Télé 7 Jours N°3088 Du 3 Août 2019

(Nora) #1

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MERCREDI 7 AOÛT


DOCUMENTAIRE


Le tour du monde


d’Alexandra Alévêque


La journalistepart,pourunedeuxièmesaison,à la rencontre


des habitants de villes pas comme les autres.Cesoir,directionManille.


M


anille (Philippines) pour
ce premier numéro, puis
Ganvié (Bénin), Las Vegas
(États-Unis) et Aarhus (Danemark)
les prochaines semaines : comment
ont été choisies les destinations ?
Alexandra Alévêque : Certaines
villes s’imposent logiquement par
rapport à notre démarche. Notam-
ment Manille, la ville la plus dense
du monde, avec 43 000 habitants au
kilomètre carré, soit deux fois plus
qu’à Paris. De mon côté, j’avais très
envie d’aller à Las Vegas, cité un peu
foldingue, sortie au milieu du désert.
Derrière le côté clinquant, je voulais
rencontrer les gens qui vivent au-delà
des façades des hôtels.
Rester deux semaines à Manille,
dans un logement de 12 m^2 au sol
avec six à dix personnes, ou
séjourner à Ganvié dans une mai-

20.50 Drôles de villes pour une rencontre


Son premier
roman,
Les autres
fleurs font ce
qu’elles peuvent
(Sable Polaire),
sortira le 21 août.
Un livre très
autobiographique.

son sur pilotis, alors que vous
craignez l’eau... Ne seriez-vous
pas un brin masochiste ?
Non, mais je me fais violence. Il faut
sortir de son confort si l’on veut vrai-
ment partager la vie des gens. Après,
je n’y reste pas non plus cinq ans !
Ce n’est pas très difficile de prendre
sur soi dans ces conditions. C’est tel-
lement enrichissant que l’on y arrive,
malgré les rats ou les cafards. Je râle,
je crie, je peste mais, franchement,
ça vaut le coup !
Vous êtes-vous surprise vous-
même par votre capacité d’adap-
tation ?
Non, car, après tout, c’est mon métier.
Et puis, encore une fois, je sais que
c’est pour une durée limitée. Je suis
plus surprise par la capacité d’adap-
tation des hommes vivant à plein
temps dans des conditions extrêmes.

À Manille, par exemple, des gens
résident dans des cimetières, faute de
place et de logements bon marché.
Pourriez-vous concevoir votre
métier autrement qu’en vous
impliquant dans la vie des gens,
comme vous le faisiez déjà dans
21 jours... ?
Avant ces émissions, j’ai exercé mon
métier de manière plus classique. Je
pourrais le refaire aujourd’hui, il suf-
fit pour cela de reculer de quelques
pas par rapport au caméraman. Mais
je trouve que cette manière de tra-
vailler offre une grande liberté. C’est
notre atout le plus précieux. Et puis,
on n’observe pas avec des pincettes.
Si on est avec les gens, on est vrai-
ment avec eux. En tout cas, ce n’est
pas pour montrer ma bobine, car on
ne peut pas dire que je sois spécia-
lement apprêtée ni mise en valeur.
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