Beaux Arts I 55
cruel, sans concession. Leurs œuvres, ouvertement cri-
tiques envers la République de Weimar, seront jugées
dégénérées par les nazis et interdites.
Miroir déformant de la réalité, provoquant, blessant, le
rire est toujours indissociable de la censure et de l’autocen-
sure. Il suscite l’incompréhension et déchaîne les passions.
L’ironie, le cynisme, l’humour noir dominent la création
contemporaine. Le rire se fait contestataire, remettant en
cause les États autoritaires et les dérives du capitalisme.
Maurizio Cattelan ou Paul McCarthy jouent les provoca-
tions avec leurs sculptures trash dont les reproductions
font le tour du monde quand Yue Minjun peint à l’infini
son visage hilare, impuissant face à l’uniformisation de la
société chinoise et son système implacable. D’autres,
comme Erwin Wurm avec ses objets gonflés ou détournés
de leur fonction première, soulignent avec une légèreté
apparente l’étrangeté de notre quotidien. Mieux vaut en
rire qu’en pleurer. n
CI-CONTRE
Maurizio
Cattelan
& Pierpaolo
Ferrari
Toiletpaper n° 17
Un visage pris
au piège par
quatre jolis
fessiers
moulés dans
des microshorts
aux couleurs
acidulées...
Ou comment
«avoir la tête dans
le c...» dans la
joie et la bonne
humeur selon
les trublions
Maurizio Cattelan
& Pierpaolo
Ferrari.
2019, couverture
du magazine.
PAGE DE GAUCHE
Katsushika
Hokusai
Warai Hannya,
la démonne
riante, série
Cent histoires
de fantômes
(Hyaku
monogatari)
Le génie
de l’estampe
japonaise prenait
un malin plaisir
à représenter les
fantômes des
contes populaires
japonais, comme
ici avec ce démon
hilare, la gueule
pleine du sang
d’une jeune
victime, dont il
vient d’arracher
la tête.
1831-1832, gravure
sur bois.