PSYCHO
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FEMMES D'AUJOURD'HUI 29 - 2019
PRATIQUEZ LA COMPASSION
La compassion est un excellent ingrédient
contre l’impatience. Parce qu’en étant
moins centrés sur nous-mêmes et sur
le présent, nous devenons moins
avides de satisfaction immédiate. Une
personne vous rend impatiente? Essayez
de voir la situation avec ses yeux. Prendre
de la hauteur vous permettra de mettre
votre impulsivité à distance.
OCCUPEZ VOTRE ESPRIT
« Dans les moments d’attente, explique
Floréal Sotto, auteur de 50 super activités
pour cultiver la patience en toutes circons-
tances, l’impatience nous gagne souvent
pour la simple raison que nous
sommes entièrement concentrés sur
l’attente en elle-même. Un des moyens
les plus simples de cultiver la patience est
donc de faire diversion en occupant son
esprit à d’autres choses. Aussitôt absorbé
par une autre activité, vous ne ressentirez
plus la lourdeur de l’attente. » Elle conseille
par exemple d’observer ce qui nous en-
toure : les couleurs, les gens, les nuages,
nos émotions, nos sensations physiques...
OPTEZ POUR UN LOISIR CRÉATIF
Un autre moyen de remédier à l’impatience
est de développer sa créativité : dessinez
(suivez les tutos sur Internet), coloriez,
photographiez les choses banales du quoti-
dien avec votre smartphone... « Les études
menées en art thérapie, explique Floréal
Sotto, nous apprennent que le colo-
riage, la peinture et le dessin sont
d’excellentes techniques pour réguler
notre stress. Ces activités ont pour ef-
fet d’abaisser notre niveau de cortisol
(l’hormone que nous sécrétons en cas de
stress) et ainsi d’améliorer notre sensation
de bien-être. » De manière plus générale,
mettez-vous au tricot, aux puzzles, aux
maquettes... Ces activités, dont le résultat
n’est jamais immédiat, aident à cultiver
la patience.
FAITES CE QUE VOUS N’AVEZ
JAMAIS LE TEMPS DE FAIRE
Vous vous plaignez sans cesse de ne
pas avoir le temps de faire tout un tas
de choses? Dressez-en la liste (apprendre
une langue, appeler une amie, écrire vos
mémoires...) et dégainez-la lors de votre
prochaine expérience de temps perdu.
AMÉLIOREZ VOTRE MÉMOIRE
DE TRAVAIL
Il semble que la patience soit liée à notre
mémoire de travail (mémoire à court
terme). Une bonne mémoire de travail
entraînerait en effet un contrôle cogni-
tif efficace : on rechercherait moins de
gratifications immédiates et on serait
capable de se dire : « N'ai-je pas plus intérêt
à agir plus tard? » Au contraire, lors d’expé-
riences affaiblissant la mémoire de travail,
les participants recherchaient davantage de
gratifications immédiates et se montraient
moins tolérants à la frustration et à l’at-
tente. Comment améliorer sa mémoire
de travail? Diminuer les interruptions
intempestives (TV, alerte mails, SMS...) et
réapprendre à mémoriser des numéros de
téléphone, des informations – ce que l’on
fait moins depuis l’apparition des smart-
phones et d’Internet – par exemple en
répétant les infos à voix haute ou en les
regroupant par suite logique...
(JEAN-CLAUDE DREHER, DIRECTEUR DE RECHERCHES AU CNRS EN NEUROSCIENCES
COGNITIVES, « QUAND LE CERVEAU NE SAIT PLUS ATTENDRE », CERVEAU&PSYCHO,
JANVIER-FÉVRIER 2014)
5 EXERCICES POUR
DÉVELOPPER VOTRE PATIENCE
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POUR EN SAVOIR PLUS
À lire
50 super activités pour cultiver la patience en
toutes circonstances, Floréal Sotto, éd. Jouvence.
Buller malin. Ne rien faire et le faire bien, Émilie
Devienne, éd. Eyrolles.
« LA PATIENCE
EST UN
APPRENTISSAGE »
Pourquoi a-t-on tellement de mal à être
patient? C’est la question que nous avons
posée à Pierre Philippot, docteur en
psychologie et professeur de psychologie
clinique à l'UCLouvain.
Pourquoi est-ce si difficile d’être
patient?
Parce que la patience n’est pas naturelle
(l’enfant n’apprend à être patient qu’à
partir de 3 ans, ndlr). Et qu’elle implique
plusieurs capacités en même temps :
la capacité d’attendre une satisfaction
immédiate, la capacité de se représenter
les conséquences de nos actes,
la capacité de ne pas faire immédiate-
ment ce qui est naturel pour nous...
Y a-t-il des facteurs qui rendent
plus impatient?
Oui, les capacités nécessaires à
la patience demandent des ressources
et de l’énergie. On en a forcément
moins quand on est fatigué ou stressé.
Peut-on apprendre à être plus
patient?
Oui, la patience est un apprentissage
perpétuel. On peut la développer
de plusieurs manières. D’abord
en agissant sur les causes de notre
impatience : la fatigue, le stress... On peut
aussi développer des routines mentales :
repérer les signes avant-coureurs de
l’impatience, imaginer les conséquences
de cette impatience, faire une pause,
envisager de nouvelles options...
Quant aux enfants, n’hésitez pas à jouer
à des jeux de société avec eux :
ils sont un excellent exercice
pour développer leur patience.