LES FILLES DE VOTRE ÉTÉ
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FEMMES D'AUJOURD'HUI 29 - 2019
À 22 ans, Estelle a choisi de mener une vie on the road,
perpétuant une tradition familiale, celle de régaler le pays
de ses frites au gré d’événements et de fêtes populaires.
Cet été ne fera pas exception. Confidences au comptoir.
TEXTE VIRGINIE DRAELANTS COORDINATION STÉPHANIE CIARDIELLO PHOTOS ROMAINVILLE
Estelle De Corte
« La Belgique
a toujours
la frite! »
« Je suis pratiquement née sur la route, dans
un univers à la croisée du monde forain et
de la restauration. Tout ce qui est nourriture,
j’adore! Comme mes parents avaient une
friterie ambulante, il a toujours été évident
pour moi de suivre leur voie. Je suis égale-
ment mariée avec un forain – ses parents
possèdent un carrousel. Je m’en suis un peu
occupée mais je préfère tout de même la
friterie!
Du côté de mon père, je représente la 6e gé-
nération. Chez les De Corte, on fait des frites
depuis 1892. J’ai étudié à Etterbeek, dans
un internat destiné aux enfants de forains et
de bateliers. Les horaires sont aménagés : le
vendredi, les cours fi nissent à 13 h pour que
les parents puissent récupérer leurs enfants
avant les déplacements du week-end.
LE BONHEUR DEBOUGER
Avec mon camion, je parcours la Belgique
en tous sens. En juillet, je suis présente à la
foire de Namur. En août, je me rendrai dans
une petite kermesse de village, à Marbisoux.
Certaines foires sont plus faciles que
d’autres mais je n’ai pas vraiment d’endroit
favori. Ce qui me plaît, c’est le changement.
Même quand j’arrive dans un endroit qui me
plaît, je suis toujours contente de repartir,
de découvrir ou de retrouver un autre site.
La durée de mes séjours sur place varie :
6 semaines à la Foire du Midi, mais certains
événements ne durent pas plus de 3 jours.
L’aspect artisanal et fait maison compte
énormément pour nous. Aujourd’hui, il
devient diffi cile de trouver de bonnes frites.
On respecte les saisons et on se fournit
en pommes de terre belges : des bintjes
la majeure partie de l’année, sauf en été.
Elles contiennent alors trop de sucre et
deviennent brunes à la cuisson. Nous
tenons à proposer la meilleure qualité
possible pour que les clients soient contents
et qu’ils reviennent. Le secret réside sans
doute dans la friture à la graisse de bœuf
et dans la fraîcheur de nos frites.
BELGEUNJOUR,
BELGETOUJOURS
Nous ne vendons pas que des cornets de
frites, même si cela reste imbattable! On
reste volontairement attaché à des spéciali-
tés très belges : nous proposons aussi des
gaufres, des croustillons... Les best-sellers
ne sont pas forcément les mêmes selon les
régions. En Flandre, les gens ont davantage
le bec sucré. Là, ce qui marche le mieux,
ce sont les gaufres et les croustillons. Quand
on se rapproche de Bruxelles, ce sont les
frites, nappées de sauce samouraï ou anda-
louse! Pareil en Wallonie. On tient à rester
très belge et ça ne changera pas (Rires).
Et puis la frite est même devenue une
aff aire de couple! J’ai rencontré Marvin,
mon mari, lors d'une formation. Nous avons
notre propre camion, assez grand. Marvin a
fabriqué lui-même de A à Z un modèle plus
petit qui sert lors d’événements ponctuels
(fêtes privées, mariages ou anniversaires).
Mais notre famille compte en tout
4 camions : celui de mes parents, celui
de chacun de mes frères et le mien.
FÉMININE, MAIS OUI!
Mon métier peut paraître peu glamour. En fi n
de journée, je ne me sens pas toujours très
nette... Mais cela dépend aussi de la météo.
Par temps chaud, quand la température
dépasse les 25 °C, je troque mon sweat ou
ma chemise pour un marcel. Quand la cani-
cule s’installe, je ne vous cache pas que c’est
l’enfer! A côté des frites et des spécialités