Science Du Monde N°4 – Août-Octobre 2019

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StoppEr lE viEilliSSEmEnt : un paS vErS l'immortalité? StoppEr lE viEilliSSEmEnt : un paS vErS l'immortalité? DossIEr 43


Modifier son cerveau pour mieux vieillir
Les effets de la méditation sur le vieillissement semblent in-
croyables. C'est ce que suggèrent les résultats d'une étude pilote
menée par des chercheurs de l'Inserm basés à Caen et Lyon. En
imagerie cérébrale, les "experts en méditation" présentent des
différences significatives au niveau de certaines régions du cerveau.
Avec l'âge, une diminution progressive du volume cérébral et du méta-
bolisme du glucose apparaissent avec, pour conséquence, un déclin des
fonctions cognitives. Ces changements physiologiques peuvent être
exacerbés par le stress et une mauvaise qualité du sommeil. Ces deux
derniers paramètres sont considérés comme des facteurs de risque de
la maladie d'Alzheimer. Agir sur le stress et le sommeil pourrait donc
faire partie de la panoplie d'outils utiles pour retarder le plus possible
l'apparition de la maladie. Une des pistes de recherche, menée notam-
ment à l'Inserm, se focalise sur l'aide de la méditation pour y parvenir.

C'est ainsi qu'une étude pilote menée par des chercheurs Inserm de Caen et Lyon a exploré la possibilité que la méditation puisse
décaler de quelques années l'âge auquel les changements cérébraux favorables au développement d’Alzheimer apparaissaient.
Pour cela, ils ont étudié le fonctionnement du cerveau de 6 personnes pratiquant la méditation. Les « experts » ayant participé à
l'étude sont âgés de 65 ans en moyenne et ont entre 15 000 et 30 000 heures de méditation derrière eux. Puis les chercheurs ont
comparé le fonctionnement de leur cerveau à celui de témoins non-méditants.

Toutes les personnes ayant participé à cette étude ont été soumises à des examens neurologiques par IRM et TEP au sein de
la plateforme d'imagerie biomédicale Cyceron à Caen. Des différences significatives ont été mises en évidence au niveau du
volume de la matière grise et du métabolisme du glucose. Dans le détail, les résultats d'examens montrent que le cortex frontal
et cingulaire et l’insula des personnes pratiquant la méditation étaient plus volumineux et/ou avaient un métabolisme plus élevé
que celui des témoins, et ce même lorsque les différences de niveau d’éducation ou de style de vie étaient prises en compte.
« Les régions cérébrales détectées avec un plus grand volume ou métabolisme chez les personnes pratiquant la méditation sont
spécifiquement celles qui déclinent le plus avec l'âge », explique Gaël Chételat, chercheuse à l'Inserm.
La méditation pourrait avoir un effet positif sur le vieillissement cérébral, possiblement en permettant une réduction du stress, de
l’anxiété, des émotions négatives et des problèmes de sommeil qui ont tendance à s’accentuer avec l’âge.

Sablonnière. Au-delà de l'excès de graisse,
les excès alimentaires entraînent en effet une
perte musculaire progressive et une diminu-
tion de la sensibilité à l'insuline provoquant
souvent l'apparition d'un diabète.

La restriction calorique active l'autophagie,
c'est-à-dire le mécanisme qui conduit la cel-
lule de digérer une partie de son contenu, per-
mettant ainsi le remplacement continuel de
ses protéines de ses composants altérés. Cela
réduit considérablement le risque d'apparition
de la plupart des maladies liées à l'âge. Le
régime « occidental », combinant à la fois un
excès calorique et un manque d'aliments qua-
litatifs (fruits, légumes et fibres alimentaires),
pourrait bien stopper l'augmentation de la

longévité. Ses effets néfastes sont en effet
largement reconnus : obésité, hypertension,
diabète, maladies cardio-vasculaires, cancers
et maladies neurodégénératives.

Tandis que les bienfaits du régime crétois
(ou méditerranéen) sont aujourd'hui avérés,
de même que ceux du régime Okinawa, du
nom d'un archipel au Japon où le taux de
centenaires est très élevé (50 pour 100 000
habitants). Au-delà d'une alimentation très
frugale et dépourvue de toxines, les habitants
appliquent une certaine restriction calorique
en mangeant raisonnablement, et jamais au-
delà de la satiété.
Dans son ouvrage « L'espoir d'une vie longue
et bonne » (cf encadré), le Pr Sablonnière nous

rappelle les substances toxiques à éviter dans
l'alimentation. Tels les produits de glycation
résultant de la réaction chimique entre le sucre
et les protéines, surtout lors d'une cuisson à
haute température. La glycation est respon-
sable de la couleur brune de la viande et du
pain grillé, de celle des frites, des sodas et du
caramel. Ces substances s'accumulent dans
l'organisme et participent fortement à l'accélé-
ration du vieillissement de nombreux organes.
Autre danger : les acides gras transhydrogé-
nés, très présents dans les margarines indus-
trielles ajoutées aux viennoiseries.

Enfin il est à noter que l'excès alimentaire de
viande et de graisses animales a largement
contribué à diminuer la longévité.

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42 Dossier StoppEr lE viEilliSSEmEnt : un paS vErS l'immortalité? StoppEr lE viEilliSSEmEnt : un paS vErS l'immortalité?


L'homme qui vivra 200 ans est-il déjà né?
Qui n'a jamais rêvé d'être immortel? Sommes-nous tous égaux face au vieillissement? Quel rôle
accorder aux gènes? À l'environnement? Quelles seront les médecines anti-âge de demain? Et si,
avant toute chose, on s'interrogeait sur le « bien vieillir »?

L'auteur, Florence Solari, est chargée de recherche à l'Inserm (Institut national de la santé et de la
recherche médicale) et membre de l'Institut Neuro Myogène (CNRS-Université Lyon2). Ses travaux
portent sur le contrôle génétique du vieillissement et les mécanismes moléculaires impliqués dans
la longévité.
Editions Belin / Les Plus Grandes Petites Pommes du savoir - 2017 - 128 pages - 7,90

Mais, comme l'explique Florence Solari,
les gènes ne font pas tout, d'autant que leur
influence est fortement modulée selon l'exis-
tence que nous menons. L'environnement
joue bien évidemment un rôle essentiel dans
la longévité (mode de vie, stress, agression de
l'environnement, infections...). « Ce postulat
est soutenu par plusieurs études réalisées sur
des paires de vrais jumeaux (qui partagent

donc les mêmes gènes) suggérant que le patri-
moine génétique d'un individu ne contribue-
rait qu'à hauteur de 30% à sa longévité. »

Un facteur sur lequel il est facile d'interve-
nir est bien entendu l'alimentation. Si le sens
commun convient qu'une vie sobre est fac-
teur de santé et de longévité, des études l'ont
confirmé scientifiquement.

Des recherches ont porté notamment sur la
restriction calorique, laquelle consiste à di-
minuer de 25% l'apport calorique quotidien.
« Les organes réduisent alors leur consomma-
tion d'énergie, adaptant la dépense énergé-
tique à l'apport occasionné par la restriction
alimentaire. De plus, la plupart des cellules
changent de carburant, préférant alors utili-
ser les graisses que les sucres » souligne B.

Le mode de vie (alimentation, sport, environnement...) influe plus que nos gènes!

La longévité dans les gènes ou


dans le mode de vie?


Qui n'a jamais rêvé d'être immortel? Sommes-nous tous égaux face au vieillissement? Quel rôle
accorder aux gènes? À l'environnement? Quelles seront les médecines anti-âge de demain? Et si,
avant toute chose, on s'interrogeait sur le « bien vieillir »?

L'auteur, Florence Solari, est chargée de recherche à l'Inserm (Institut national de la santé et de la
recherche médicale) et membre de l'Institut Neuro Myogène (CNRS-Université Lyon2). Ses travaux
portent sur le contrôle génétique du vieillissement et les mécanismes moléculaires impliqués dans
la longévité.
Editions Belin / Les Plus Grandes Petites Pommes du savoir - 2017 - 128 pages - 7,90

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