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science magazine n°46
comment les cellules se débarrassent
des protéines localisées par erreur
dans leur noyau
un fil d’araignée artificiel
Les processus biologiques sont loin d’être
parfaits. Malgré des millions d’années de
perfectionnement, les mécanismes molécu-
laires qui assurent le fonctionnement des
êtres vivants font de nombreuses erreurs
qui, si elles ne sont pas détectées et corri-
gées, peuvent avoir de graves conséquences.
Par exemple, de nombreux cancers ont pour
origine des erreurs de copie de notre matériel
génétique. De même, un mauvais repliement de
certaines protéines neuronales entraîne la forma-
tion d’agrégats toxiques qui perturbent le fonc-
tionnent du système nerveux et provoquent des
maladies neurodégénératives, comme Alzheimer
ou Parkinson.
Pour éviter d’en arriver là, les cellules ont mis
en place des mécanismes moléculaires com-
plexes qui contrôlent la qualité des protéines
et éliminent celles qui sont défectueuses. Ces
mécanismes sont localisés et mis en œuvre prin-
cipalement dans le cytoplasme (compartiment
des cellules où les protéines sont synthétisées).
En travaillant sur plusieurs facteurs impliqués
dans le contrôle de qualité des protéines, les
chercheurs de l’Institut de génétique et de dé-
veloppement de Rennes (dont Gwenaël Rabut,
chercheur Inserm, et Ewa Blaszczak, docto-
rante), dans le cadre d’une collaboration inter-
nationale coordonnée par le Centre allemand de
recherche contre le cancer, se sont aperçus que
certains d’entre eux étaient également localisés
dans le noyau des cellules (le compartiment qui
renferme le matériel génétique) et qu’ils permet-
taient de dégrader des protéines anormalement
présentes dans ce compartiment.
L’entreprise Spiber, créée en 2007 dans la pré-
fecture Yamagate (Japon), élabore un fil d’arai-
gnée artificiel. Ce nouveau matériau aurait déjà
la faculté d’être 4 fois plus résistant que l’acier
et de s’étirer jusqu’à 2 fois sa taille d’origine
avant de rompre. L’entreprise construit actuelle-
ment une nouvelle usine pour pouvoir produire
massivement ce matériau dès le printemps. Le
fondateur de Spiber espère pouvoir étendre lar-
gement le champ d’action de sa technologie.
(Source ADIT)
BREVES ACTUALITÉS 23
La cryptographie quantique sur
plus de 300 kilomètres
Science magazine n°46
Depuis le milieu des années 1990, la cryp-
tographie quantique laisse entrevoir de
formidables perspectives. Cette technique
reposant sur la mécanique quantique permet
de transférer des données sensibles en toute
sécurité, sans risque d’interception.
Alice est chargée de remettre une mallette
contenant une clé secrète à Bob. Lorsqu’elle
le retrouve, Bob lui demande si le voyage s’est
bien passé et si personne n’a tenté d’intercepter
la valise. Bob n’a apparemment aucun moyen
imparable pour s’en assurer... Sauf que Bob
et Alice sont en réalité deux boîtiers qui com-
muniquent entre eux par une fibre optique.
La clé d’Alice est encodée dans des photons,
les particules de lumière, qui sont envoyés à
travers une fibre optique. Si en chemin un es-
pion tentait d’intercepter la clé, Bob le saurait
immédiatement. En effet, selon les lois qui
régissent la physique de l’infiniment petit, la
tentative perturberait les photons de manière
détectable. Ainsi, à l’arrivée, si en comparant
une petite partie de la clé envoyée avec celle qui
a été réceptionnée aucune dissemblance n’est
observable, Bob sera parfaitement assuré de
l’inviolabilité de la clé. Elle pourra alors être
utilisée pour encrypter des messages secrets.
Jusqu’ici, la distance de distribution d’une clé
quantique n’avait jamais excédé les 150 kilo-
mètres, avec des détecteurs permettant l’utili-
sation de cette technologie au niveau industriel.
Aujourd’hui, l’équipe d’Hugo Zbinden, du
Groupe de physique appliquée de l’UNIGE
(Université de Genève), est parvenue à trans-
mettre une clé quantique sur une distance de
307 kilomètres : un record. « Pour ce faire, nous
avons mis au point des détecteurs à très faible
bruit, sensiblement plus compacts que ceux pré-
cédemment employés et donc plus pratiques.
Nous avons également utilisé des fibres optiques
de meilleure qualité », explique Boris Korzh,
l’un des chercheurs. Les anciens détecteurs à
faible bruit reposaient généralement sur le phé-
nomène de la supraconductivité, ce qui implique
un mécanisme de refroidissement extrême, d’où
le volume imposant de ces dispositifs. Les
chercheurs genevois ont alors développé des
détecteurs nécessitant un refroidissement moins
important, afin de réduire leur dimension et de
les rendre plus faciles à l’utilisation.
Lorsqu’on envoie de la lumière à travers une
fibre optique, il y a des pertes irréductibles, qui
croissent en fonction de la distance. Pour limiter
ces pertes et donc les erreurs, les physiciens de la
Faculté des sciences de l’UNIGE ont choisi des
fibres optiques d’une nouvelle génération, avec
moins de pertes, fournies par l’entreprise Corning
Incorporated, basée aux Etats-Unis. « Nous avons
aussi sensiblement amélioré le traitement des
données nécessaires pour vérifier si la clé a été
interceptée », se félicite Hugo Zbinden.
L’avancée technologique dans le domaine in-
téressera par exemple les banques qui pourront
alors transférer des informations confidentielles
à leurs succursales grâce à un système inviolable
et pratique.
La vie en groupe comporte un risque ma-
jeur : celui d’être exposé à des pathogènes
contagieux. Diverses parades originales ont
émergé au cours de l’évolution : certaines
espèces de homard fuient un congénère in-
fecté par un virus, tandis que les femelles de
différentes espèces d’oiseaux dédaignent les
mâles porteurs de parasites, qu’elles iden-
tifient grâce à leur parure sexuelle altérée.
Dans le cas des rongeurs, des signaux olfac-
tifs spécifiques émis par les individus malades
induisent un comportement d’évitement chez
leurs congénères. Afin d’en déterminer les mé-
canismes neuronaux, le groupe d’Ivan Rodri-
guez, professeur au Département de génétique et
évolution de l’UNIGE (Université de Genève),
a mené une série d’expériences. Les chercheurs
ont comparé le comportement des souris face
à des congénères sains ou malades. Ils ont
découvert que, chez les mammifères, la per-
ception des molécules présentes dans l’en-
vironnement s’effectue grâce au système
olfactif principal et au système voméronasal.
Ce dernier régule les comportements sociaux
innés, par le biais des phéromones que capte
un senseur situé à l’extrémité intérieure du
nez et appelé organe voméronasal (OVN).
Cette nouvelle fonction s’ajoute donc aux
autres attributions du système voméronasal, qui
est connu pour être responsable de la discrimina-
tion sexuelle envers les mâles, les femelles et les
juvéniles, ainsi que l’évitement des prédateurs.
Qu’en est-il des humains? Pourquoi sommes-
nous attirés par tel ou tel individu? A ce jour,
une seule situation impliquant des phéromones
a été mise en évidence chez notre espèce. La
phéromone en question est émise par les femmes
au niveau de l’aisselle et agit sur le rythme mens-
truel d’autres femmes. Cette molécule n’a pas
encore été identifiée, mais elle est perçue par le
système olfactif. Quant à savoir si l’OVN est
impliqué, c’est peu probable, celui-ci régressant
rapidement durant le développement humain. Le
mystère reste donc entier, mais les scientifiques
n’ont pas dit leur dernier mot.
Les neurones qui détectent la
maladie de nos congénères