Le Monde De La Photo N°116 – Juin 2019

(Chris Devlin) #1

(^70) I LE MONDE DE LA PHOTO
DOSSIER
du motif. Il s’instaure alors un doute
sur ce qu’il voit. Ainsi, dans ce type de
cliché, on ne cherche pas à représenter
fidèlement la réalité, mais on s’en sert
comme support pour imaginer une
autre vérité. Si le spectateur accepte ce
postulat de départ, il est alors possible
de se montrer créatif en se concentrant,
par exemple, sur des formes simples ou
sur la répartition des couleurs afin de
provoquer une émotion.
Ces styles peuvent aussi être
avantageusement compilés entre eux.
Vous pouvez par exemple choisir de
combiner « une composition épurée »
COMPRENDRE LA RÈGLE DES TIERS
Cette règle est une simplification de la règle d’or, qui fait appelle à des notions
géométriques plus avancées et qui est bien moins évidente à utiliser. Bien qu’il n’y ait
pas de recette magique pour réussir un cliché, la règle des tiers permet de guider le
photographe débutant dans l’agencement de sa composition. Il s’agit de diviser le
rectangle correspondant au cadre photographique en trois parties égales dans le sens
de longueur ainsi que dans la largeur. On obtient ainsi deux droites verticales et deux
horizontales qui se recoupent en quatre endroits différents du cadre. Pour la règle
des tiers, ils constituent les quatre points forts de l’image. Ce sont ces zones qu’il
faudra privilégier pour placer le sujet de la photographie. Ce principe est très simple
à mettre en œuvre et s’adapte à tous les formats.
avec la « répétition des formes », la
multiplication des motifs servant pour
l’occasion de trame homogène. Une
autre solution consiste à produire des
images abstraites en jouant sur la
« répétition des formes ». En outre, si
vous découvrez d’autres moyens de
produire des images qui vous semblent
être minimalistes, n’hésitez pas à vous
lancer, les limites en la matière seront
celles que vous vous imposerez.
ÉQUILIBRE ET DÉSÉQUILIBRE
Tous les éléments représentés sur
une image ont un poids visuel. Il est
déterminé par la surface que ces derniers
occupent dans le cadre, mais aussi par
leur couleur, la manière dont ils sont
éclairés, leur forme, etc. Les motifs et
leurs caractéristiques sont donc autant
de points d’ancrage pour le regard. La
façon dont ils sont répartis dans le cadre
établit ainsi une hiérarchie et codifie
comment le spectateur va regarder la
photo. Par exemple, les couleurs vives,
les hautes lumières, la netteté, la forme
humaine sont autant d’éléments qui
captent immédiatement l’intérêt. De
manière classique, on recommande de
respecter un équilibre, c’est-à-dire que
le poids visuel du motif principal (qui est
souvent le sujet) doit être contrebalancé
par celui d’un ou plusieurs autre(s)
élément(s). Pour un paysage minimaliste,
équilibrer une composition de la manière
dont on l’envisage habituellement n’est
pas toujours possible. Dans le cas d’une
image dépouillée, l’unicité du motif
induit un déséquilibre. Cependant, c’est
le vide ou la trame autour du sujet
dont l’omniprésence agit comme un
contrepoids graphique.
LA PLACE DU SUJET
Une attention toute particulière doit être
accordée à la place du sujet dans une
composition. Le spectateur doit à ce
titre pouvoir identifier immédiatement
ce dernier. Habituellement, on conseille
d’utiliser la règle des tiers comme
support. Pour un paysage minimaliste,
nous pouvons favorablement nous en
affranchir en optant, par exemple, pour
un sujet centré. Cela peut être fait dans
le but de marquer une symétrie, de
montrer une différence (de forme, de
couleur, etc.) par rapport à l’endroit
dans lequel le sujet se trouve. Un sujet
centré exprime souvent l’isolement,
la solitude. Nous pouvons également
choisir de placer le sujet au bord du
Nikon D750 – Nikkor AFS 24-70 mm f/2,8G ED
à 24 mm – 105s – f/16 – 50 Iso
Le format carré est bien adapté pour les paysages.
Cette photo est un classique du genre et n’est pas
sans rappeler le travail du célèbre photographe
anglais Michael Kenna.
Photo : Denis Dubesset

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