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FEMMES D'AUJOURD'HUI 29 - 2019
belges, il m’arrive de vendre des hamburgers.
Or, quand on cuit de la viande avec de l’huile
et des oignons, juste au-dessus d’une taque
brûlante, on se retrouve très vite avec les
cheveux gras et une forte odeur de graillon.
À la fin de la soirée, la première chose que
je fais, c’est me précipiter sous la douche
pour me faire un bon shampooing.
Si je peux injecter un peu de féminité malgré
tout dans mon job? J’essaie, mais ce n’est
pas évident... Dans la restauration ambulante,
les femmes font en grande partie un boulot
d’homme. Tout dépend de l’aide dont je
dispose. En général, Marvin et moi pouvons
compter sur 2 jeunes qui nous secondent.
Quand nous arrivons pour un montage dans
un nouvel endroit, c’est souvent moi qui
m’occupe de la caravane. Mon mari, lui,
prend en charge la partie cuisine, avec le ca-
mion et la friture. Mais parfois, nos aides ne
sont pas là et le travail plus rude me revient.
AVECUN BÉBÉ
Depuis bientôt 18 mois, je suis aussi
devenue maman d'une petite fille, Romy.
Trouver un équilibre entre ma vie de famille
La frite
s'adapte
Avec la vogue de la « healthy
food », le cornet de frites est-il
toujours aussi apprécié? « Oh oui!
Le succès des frites n’est pas prêt
de se démentir, confirme Estelle
De Corte. Nous avons pris
l’habitude de nous adapter à la
demande. Cet été, à Bruxelles,
nous servirons des frites halal.
Elles ne sont pas vegan mais ont
tout pour plaire également aux vé-
gétariens. Au fond, rien ne me fait
plus plaisir que d’avoir des clients
contents, heureux de se régaler. »
Les plaisirs simples ont encore
de beaux jours devant eux...
Infos : Estelle et son camion frites
sont à Namur jusqu’au 29 juillet
(Foire de juillet).
Camions frites De Corte : patrick-
decorte.be et fete-foraine.be.
et ma vie professionnelle n’est heureuse-
ment pas trop compliqué. J’ai une caravane
garée derrière le camion. Elle m’offre un
endroit au calme, où je peux me replier. En
semaine, mon mari s’occupe plus souvent
de la friterie que moi, ce qui me permet de
me consacrer à ma fille qui nous suit encore
partout. Mais nous échangeons régulière-
ment nos rôles, parce que les clients aiment
aussi voir une présence féminine!
Avec les périodes de congés et les jours
fériés, les week-ends sont le plus gros de
notre activité. Et là, impossible de me défi-
ler : je suis occupée non-stop et ce sont les
parents de Marvin qui s’occupent de notre
fille. J’ai essayé de prendre Romy avec nous
les week-ends : quand elle était dans son
relax, ça allait. Mais maintenant elle marche
et court partout. Or, avec la friture à 180 °C,
vous imaginez le danger. Et comme c’est
une gourmande, elle a sans cesse faim et
veut goûter à tout!
Lors des foires ou des événements, le
camion ouvre à 11 h 30 mais les préparatifs
commencent dès 10 h. On ne ferme pas
avant minuit, parfois beaucoup plus tard.
Je ne m’octroie qu’une petite pause, pour
manger un bout, puis ça repart. Ce sont
de longues journées. Mais j’aime tant cette
activité que je ne me vois vraiment pas faire
autre chose.
VACANCES... EN JANVIER
Je sillonne une large partie de la Belgique,
tant en Flandre qu’à Bruxelles (la Monnaie,
quartier Georges-Henri...) et en Wallonie
(Namur, Profondeville, Saint-Ghislain). Du
temps de mes grands-parents, l’hiver était
très calme. Aujourd’hui, avec la tradition
des marchés de Noël, on n’a pas le temps
de s’ennuyer! Du coup, nous n’avons pas
vraiment de temps creux, sauf peut-être en
janvier et février, quand il n’y a ni kermesse,
ni fête locale.
Après Noël, je lève le pied. Quand nous
partons en vacances, c’est au mois de
janvier, la seule période de l’année où on
peut se le permettre. Car même alors,
le travail ne manque pas : il faut entretenir
le matériel, faire le grand nettoyage et
vérifier que tout est en état de marche.
Et c’est parti pour une nouvelle saison! »
Avec la petite Romy (un an et
demi), la relève semble d’ores
et déjà assurée! Les frites De Corte jouissent d’une
réputation enviable depuis 127 ans.