S. Burroughs et Allen Ginsbergont fait partie de ces
invitésàpart), le lieu ouvert par George Whitman
en 1951atout pour attirer les curieux. D’autant que
Notre-Dame de Paris, l’autre grand spot du quartier,
est fermée depuis l’incendie qui l’a ravagée.
Direction donc Shakespeare and Company pour une
visite façon musée du livre papier.Car,oui, il se peut
que cet objet atterrisse dans la catégorie archéolo-
gique faceàlamarée du«tout-digital».Cette menace

Intra-muros.


PARCARINE BIZET

Àhuit minutesàpied...


Jusqu’àl’année dernière, il n’yavait qu’un seul
Hôtel BelloySaint-Germain dans le Quartier
latin,àParis. L’adresse dece 4étoiles est
chargée d’histoire:c’est ici, au 2, rue Racine,
alors nommé Hôtel des Étrangers, que se
rassemblait auXIXesiècle leCercle des poètes
zutiques (PaulVerlaine,Charles Cros,Léon
Valade,lec aricaturiste AndréGill...). En 2018,
le Belloyaouvert uneextension, installée dans
l’immeuble juste en face ,aunuméro1.Couleurs
pastel, reproductions de tableaux, chaises Hay
et vue imprenable sur latour Eiffel ou
Notre-Dame:les vingt et une chambres du
Petit Belloyressemblent beaucoup,etn ’ont pas
grand-choseàenvier,àleurs voisines du Belloy
Saint-Germain.Le prix de la nuitée estune
cinquantaine d’euros moins cher,enr aison de
l’absenced’espacescommuns.Le petit déjeuner
estservi au Belloy–ilfaudradonc traverser
la rue pourcommencer la journée dans le même
entresol où, soutient la direction, Arthur
Rimbaud séjourna pendant quelques mois.A.Ad

Hôtel Petit Belloy Saint-Germain, 1, rue Racine, Paris 6e.
Chambre doubleàpartir de 119 €.
http://www.hotel-petit-belloy-saint-germain.com
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