Léa
Elle se l’était promis enfant : les métiers
artistiques, très peu pour elle. Mais l’envie
de s’exprimer l’a rattrapée, et Léa a dû se
rendre à l’évidence : c’est dans l’art qu’elle
brille le mieux.
Par Mathilde Effosse. Photo Julie Ansiau.Petite, je veux être danseuse. Ma mère est comédienne,
mon père auteur : ils ont un métier passion que je
ne comprends pas bien... Moi, j’aurai un métier stable.
17 ans, bac L en poche, je ne sais pas ce que je veux faire.
Je suis acceptée aux Beaux-Arts – mais j’ai eu mon bac
jeune, et je me laisse une année pour kiffer.
18 ans, je m’inscris en éco-droit-socio à Tolbiac. C’est
général, parfait. Mais quand je réalise que je suis en train
de devenir DRH, je panique.
19 ans, études d’information et communication, spécialité
médias. J’apprends à voir le monde différemment.
Dans deux ans, il faudra créer un projet et le vendre
symboliquement à une entreprise – j’y réfléchis déjà.
21 ans, mon projet convainc le magazine « Elle », où je
fais un stage. Un numéro sur la relation mère fille,
« Elle(s) », que je réalise de A à Z : maquette, articles...
J’adore! À peine est-il terminé que je suis déjà frustrée :
j’aurais voulu écrire aussi sur ça, et ça...
22 ans, je crée mon blog, Main-Tenants. J’écris sur tout ce
qui m’interpelle, sur ce que je vis. Trois semaines plus
tard, les éditions Bayard me proposent d’écrire un livre
sur ma génération. J’écris « Les Affamés » en neuf mois.
23 ans, mon livre sort. Pincez-moi, je rêve! En même
temps, je cumule les petits boulots : hôtesse d’accueil,
femme de ménage, baby-sitter...
24 ans, une camarade d’info com, Lucile Ric, me
recontacte. Elle est productrice, et propose que j’adapte
mon livre au ciné. Pardon?! Je n’y connais rien, elle est
folle... Mais après tout, qu’est-ce que je risque?
26 ans, je réalise le film. Casting, tournage, post-prod,
promo... je suis à 100 %.
27 ans, « Les Affamés » sort en salle. Des enfants, des
parents me remercient, ils se sont retrouvés ou mieux
compris grâce au film... C’est une émotion folle.
28 ans, je suis indépendante. Quand je pense que j’ai
vécu avec 800 € par mois pendant huit ans...
Aujourd’hui, j’ai plusieurs livres sur le feu, un film en écri-
ture. Je suis souvent invitée à des conférences pour parler
de la jeunesse et des femmes.
D’ici mes 35 ans, continuer d’écrire... L’année prochaine,
je serai à Montréal pour le Sommet international
de la confiance dans les organisations! C’est incroyable.
Vivre, c’est prendre des risques. Il faut foncer. ●À 30 ANS