106 I Beaux Arts
L’ART DES ÉMOTIONS l DOUCES MÉLANCOLIES...
Sous le signe de Saturne
Qu’elle prenne les traits d’une sainte, de Kirsten Dunst ou d’un monstre
en spaghettis, la mélancolie est repérable au premier coup d’œil.
Maître strasbourgeois
Une dépression qui ne dit pas son nom
Bien que son auteur et son sujet demeurent inconnus, ce buste polychrome n’en reste pas moins
l’un des plus étonnants témoignages de l’art strasbourgeois de la fin du XVe siècle. Dans la lignée
d’un Nicolas de Leyde ou d’un Nicolas de Haguenau, qui ont largement contribué à diffuser
des sculptures d’homme accoudé, l’artiste a cherché à traduire, par un rendu plus naturaliste
de la physionomie, l’état psychologique de la figure. Si de l’œuvre se dégage une expressivité
quelque peu caricaturale, elle révèle le haut degré de maîtrise atteint par l’art gothique tardif.
Buste d’homme accoudé, 1480 -1510
Hendrick
Ter Brugghen
Le soupir
d’une sainte
Dans l’art baroque, la thématique
de la mélancolie prend littéralement
possession de la figure de Marie-
Madeleine. Les exemples sont
nombreux chez les caravagesques.
Le Néerlandais Hendrick Ter Brugghen
a entrepris la fusion de l’iconographie
de la sainte (le crâne et la bougie),
retirée dans la grotte de la Sainte-
Baume, près d’Aubagne, avec celle
de la mélancolie d’après Dürer
(le compas et le sablier). Il en
résulte une image intimiste d’une
extraordinaire force visuelle.
Melancholia, vers 1627-1628