Monde-Mag - 2019-07-27

(nextflipdebug5) #1

SAMEDI 27 JUILLET 2019 france| 9


Budget :


les devoirs


de vacances du


gouvernement


Edouard Philippe devait réunir


vendredi plusieurs ministres pour


arbitrer de nouvelles économies


O


fficiellement, ils sont
en vacances ce week-
end, et le premier
conseil des ministres
de rentrée n’aura lieu que le
21 août. Mais l’été s’annonce stu-
dieux pour les membres du gou-
vernement, en particulier sur le
front budgétaire. Secoué par la
crise des « gilets jaunes », Emma-
nuel Macron a décidé de lever le
pied sur les économies initiale-
ment envisagées pour la seconde
moitié du quinquennat : les niches
fiscales seront moins rabotées que
prévu l’an prochain, l’idée de réali-
ser dès 2020 des économies sur le
système de retraites a été aban-
donnée, de même que l’objectif de
50 000 suppressions de postes de
fonctionnaires d’Etat sur le quin-
quennat a été ramené à 15 000.
Mais, après les mesures pour le
pouvoir d’achat de décembre,
les baisses d’impôts annoncées
en avril, et au regard des nouvelles
priorités affichées pour certains
ministères (armées, intérieur,
éducation...), le compte n’y est
pas. L’objectif de 2,1 % de PIB de
déficit, fixé fin juin par Bercy, n’est
pas encore à portée de main. « Je
ne vois pas comment on pourrait y
être après le report des mesures
paramétriques [c’est-à-dire d’éco-
nomies de court terme] sur les re-
traites. En l’état, on serait plutôt
autour de 2,3 % », croit savoir un
pilier de la majorité parlemen-
taire – ce qui correspond à l’esti-
mation haute de la Cour des
comptes, dans son rapport de juin
et à la dernière estimation du FMI.
Vendredi après-midi, une réu-
nion devait se tenir autour du
premier ministre, Edouard Phi-
lippe, avec Bruno Le Maire, le

ministre de l’économie et des fi-
nances, Gérald Darmanin, son ho-
mologue de l’action et des comp-
tes publics, et Agnès Buzyn, la mi-
nistre des solidarités et de la
santé. « Le sujet de cette réunion, ce
ne sont pas les 3 milliards d’écono-
mies en tant que tels, mais les arbi-
trages à boucler, notamment sur le
PLFSS [projet de loi de finance-
ment de la Sécurité sociale] », fai-
sait-on valoir jeudi, à Bercy. En ef-
fet, selon Les Echos du 25 juillet, le
gouvernement chercherait en-
core 3 milliards d’euros d’écono-
mies (environ 0,15 point de PIB).
Le « champ social » au sens large
est dans le viseur : parmi les dos-
siers évoqués, un rabot du congé
parental, des indemnités jour-
nalières d’arrêt maladie, voire
même une nouvelle baisse des al-
locations familiales pour les plus
aisés, indiquent Les Echos.

Pistes explosives
« Toutes les pistes sont sur la table.
Notre rôle, c’est de proposer des
choses », reconnaît-on à Bercy.
Certaines pistes sont toutefois
plus explosives que d’autres.
« Toucher aux allocations fami-
liales, cela risquerait de rendre nos
débats compliqués », avertit une
source gouvernementale. Le dos-
sier, qui avait divisé jusqu’au
sein de la majorité parlemen-
taire à l’automne 2017, avait été
prestement refermé.
Autre source d’économies, reve-
nir sur les baisses de charges pa-
tronales pour les salaires supé-
rieurs à 1,6 smic. Le dispositif
coûte 4 milliards d’euros par an
aux finances publiques, mais le
Conseil d’analyse économique,
un think tank adossé à Matignon,

l’avait jugé inefficace en janvier.
Le sujet « est sur la table mais peu
probable », juge une source gou-
vernementale. Si Gérald Darma-
nin pousse pour cette solution,
Bruno Le Maire, lui, y est opposé.
Et l’Elysée, attaché à la cohérence
des signaux vis-à-vis des entrepri-
ses, freine également.
Quant à la diminution de la ni-
che mécénat, un temps atten-
due pour l’an prochain, elle reste
en suspens. Outre la culture, cet
avantage fiscal à 900 millions
d’euros par an, qui permet de dé-
duire de l’impôt sur les sociétés
(IS) 60 % d’un don, s’applique
aussi à des secteurs sensibles
comme les dons alimentaires
faits par la grande distribution,
ou le mécénat de compétences
(mise à disposition de salariés
pour des causes d’intérêt général).
Après des semaines de concer-
tation, Gabriel Attal, secrétaire
d’Etat auprès du ministre de l’édu-
cation nationale et de la jeunesse,
et Franck Riester, le ministre de la
culture, ont finalement récupéré
le dossier. « C’est toujours d’actua-
lité, mais comme c’est un crédit
d’impôt, les effets budgétaires ne
seront de toute façon pas visibles
avant 2021 », assure Bercy. L’orga-
nisme paritaire Action Logement,
gérant du logement social, devrait
en revanche se voir ponctionner
500 millions d’euros.

Restent deux leviers, que l’exé-
cutif ne devrait pas se priver d’ac-
tionner. La manne des taux d’in-
térêt faibles, qui devrait permet-
tre d’économiser plus de 2 mil-
liards d’euros en 2020. Mais aussi
la croissance du PIB : pour
l’heure prévue à 1,4 % l’an pro-
chain, en ligne avec les prévi-
sions des économistes, elle pour-
rait rebondir, espère-t-on à Bercy.
« Notre objectif, c’est que les me-
sures prises [en décembre et en
avril] se traduisent dans l’écono-
mie par la relance de la consom-
mation. Pour cela, il faut rassu-
rer les Français sur la réalité
des baisses d’impôts, qui avaient

réaugmenté en fin de quinquen-
nat précédent », indique-t-on.

Baisses d’éffectifs
Les calculettes vont donc conti-
nuer de tourner tout l’été à Bercy.
La publication par l’Insee de la
croissance du deuxième trimes-
tre, le 30 juillet, servira de base au
Trésor pour refaire ses prévisions
macroéconomiques. Les lettres-
plafonds, qui contiennent les ob-
jectifs de dépenses et d’effectifs
des ministères, sont envoyées en
cette fin de semaine. Selon
nos informations, les principales
baisses d’effectifs en 2020
concerneront le ministère de l’ac-

tion et des comptes publics, celui
de l’économie, mais aussi le mi-
nistère de la transition écologi-
que et solidaire et celui de la
santé. Au ministère du travail, les
effectifs de Pôle emploi devraient
rester stables, tandis que l’admi-
nistration centrale sera réduite.
Le mois d’août sera ensuite
consacré aux « conférences de ré-
partition », entre la direction du
budget et les services financiers
des différents ministères, afin d’at-
tribuer plus spécifiquement les
crédits, par mission et par pro-
gramme. Les vacances s’annon-
cent chargées.p
audrey tonnelier

Le chômage poursuit sa lente décrue


Le nombre de demandeurs d’emploi sans aucune activité a diminué
au deuxième trimestre de 16 800 sur l’ensemble du territoire

L


es bonnes nouvelles conti-
nuent de s’enchaîner
sur le marché du travail.
Au deuxième trimestre, le nom-
bre de demandeurs d’emploi
sans aucune activité (catégorie A
de Pôle emploi) a diminué de
16 800 sur l’ensemble du terri-
toire – outre-mer compris, donc.
Il atteint désormais un peu plus
de 3,632 millions de personnes
(près de 3,38 millions unique-
ment en métropole), en recul de
1,9 % en un an. Amorcée à la mi-
2015, la tendance – quasi ininter-
rompue – à la baisse se poursuit,
mais à un rythme toujours aussi
poussif et avec des bataillons de
chômeurs dont les effectifs res-
tent massifs.

Précarité
La décrue observée de début mars
à fin juin est nette pour les per-
sonnes âgées de 25 à 49 ans (–
0,6 % en un trimestre, en métro-
pole) et, à un degré moindre, pour
les seniors (– 0,4 %). Les jeunes, en
revanche, voient leur situation se
dégrader légèrement, avec une
petite augmentation du nombre
de ceux qui recherchent un poste

(+ 0,2 % en trois mois) ; toutefois,
si l’on regarde sur un an, le nom-
bre de personnes de moins de
25 ans inscrites dans la catégorie A
de Pôle emploi reflue de 1,4 %.
Autre signal plutôt encoura-
geant : qu’elles exercent déjà une
activité (catégories B et C) ou qu’el-
les soient sans travail (catégo-
rie A), les personnes en quête d’un
emploi depuis au moins un an
voient leur nombre diminuer de
0,2 % sur l’ensemble du territoire,
entre mars et juin. Un fait qui mé-
rite d’être relevé, car cette catégo-
rie n’avait pas cessé de croître, jus-
qu’à maintenant, et ce depuis de

nombreux mois. Elle regroupe ce-
pendant beaucoup de monde
(près de 2,825 millions de person-
nes) et s’est étoffée en un an (+
1,6 %).
Parmi les données moins posi-
tives, il y a la poursuite de l’ac-
croissement du nombre de de-
mandeurs d’emplois qui ont tra-
vaillé au moins soixante-dix-
huit heures au cours du mois
écoulé (catégorie C) : + 0,2 % en
un trimestre et + 1,8 %, dans
l’Hexagone. Les syndicats y
voient l’une des manifestations
de la précarité qui touche le
monde du travail.
Qu’en est-il pour la suite? Dans
sa note de conjoncture publiée le
20 juin, l’Insee table sur une
hausse des créations nettes d’em-
ploi en 2019 (+ 254 000), qui sera
plus forte que celle du nombre de
nouveaux entrants sur le marché
du travail. Résultat : le taux de
chômage devrait rester orienté à
la baisse, pour s’établir à 8,3 % à la
fin 2019, soit un demi-point de
moins en un an. « Il atteindrait
ainsi son plus bas niveau depuis
fin 2008 », relève l’Insee.p
bertrand bissuel

Gérald
Darmanin,
à l’Elysée,
le 10 juillet.
LUDOVIC MARIN/AFP

La baisse
observée est
nette pour les
personnes âgées
de 25 à 49 ans
et, à un degré
moindre, pour
les seniors

Un numéro exceptionnel
chez votre marchand de journaux
ou sur http://www.monde-diplomatique.fr

http://www.monde-diplomatique.fr

©S

elçuk Demirel

En août, on s’arrête,

on réfléchit.

llPPeeuutt--oonn eennccoorree vviivvrree ssaannss IInntteerrnneett ??

llLLee jjoouurr ooùù llee JJaappoonn aa ffaaiillllii ddiissppaarraaîîttrree

llLLaa ffiinn dduu mmoonnddee nn’’aauurraa ppaass lliieeuu

llLLeess ttaabboouuss dduu MMaagghhrreebb
Free download pdf