Le Monde De La Photo N°116 – Juin 2019

(Chris Devlin) #1
LE MONDE DE LA PHOTO I 69

motifs que l’on choisit de représenter
à l’image. Souvent, un seul élément
suffit à la réussite d’un cliché. Le reste
du cadre sera alors occupé par une
texture homogène. Cela peut être le ciel,
la mer, le désert, etc. Bien sûr, selon
ce que vous souhaitez exprimer, rien
ne vous empêche d’introduire deux ou
trois motifs si cela correspond plus
à votre envie de départ. Ce type de
cliché représente certainement le plus
l’idée que l’on se fait du minimalisme.
Il s’en dégage souvent une impression
de calme, de clarté et de sérénité.


  • La répétition des formes :
    paradoxalement, par rapport à la
    proposition précédente, nous pouvons


également choisir de remplir le cadre
d’une photographie avec le même motif
reproduit un très grand nombre de fois.
Comme l’explique John Pawson dans
son livre « Minimum » paru aux éditions
Phaidon, les compositions fondées sur
la répétition tendent vers la simplicité.
Plus la répétition sera dense, plus la
composition gagnera en homogénéité
et s’apparentera finalement à une trame.
Les motifs utilisés peuvent être de
toutes sortes. En paysage, ceux que vous
rencontrerez le plus couramment seront
des bâtiments, des rochers ou des arbres.


  • Le choix de l’abstraction : une image est
    qualifiée d’abstraite, lorsque l’observateur
    a du mal à distinguer la véritable nature


LE SENS DE LECTURE
L’œil humain a un fonctionnement
inconscient que l’artiste doit connaître
et choisir de prendre en compte (ou
non) pour ses créations. Même si cela
peut paraître étonnant au premier abord,
nous observons une image dans un sens
prédéterminé. Ce dernier est étroitement
lié à notre apprentissage culturel, et ce,
depuis notre enfance. Le sens de lecture
d’un texte est tellement ancré en nous
que nous l’appliquons à presque tout
ce que nous regardons. Ainsi, même si
nous n’avons pas la sensation de « lire »
une image, c’est pourtant ce que nous
faisons. Pour schématiser le concept, on
parle de lecture en Z. En effet, l’œil balaie
une photo de manière inconsciente en
partant d’en haut à gauche du cadre,
pour terminer en bas à droite.

Nikon D300 – Nikkor AFS VR 70-300 mm f/4,5-
5,6 IF ED à 200 mm – 1/640s – f/8 – 100 Iso
Voici un exemple d’un paysage rendu minimaliste
par la répétition d’un motif. Les bâtiments
quadrangulaires occupent tout le cadre.
Lorsqu’on observe la photo dans son ensemble,
on a ainsi l’impression d’une forme récurrente.
Photo : Denis Dubesset

Nikon D750 – Nikkor AFS 24-70 mm f/2,8G ED
à 70 mm – 1/160s – f/8 – 800 Iso
Cette image est bien équilibrée : le cadre est divisé
en deux par une diagonale et les formes des toits
des chalets ont le même poids visuel et se répètent
de manière symétrique.
Photo : Denis Dubesset
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