Le Monde De La Photo N°116 – Juin 2019

(Chris Devlin) #1
LE MONDE DE LA PHOTO I 51

5 DATES-CLÉS


DANS VOTRE


PARCOURS



’homme a toujours cherché L


à voler, avec de fausses


ailes, en plongeant du haut


d’un rocher, ou même en


s’attachant à un élastique!

Racontez-nous la genèse de cette série?
C’est la rencontre de deux séries de
photos, réalisées à deux ans d’intervalle,
un concours photographique, et ma
compagne. D’un côté, j’avais cette
série réalisée sur le trapèze volant
et de l’autre, ces jeunes qui faisaient
du parkour. La particularité était que
la majorité des photos étaient prises
à la verticale, toutes à contre-jour et
en contre-plongée. En les regardant
plus tard, l’idée m’est apparue de les
mettre ensemble. J’ai accentué le
contraste. Ensuite, il y a eu le concours
VIF dont le thème était « la vitesse »
et ma compagne m’a convaincu de
prendre le contre-pied et de proposer
cette série ou la vitesse était figée.
Elle a écrit le texte, les Oiseaux de nuit
ont pris leur envol.

Vous comparez les hommes à des
oiseaux... pouvez-vous développer
cette idée?
Quel message souhaitez-vous faire passer
au travers de vos images?
L’homme a toujours cherché à voler,
avec de fausses ailes, en plongeant
du haut d’un rocher, ou même
en s’attachant à un élastique! La
recherche de liberté, presque de
spiritualité, l’a poussé à trouver de
nombreux moyens pour flotter sans
avoir la contrainte de l’apesanteur :
la plongée, le vol libre (base jump) ou
bien même avec une voile ou des ailes
en tissu. Flotter ou voler sans rien
pour vous retenir, plus la contrainte
du poids de votre corps, des obstacles
de votre environnement. Mais au
risque de se « brûler les ailes ». Pouvoir
s’abandonner en toute liberté, sans
contraintes. Dans cette série, on ne fait
pas attention à la nationalité, l’origine
ou la catégorie sociale. Avez vous déjà
vu le regard et le sourire d’un humain
qui émerge d’une plongée en apnée
ou de celui qui atterrit après un vol de
deux minutes? Vous ne regardez pas
la couleur de sa peau ou la marque
de son jean, vous voyez juste des yeux
émerveillés et un sourire immense.
S’il y a un message, c’est celui-là.

Quel est votre rapport au noir et
blanc?
La première fois que j’ai vu la télé,
c’était en noir et blanc et j’ai été bercé
par ces images en noir et blanc. En
regardant ma bibliothèque, je constate
que beaucoup de livres de photographes
que j’ai, sont constitués de photos en
noir et blanc, mon regard a été « éduqué »
par ces deux teintes et leurs nuances.
Avec le noir et blanc, j’ai l’impression
d’aller plus à l’essentiel : la lumière et
le sujet. Certaines couleurs peuvent
« parasiter » le regard et/ou un sujet,
même bien composé et bien cadré,
à part en studio, vous ne maîtrisez
pas les couleurs dans l’espace public.
Dans ma série, par exemple, si elle
avait été en couleur, la composition
aurait été beaucoup moins épurée
et forte. Ce contre-jour avec un ciel
bleu dur et le short de couleur vive
auraient attiré votre regard et donc
vous auraient détourné de l’ensemble
de la composition. Le trapéziste ou
le jeune qui fait du parkour seraient
noyés dans la composition. Avec le noir
et blanc, il y a ce juste équilibre, il n’y
a qu’un ciel uni qui devient le support
d’un corps qui flotte.
Et contrairement à ce que certains
disent, ce n’est pas plus « artistique »
dès qu’une photo est prise en noir et
blanc : si votre cliché ne raconte rien,
s’il est plat ou bien que la lumière n’est
pas au rendez-vous entre vous et votre
sujet, et bien on ne s’arrêtera pas dessus,
et aucun filtre ne pourra le sauver.
Finalement, faire une « bonne » photo en
noir et blanc ce n’est pas aussi facile.

2008
La rencontre avec
les Manouches de
Caladaniccia et les
Gitans d’Erbajolo

2009
Mon travail sur les
Manouches d’Ajaccio

et les Gitans de
Bastia est exposé au
Festival CorsicaDoc
(Festival international
du documentaire
d’Ajaccio) dont le thème
était « La migration –
transhumances,
nomadismes, voyages
initiatiques... »)

2010
« Regards croisés »
Exposition du travail
que j’ai continué de
faire sur les Manouches
croisé avec celui du
photographe Jean
Christophe Attard

2013
Publication du Livre
Testi Mori

2017
Le Vincennes Images
Festival « Les oiseaux
de nuit »

Par
Benjamin Favier


« SPÉCIAL VIF 2019 »

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