Cosmopolitan N°549 – Août 2019

(Nora) #1
Je soigne mon entrée
en matière
On commence TOUJOURS par un compli-
ment, aussi spécifique et sincère que possible :
on évite les génériques « bien joué » ou « super,
le sexe » pour consacrer plutôt les belles fesses
de son amoureux et son odeur. N’oublions
pas qu’on manie là des questions délicates
et des ego sensibles. On peut ensuite partir
de nos propres questionnements : « Ça t’a plu
la dernière fois, quand je t’ai tiré les cheveux? »
Ça le mettra en confiance pour poser ses
propres questions. Dans la même logique, on
part de notre ressenti (« j’ai du mal à jouir
en levrette ») plutôt que de l’accuser (« tu ne
me fais pas jouir... »).
À ne pas dire : « Du coup, quand tu m’as mis
la jambe sur l’épaule, tu essayais de faire
quoi? » « Tu avais déjà testé la sodomie
avant? » : vous vous aventurez en terrain dan-
gereux. « J’avais déjà testé la sodomie avant » :
c’est bientôt fini l’historique sexuel?
« Ça arrive à tout le monde » : personne n’a
envie d’être tout le monde.

J’aborde tous les sujets
La méthode de contraception : « Je voulais
lancer une conversation sur le passage du
préservatif à la pilule, et je ne sais pas pour-
quoi, je m’en faisais une montagne. Sûre-
ment parce qu’on entretenait notre relation
dans un flou sexy et mystérieux, je n’avais
pas envie d’aborder les sujets d’intendance,
et puis ça officialisait un côté couple dont
je n’étais pas sûre d’avoir envie, témoigne
Florence. Finalement, cette discussion nous
a fait du bien à tous les deux : ça nous a per-
mis de confirmer qu’on ne voyait personne
d’autre à côté. Rassurant. »
À ne pas dire : « Tu as pris quels préservatifs?
Pas ceux de l’armoire à pharmacie j’espère? »

Les préliminaires :
« J’étais face à un problème très spécifique :
le mec avec qui je sortais voyait bien l’intérêt
des préliminaires, mais surtout pour lui,
se souvient Loren. Sa manière de me signaler
son désir consistait d’ailleurs à mettre ma
main sur son pénis. Je le caressais – sans
aucune réciprocité – et quand il était prêt,
hop, pénétration. Certes, parfois c’est lui qui
me touchait, sans me laisser non plus rendre

la politesse. J’aimais bien ce côté exclusif,
mais déjà ça arrivait bien moins souvent
qu’il me caresse, et ensuite, les fois où il ne me
caressait pas, j’étais beaucoup moins excitée
au moment de la pénétration. J’ai fini par
le lui dire pendant une dispute, à l’occasion
d’un déballage général sur le thème de
l’égoïsme. Pas idéal, je ne recommande pas,
il a nié en bloc. Mais j’ai constaté la fois sui-
vante qu’il m’avait entendue », sourit-elle.
À ne pas dire : « Et sinon, le clitoris, ça te dit
quelque chose? »

L’orgasme : « Moi, on m’avait toujours dit : “Ce
n’est pas parce que l’homme jouit que
le rapport se termine” », rapporte Erwan, qui,
bon élève, ne s’arrêtait pas tant que sa com-
pagne n’avait pas joui aussi. Jusqu’à ce qu’il
rencontre Marine : « Elle ne comprenait pas
pourquoi je m’acharnais. C’est elle qui m’a
appris cette deuxième leçon importante :
ce n’est pas parce qu’il n’y a pas d’orgasme que
le rapport est raté. » Orgasme ou non, tout
dépend en réalité des personnes : celles qui ont
besoin d’être détendues et sereines pour l’at-
teindre supportent mal cette course effrénée,
là où d’autres le considèrent comme une
pièce maîtresse du rapport sexuel. Conclu-
sion : on en parle.
À ne pas dire : « Ah mais du coup, t’as fini, là? »

Les fantasmes : C’est l’occasion, non? « J’avais
un fantasme depuis très longtemps, un jeu
de rôle – je n’en dirai pas plus ici, confie Lisa,
discrète. J’en avais déjà parlé à d’autres parte-
naires, mais ça ne s’était jamais concrétisé. Je
n’étais pas entièrement sûre d’avoir envie que
ça se concrétise, d’ailleurs : j’avais peur de me
sentir ridicule. Et puis à mon anniversaire,
Matthieu m’a offert les costumes – la totale, il
avait pris de beaux modèles pour que ça fasse
plus réaliste. Il avait créé une ambiance tami-
sée, avec des bougies... Et on s’est lancés.
J’étais parfaitement en confiance avec lui, ça
reste une de mes soirées les plus intenses
sexuellement. » Et pour ne pas s’arrêter en si
bon chemin, on profite de l’été pour inaugurer
une boîte à idées sexuelles, à alimenter avec
son homme – à condition que les fantasmes
nous tentent tous les deux. On piochera
dedans les soirs de grand froid.
À ne pas dire : « Tu veux que je me fasse passer
pour ta demi-sœur? Ah ah ah! » ●

97 %
des femmes
estiment
qu’elles expri-
ment davantage
leurs désirs
sexuels qu’il y a
quelques
années, quel
que soit leur
âge, leur niveau
d’études ou
leur situation
familiale.

82 %
perçoivent cette
libération de la
parole comme
un phénomène
positif.
Pour autant...

51 %
d’entre elles
seulement
estiment que
les femmes
osent parler
autant que
les hommes
de leurs
fantasmes
sexuels...
ou demander
franchement
ce dont elles
ont envie au lit
(50 %).
Ipsos pour « Psychologies
magazine ».

116 WWW.COSMOPOLITAN.FR AOÛ T 2 019


VIENS CHÉRI, ON DÉBRIEFE

Free download pdf