68 I Beaux Arts
L’ART DES ÉMOTIONS l LES CORPS ET LES CRIS DE LA DOULEUR
Francis Bacon
Distorsions hurlantesChair à l’état brut, êtres cauchemardesques repoussants, créatures
difformes privées de membres... La première recroquevillée sur
elle-même comme si elle était déchirée par la peine, la deuxième en
train de geindre, la gueule tournée vers le spectateur les yeux bandés,
la troisième, réduite à une bouche hurlant à la mort – à moins
qu’aucun son ne sorte de cet être à l’agonie. Incarnation absolue
du mal-être qui ronge les corps et les âmes, tourmentées à l’infini,
les Érinyes (équivalent grec des Furies romaines) de Francis Bacon
vont revenir hanter son œuvre.
Trois études de figures au pied d’une Crucifixion, vers 1944