Cosmopolitan N°549 – Août 2019

(Nora) #1
quelqu’un, dans le cas de Florence : « J’ai une
idée assez précise de mon type de mec. Et s’il y
a un critère qui compte pour moi, c’est
l’orthographe. Je suis “savaphobe”, comme
disent mes copines avec qui on partage la
même haine du “sa va”. Sur Tinder, le tri
s’opère vite... Mais la rencontre qui marche
enfin a lieu au travail, lors d’un événement
que j’organise. On se tourne autour deux ou
trois semaines avant de s’échanger nos numé-
ros. Premier SMS, première surprise : il fait
des fautes à chaque phrase. Je m’en fous, parce
que j’ai eu le temps de voir qu’il était drôle,
hyper vif, charmant, décalé... Ce que je défen-
dais comme une valeur, c’était du vent.
Aujourd’hui, nous ne sommes plus ensemble,
mais il restera l’une de mes plus belles ren-
contres. Il m’a fait comprendre qu’on peut être
exigeante en amour, sans être psychorigide. »
La différence se situe dans une nuance de voca-
bulaire : attention à ne pas confondre besoins
et critères. Je peux avoir besoin d’un mec
qui me fasse rire, et avec qui je me sente entiè-
rement moi-même. Mais est-ce que j’ai besoin
d’un homme qui sache conjuguer le subjonc-
tif? D’un côté, il y a ce point essentiel qui
me rend heureuse. De l’autre, il y a ce détail
qui agit comme un signe de reconnaissance,
une preuve qu’on est « du même monde » :
celui des gens qui ne font pas de fautes, mais
qui peut-être n’ont rien à se dire en tête à tête.
La question à se poser : Qu’est-ce qui me rend
vraiment heureuse? Je peux me poser la
question pour mon couple (la complicité, le
sexe à gogo, l’indépendance, la stabilité...),
mais aussi pour mon travail, mon quotidien,
mes loisirs. Pour vérifier que je ne suis pas dans
le registre du simple critère, je reprends chaque
élément en commençant la phrase par « pour
être heureuse, j’ai besoin de... ». Là-dessus,
je ne transige pas. Sur le reste, je me laisse une
chance d’être agréablement surprise.

On oublie la performance
Lydie témoigne : « Avec une bonne copine, on
décide de courir à deux, pour se motiver.
Souvent, en partant de chez elle, on croise son
voisin, un type sympa de 50 ans qui court
depuis vingt ans. Il prépare le marathon
de Paris, qui aura lieu le 2 mai. Au début c’est
pour la blague, mais un jour il nous met au
défi : pourquoi on ne le ferait pas, nous aussi?

On est en septembre, il nous reste huit mois.
Impossible. “Sauf si votre objectif c’est de fran-
chir la ligne d’arrivée, en courant ou en mar-
chant”, précise-t-il. Il a raison. Ainsi, ce qu’on
vise, c’est de s’entraîner jusqu’au jour J, un
point c’est tout. On s’inscrit pour un semi en
octobre, à Lyon, et on découvre une ambiance
géniale et super motivante. On court tous les
deux jours, et quand on a une baisse de moti-
vation, on se souvient de notre objectif un peu
fou... Esther se blesse quelques semaines
avant et ne peut pas courir le marathon, mais
Hubert et moi on est là, sur la ligne de départ.
À 27 km, au moment où j’ai l’habitude de
flancher, Esther brandit une banderole d’en-
couragement. Je termine les 13 derniers kilo-
mètres en alternant marche et course, j’arrive
dans les dernières, mais c’est sans doute la
première fois que je me suis sentie aussi fière. »
La question à se poser : Si je n’atteins pas
l’objectif le plus haut, qu’est-ce que j’ai malgré
tout à découvrir? Je liste les bénéfices secon-
daires : un sentiment de fierté, un soutien que
je n’attendais pas, une rencontre...

On se laisse porter
« Julien a grandi à la campagne, entouré de
chiens. Un an après notre installation à Paris,
l’idée lui vient naturellement : maintenant
on prend un chien. Quoi? Ce truc qui perd ses
poils et qu’il faut sortir, emmener chez le
véto et faire garder pendant les vacances? » Pas
question pour Mina. Julien insiste. « Je cède,
mais en mettant les points sur les i : c’est SON
chien, il se débrouille. Olga a 8 mois, elle
me saute dessus quand je rentre, et fait craquer
tous nos potes qui se battent pour la garder
quand on bouge. » Ça a du bon de se laisser
porter par l’autre, le groupe, les circonstances :
on peut suivre un élan, surfer dessus, s’en
remettre à l’énergie de quelqu’un d’autre pour
prendre une décision. Et ça donne des ailes :
on va plus vite et plus loin quand on com-
prend que tout ne repose pas sur nos épaules.
La question à se poser : Qu’est-ce que j’ai
l’habitude de faire avec d’autres que je ne ferais
pas seule? Aller au cinéma? Boire un café
en terrasse? À plus grande échelle, quels
défis j’ai relevés parce que quelqu’un m’y a
poussée? Répondre à ces questions nous
fait réaliser qu’on agit souvent grâce au moteur
des autres. ●

LA BOÎTE À
OUTILS POUR
M E L A I S S E R
TENTER
De la nouveauté :
« Mes carnets secrets
anti-routine », de
Claire Burel, éd.
Fernand Lanore.
Un baume qui
rassure : « La Force
insoupçonnée du
réconfort », de Joël
Legendre, éd. de
l’Homme.
Un peu
d’insouciance :
« Débranchez votre
mental! », de Jean-
Christophe Seznec et
Sophie Le Guen, éd.
Leduc.S.
De la confiance :
« J’arrête de me
trouver nul(le)!
21 jours pour
changer », de
Clotilde Poivilliers,
éd. Eyrolles.
De l’audace :
« Quelle audace!
50 histoires et leçons
inspirantes pour
aller au bout de ses
rêves », de Maxime
Fourny, éd. Eyrolles.
Du lâcher-prise :
« Lâcher prise :
comment se recon-
necter à soi-même »,
de Benoît Aymonier,
éd. Poche.

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JE ME LAISSE TENTER

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