Beaux Arts I 79
2 / Le rire jaune d’une fantôme
Masque du fantôme d’une femme revenue sur Terre
pour assouvir sa vengeance, XVIIIe siècle
Les yeux dorés à la feuille de ce nômen désignent
le fantôme Ja ; ses cornes indiquent qu’il est de sexe
féminin. Ja rit, mais les sourcils qui retombent, les
commissures tendues révèlent l’amertume du rictus :
Ja a compris qu’elle était condamnée à errer.
3 / Démoniaque mais ridicule
Masque de nô représentant Akujo, non daté
Ce masque est l’un des 50 employés dans le kyogen,
intermède burlesque entre deux actes de nô.
Il représente un démon en proie à une fureur un peu
ridicule : les yeux écarquillés et les rides arrondies mais
brouillées du front accusent une colère mal maîtrisée.
3 4 / Avant Gotlib et Uderzo
Masque tragique de jeune homme, IIe siècle av. J.-C.
Un peu comme dans les BD, la terreur à l’antique
était caricaturée par des cheveux dressés sur la tête.
Plus classiquement, Grecs et Romains lui donnaient
corps en dotant le masque d’yeux écarquillés
et d’une bouche béante, comme ici avec ce masque
découvert à Utique, cité portuaire fondée par les
Phéniciens près de Carthage.
Tunisie
5 / Une colère un peu louche
Masque (à porte-voix), Ier siècle av. J.-C.-Ier siècle ap. J.-C.
Ce masque d’Asie mineure, découvert à Smyrne (Izmir),
tire son expression de la bouche grande ouverte pour
suggérer un cri bruyant ou l’envie de mordre. L’exagération
des rides latérales exprime la crispation, les yeux
sont rapprochés jusqu’à loucher. À Rome, la colère était
le propre du glouton Manducus («mâchard»).
Turquie
Masque de nô représentant le visage d’un homme mort
souffrant dans les Enfers, XIXe siècle
1 / Revenu d’entre les morts
Ce nômen (masque de théâtre nô) de type «visage
émacié» (yase otoko) est celui d’un revenant. Il porte
les stigmates de la terreur : ses yeux sont écarquillés,
ce que soulignent les sourcils en demi-lunes ; toute sa
face est contractée, marquée par son séjour aux Enfers.
Japon