Cosmopolitan N°549 – Août 2019

(Nora) #1
l’impression de perdre des
heures de sommeil, je n’ai
aucune endurance, je n’ar-
rive pas à gérer mon souffle.
Je le lâche souvent au bout
d’un quart d’heure – pas
parce que je râle ou que je
ne fais aucun effort, mais
parce que j’ai l’impression
que je vais claquer. Mais
il m’encourage et je m’ac-
croche. De semaine en
semaine, je tiens cinq, dix,
quinze minutes de plus...
Je commence à me prendre
au jeu, j’adore voir que je
m’améliore, je veux conti-
nuer. Et quand il fait beau,
j’accompagne Sofiane
faire du vélo l’aprèm! Bon,
OK, je l’ai fait une seule
fois. Mais il y a un début à
tout, non? »

Pour Iris, 29 ans,
c’est la bouffe
« Quand Damien me
demande ce que je veux
manger le soir, 90 % du
temps, je prends un air
détaché et hausse une
épaule en soupirant : “On
n’a qu’à se commander un
truc”, genre c’est-excep-
tionnel-on-l’a-bien-mérité.
Sauf qu’il sait très bien que
je suis à la cuisine ce que
Tyrion Lannister est au saut
en hauteur, et qu’avant
qu’on vive ensemble, je
connaissais tous les livreurs
Speed Rabbit par leur pré-
nom. J’adore aller au res-
taurant, manger des bons
plats, et pour moi, bon plat
= plat gras. Galettes, gratins
dauphinois, escalopes mila-
naises... Damien, lui, fait
attention à sa santé, et
mange très light au dîner –
inimaginable pour moi! Les
quinoa, boulgour et autres

graines à l’orthographe
improbable... non merci.
Quand il sort le beurre de
coco pour remplacer mon
beurre salé dans la poêle, je
hurle à l’hérésie. »
À mi-chemin : « On s’en-
gueule souvent pour les
courses, les menus...
Jusqu’à ce qu’on accepte
tous les deux de changer :
lui mangera un peu moins
sain, moi un peu plus. C’est
vague, donc on établit des
règles : sans sauter directe-
ment sur la case graines, je
remplace mes pizzas par des
sushis, et il fait la paix avec
les plats en sauce une fois
par semaine. Puis on trouve
des recettes qui nous
mettent d’accord : lasagnes
saumon épinards, mousse
au chocolat sans sucre...
Ça nous éclate de réussir à
rendre healthy un plat a
priori hyper calorique. Au
bout de quelques mois, on
pourrait écrire un bouquin
tellement on a de recettes.
Non seulement on aime
cuisiner ensemble... mais
j’ai aussi perdu trois kilos. »

Pour Sandra, 27 ans,
c’est la décompression
« L’année dernière, entre
mon boulot qui ne me
convient plus et des pro-
blèmes familiaux, je tra-
verse une bonne phase de
déprime. Après une longue
journée, mon coach spiri-
tuel, il est à base d’herbe
verte. Le joint, ça me relaxe,
ça me fait oublier tout ce
qui ne va pas... Quand
Valentin rentre du taf et me
retrouve l’œil trouble dans
un appart enfumé, il le sait
d’office : c’était pas le meil-
leur jour de l’année. “C’est

pas comme ça que tu vas
te libérer l’esprit, juste te
le brouiller le temps de
quelques heures.“ Bah, ça
me va, moi. “Et tu penses
que ça va régler tes pro-
blèmes sur le long terme ?”
Pfff... Lui, il fait du yoga.
Moi, j’ai pas vraiment la
motivation d’aller faire le
chien sur un tapis. Petit à
petit, je commence à fumer
tous les jours, même
quand je ne suis pas spécia-
lement stressée. Au bout
de quelques mois, il craque :
il n’en peut plus de me voir
comme ça. »
À mi-chemin : « Pour lui
faire plaisir, je vais à un
cours d’essai de méditation.
Il se trouve à deux rues de
chez nous, c’est gratuit, je
n’ai pas d’excuse. Je décide
de me laisser une chance et
de jouer le jeu. Et c’est le
déclic : en sortant, je me
sens apaisée, comme déles-
tée d’un poids. Je réalise
que Val avait raison : fumer
tous les soirs, non seule-
ment ce n’est pas la solu-
tion, mais c’est carrément
dangereux. Je ne me rendais
pas compte que je m’enfer-
mais dans une addiction.
Pour la première fois depuis
des mois, je prends du recul
et je réfléchis, au lieu de
m’assommer. Je m’inscris au
cours de méditation, j’y vais
une fois par semaine. Au
début, pas évident d’arrêter
de fumer... Mais je tiens,
parce que je suis consciente
maintenant qu’il y a une
autre solution pour décom-
presser. J’ai l’impression de
faire la paix avec moi-
même. Comme si je me
regardais de l’extérieur et
que je me disais : “Allez, on
va y arriver ensemble.” Tout

ne s’est pas résolu comme
par magie, mais en six mois,
j’ai repris du poil de la bête.
J’ai un nouveau regard sur
la vie, et j’arrive beaucoup
mieux à gérer les contrarié-
tés du quotidien. »

Pour Morgane,
29 ans, c’est le
ménage
« J’ai une tendance bordé-
lique : je laisse traîner mes
fringues, mes magazines,
mon sac sur le canapé...
Côté ménage, je le fais
quand c’est nécessaire – s’il
y a des miettes sur le sol de la
cuisine, je me dis que je
ramasserai tout en même
temps, dans un quart
d’heure... et j’oublie sou-
vent. Édouard, c’est carré-
ment l’inverse : il est
maniaque. Il passe l’aspira-
teur tous les jours, nettoie
derrière lui (et moi) après
chaque douche... Je le vois
rarement sans une éponge
ou un torchon dans la
main, j’ai l’impression qu’il
ne s’en rend même plus
compte. En fait, ça me
stresse. Quand il s’empresse
de passer un coup sur la
table alors que je n’ai même
pas fini mon café, qu’il
m’engueule parce que j’ai
oublié de fermer le bou-
chon du dentifrice... j’ai
l’impression d’être méga
crade, et je me sens infanti-
lisée. Je sais que j’abuse
parfois, mais je crois qu’in-
consciemment, c’est une
forme de rébellion contre sa
dictature du propre. Et
évidemment, ça crée des
clashs entre nous. »
À mi-chemin : « OK, on a
un problème tous les deux.
Édouard l’admet, moi

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MON MEC EST PLUS SAIN QUE MOI

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