Le Monde De La Photo N°116 – Juin 2019

(Chris Devlin) #1
LE MONDE DE LA PHOTO I 59

il y a quinze ans, je n’avais jamais rien
fait d’artistique. J’ai commencé à faire
des images en noir et blanc, car j’ai été
influencé par les clichés des soldats de
la Première Guerre mondiale que j’ai pu
voir à l’école. Le pouvoir du regard m’a
aussi toujours fasciné. Concernant mon
style, il a majoritairement été influencé
par un voyage à Rome. C’était mon
premier voyage dans cette ville. Je voulais
y aller pour faire bénir un chapelet au
Vatican, pour la mère de ma compagne
de l’époque, atteinte d’un cancer, avant
qu’elle décède. Découvrir l’ambiance
de la ville et faire quelque chose pour
quelqu’un a beaucoup influencé mon
style artistique. Quand on voit une
de mes images, ce qu’on perçoit est
l’ambiance et la spiritualité que j’ai vécue
à Rome. La foi et l’humanité se ressentent
dans tous mes portraits.  

Comment travaillez-vous vos lumières?
Elles sont une nouvelle fois inspirées
par ce que j’ai vu à Rome. J’essaie de
travailler avec les lumières et les ombres
de manière spirituelle. J’utilise la lumière
de manière positive et métaphysique.
Les tons clairs représentent la lumière

du paradis et la foi, la spiritualité tandis
que les ombres illustrent la solitude, le
chagrin, le doute. Je pense que lorsqu’on
regarde mes clichés en ayant en tête ces
informations, on les comprend mieux.

Quels conseils pourriez-vous donner à
des photographes souhaitant se lancer?
Je reçois beaucoup d’email de jeunes
photographes, qui souhaitent se lancer,
me demandant comment débuter.
Rien qu’aujourd’hui, j’ai bien dû en
recevoir une dizaine. C’est très difficile
de conseiller ces jeunes, car lorsque
j’avais leur âge, je voulais tout, tout de
suite. Comme tout le monde, j’associais
le succès à l’argent et je voulais la gloire.
Ce que les jeunes oublient est que la
photographie est un long voyage.
En ce qui me concerne, il a pris du
temps. J’ai progressivement évolué, tout
comme ma présence sur Instagram
et sur Internet. Le conseil que je
pourrais donner aux jeunes est donc
d’accepter que cela puisse prendre du
temps. N’essayez pas de précipiter les
choses. Vos images vont s’améliorer en
pratiquant. La patience est la chose la
plus importante. 

En 2016 vous avez réalisé un travail à
quatre mains avec le street artist Jeff
Aérosol exposé à la MathGoth Galerie.
Comment cette collaboration
est-elle née?
Ce qui est amusant est que j’ai contacté
Jeff parce qu’il utilisait certaines de
mes images. Il m’a répondu qu’il ne
savait pas qu’il s’agissait de mes
photos et m’a, par la suite, invité
à une exposition qu’il organisait à
Londres. En échangeant, nous avons
pensé à un projet collaboratif qui a
été exposé à Paris et à Londres. Ce
qui était intéressant était de voir que
mes images pouvaient être utilisées
d’une façon complètement différente.
J’ai aussi travaillé avec C215. C’est
quelque chose que je pourrais refaire. 

Qu’allez-vous exposer durant le
Vincennes Images Festival ? 
Probablement des images de mon
portfolio en grand format. C’est la
première fois que je vais faire une
exposition en extérieur à Paris, ce qui
est incroyable. J’ai hâte. Je pense que le
premier jour je vais observer la façon dont
les gens perçoivent mon travail. 

Photo


: Lee Jeffries


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