La Provence Marseille du dimanche 21 juillet 2019

(Nandana) #1

C


rise des subprimes
en 2008, vague d’attentats
en Franceen2015... Pen-
dantune dizaine d’années,les
touristes américains ont boudé
la France en général et la Pro-
vence en particulier. 695 000
nuitées étaient enregistrées
en 2010 en Provence Alpes Côte
d’Azur contre plus d’un million
en 2018, la tendance pour
l’été 2019 étantàl’avenant. "Ils
sontrevenus!",confirment en
chœur les acteurs du tourisme.
Entre 2010 et 2017, le nombre
de nuitées des citoyens améri-
cainsabondi de 29%dans la ré-
gion.Danslesgaleriesdumu-
sée GranetàAix-en-Provence,
ils représentent la première na-
tionalitéétrangèreàvenircro-
quer un bout de rêve cezannien.
On les retrouve sur les marchés
qui fleure bon la Provence aux
Carrières de lumières des Baux
en passantpar les villages per-
chés du Luberon et par Mar-
seille. La clientèle américaine,
portée par un revival de son éco-
nomie nationale,revient cla-
quer des dollars en provenance
principalement des grandes mé-
tropoles de la côte Est
(New-York, Washington,Flo-
ride) et de Californie. C’est ce
qu’on appelle une clientèle "à
forte contribution", com-
prendre avec un important pou-
voir d’achat, qui aime l’art de
vivre (et le rosé!) et les hôtels
haut de gamme.
Ce retour en grâceaété boos-
té notamment par une grande
campagne de communication
digitale sur la destination me-
née outre-Atlantique par Atout
France-l’agence de développe-
ment touristique de l’État fran-
çais -etExpedia, un des leaders
mondiaux du tourisme en ligne.
Et ils en ont vu de toutes les cou-
leurs,delalavande et des
vieilles pierres, les Américains.
158 millions de bannièresont
touché 18 millions de millenials

et de jeunes actifs. L’histoire ne
dit pas encore si les vacances
surmédiatisées entreVaucluse
et Gard de la famille Obama en
juin auront un effet.Toujours
est-il que la Provence et Mar-
seille,plus encoreque la bling
bling Côte d’Azur, sont devenus
des destinations tendance.

Marseille:"Nouveau luxe
authentique"
"En 2013 quandl’hôtelaou-
vert ,les Américains ne connais-
saient pas Marseille", explique
Élodie Choquet en charge du
segment loisirs pour l’Intercon-
tinental. Voire en avaient une
image qui ne faisait pas rêver. Fi-
ni le sclichés surlavilleinfré-
quentable et dangereuse, le

cinq étoiles voit sa clientèle
américaine connaître une crois-
sanceàdeux chiffres (+16%),
travailleàl’annéeàélargir son
réseaudeprofessionnels
outre-Atlantique etàséduire les
médiums d’influencepourlapé-
renniser.
"Des médias comme Forbes, le
New York Times ou des émis-
sions culinairesàforttaux d’au-
dience ont contribuéàfaire
connaître la destination. Et au-
jourd’hui, notre clientèle améri-
caine, qui connaît déjà Paris et a
déjà séjourné sur la Côte d’Azur,
vient chercher de l’authenticité
en Provence et tout particulière-
mentàMarseille".Éculés aussi
les clichés sur l’Américain pa-
trio te et un peu bas du front :

"Ilsveulent vivredevéritables ex-
périences, rencontrerdes per-
sonnes.L’excursiontouristique
classiqueavecunguide,cen’est
plus du toutàl’ordre du jour".
La bouillabaisse ne se dé-
guste plus au restaurant mais
dans un cabanon;exit le mono-
space confortable,let our du Lu-
beron se vitàl’américaine en
voiture vintage;la visite de la sa-
vonnerie n’a de sens que s’ils
peuvent repartir en ayant fabri-
quéleurproprepain..."Ils
aiment créer, partager,ne
veulentpas se contenter de regar-
der mais être acteurs de leur des-
tination".Faire les calanques en
yacht et déguster du poisson
grillé sur une chaise en plas-
tique?Socharming... A.D.

Tourisme:les Américains


(re)débarquent!


Après avoir boudé la destination, cette clientèleàfort pouvoir d’achat


revient en force en Provence. En quête d’expériencesetd’authenticité


"Ça fait du bien de passer une
belle soirée comme ça, en plein
air et en famille"confie Sylvia,
venue avec son mari et ses deux
enfants.
PourPatrick, Miramasséen,
ça lui rappelle les soirées de son
enfance."Jesuistropcontente!
Jesuistropcontente!C’estma
chanteuse préférée"s’écrie Ange-
lina,8ans tout en tournoyant
autour de sa maman. Vendredi
soir, Enzo de"The Voice Kids"et
le groupe Luna Stone, quiont
assuré la première partie, puis
Maxime et Julie Zenattiont of-
fert une très belle soirée au pu-
blic venu en nombre. Plus d’un
millier de personnes était, en ef-
fet, présent pourladeuxième
nuit d’été La Provence:des en-
fants, des familles, des seniors,
desfans, arrivés dans
l’après-midipourassisteraux
derniers réglages... Tous ont
passé une belle soirée, même
Alainàcoupsûr."Danstous

mes concerts, ilyabeaucoupde
femmes. Pour les hommes, on
sent souvent qu’ils ont fait leur
B.A. de l’année. Onle voit dans
leurs yeux. Et ce soir, c’est le cas
d’Alain. Alain ne voulait pas
être là. Alors, s’il vous plaît, on
lève, tous, les bras pour Alain"
s’amuse la chanteuse.
La vie fait ce qu’elle veut, Prin-
cesse, Si je m’ensors, Les
amis... JulieZenattiachanté
ses plus grandstubes,mais, a,
aussi, repris quelquestitres cé-
lèbrescommeShallow,chan-
son phare du filmAStar is
Born, Au café des délices, Je dis
M, Je te le donne."Je vous remer-
cie. Le piano-voix en plein air,
c’est, parfois, un exercice diffi-
cile. Mais c’est un excellent
moyenpour se connaître. Je gar-
derai un très bon souvenir de
cette soiréepassée avec vous à
Miramas. Merci "aconcluJulie
Zenatti.
C.GERMAIN

"Nous savionsque nous voulions visiter
la Provence... mais c’était tout ce que nous
savions". Alors qu’ils n’avaient aucuneidée
de la façon d’organiser leurvoyage, les Fi-
sher sont rentrésàNew York "amoureux"
de la région. Avec une seule envie:revenir.
Saint-Rémy, Aix-en-Provence,Marseille,
Cassis, les calanques... Les sites touris-
tiquesprisés qu’ils ont visités sont aussi
ceux de tous les dangers:onpeut tomber
sur le meilleur comme le pire.Particulière-
ment quand on ne parle pas le français. La
clé de ce voyage "fantastic":l’Américaine
Julie Mautner, ancienne journalisteart de
vivre, désormais "travel planner", installée
àSaint-RémydeProvence. Ellecrée des
offresàlacarte pour ses compatriotes qui
forment75%de sa clientèle mais aussides
Britanniques, Australiens, Sud-Africains...
Perdus dans la jungle des infos sur inter-
net, elle rassure ses clients qui ont souvent
peur de ne pas se faire comprendre, de se
perdre en chemin voire de conduire.Et
commetousles touristes de se faire arna-
quer. Ses clients?Degrands voyageurs
comme desnovicesqui ont économisé pen-
dan tdes années pour se payer un rêve d’Eu-
rope ensoleillée. "Je les aideàavoir une ex-
périence formidable peuimporteleprix
qu’ils peuventymettre. Je conseille autant
ceux qui doivent faire attention que ceux
qui sont prêtsàfaire une folie. Je peux leur
direaussi :’Ce n’est paslapeinededépen-
ser autant pour cela, j’ai une autre idée’".
Des jeunes mariésenvoyage de noce aux
couplesplus âgés qui viennentenFrance
fêter un anniversaire avec leur famille, ils
séjournentgénéralement entreunese-
maine ou deux. "La première question que
je leur pose c’est:’Combien de temps res-
tez-vous?’. Ilyatellementdechosesàfaire.
Souvent ils ont déjà entendu parler d’Avi-

gnon ou d’Aix, mais je leur conseille de visi-
ter ces villes pendant une journée et de sé-
journer dans des villages plus typiques, sur-
tout lorsqu’il s’agit d’un premier séjour.
Après s’ils cherchent surtoutàvisiter des mu-
sées, faire du shopping et dîner dans de
grands restaurants, je leur conseille des
villes plus grandes".

Moules-fritesàBeaucaire
Si elle ne s’occupe pasdelaréservation
des billets d’avion, Julie Mautner a, en re-
vanche, un carnet d’adresses qui lui per-
metd’occuper les touristesdu matinau
soir. Avec un petit supplément d’âme. "Per-
sonne n’aime être trimballéàmarche forcée

d’unsiteàl’autreenécoutantunelitaniede
dates. On essaie par exemple de les emme-
neraux arènes d’Arlesquandilyaune corri-
da ou un concert, de préférer une fête de vil-
lagesensoiréeplutôtquedeleurindiquer
un restaurant;defaire un atelierdepein-
tureaumonastèredeSaint-Paulcomme
Van Gogh plutôt que de simplement le visi-
ter...". L’idéene vousaurait peut-être ja-
mais traversé l’espritmais une
moules-frites sur les quais de Beaucaire,
pour un Américain,c’est franchement dé-
paysant."Ilsneveulentpasvoirquelessites
célèbres, ils veulent rencontrer des Français,
expérimenterl’artdevivreenProvence.Ils
ontengénéralunelisteénormedechoses
qu’ilsveulentfaire,j’enenlèveengénéralla
moitié".
En tête de liste, la gastronomieetlevin,
forcément. Mais là encore, mêmelemoins
avertin’a pas besoin d’un guide pour chil-
ler au rosé en terrasse.Julie a, elle, ses trucs
pour rendre le moment "wonderful". Le
cours de cuisine dont les Américains sont
friands qui peut prendre toute une jour-
née, elle l’organise en fin d’après-midi
pour qu’il fasse aussi office de dîner. Un de
ses hits?Uncircuitàvélo électrique autour
de Saint-Rémy ou dans le Lubéron avec
étapesàlaferme, au moulinàhuile, dans
les domaines viticoles avecàchaque fois,
uneséancedégustation."J’essaieausside
leurfairedécouvrirdesactivitésqu’ilsne
connaissentpas forcément:une leçondepé-
tanque, le cavagedetruffes...". Le tout s’ar-
rose régulièrementdepastis et de rosé,fata-
lement. "Les Américains sont trèschaleu-
reuxetouvertsquandlesFrançaissontplus
réservés.Ilscraignentengénéraldenepas
êtrebienaccueillis.Maisunefoisqu’ilssont
venus, ils n’ont qu’une envie:revenir".
A.D.

Plus d’un millier de personnes au concert vendredi.
/PHOTO S.G

Quelles sont vos actualités et vos projets?
Je viens de terminerune tournée de près d’un an et demi avec Chi-
mène Badi, quiareçu un bel accueil un peu partout en France;là, je
suis en écriture d’album, le prochain single sortiraàlafin de l’été.

Qu’écoutez-vous en ce moment?Qui vous inspire?
Je suis revenueàdes trucs d’avant comme mon binôme de l’amour
Gall et Berger,mais aussi plein d’autres choses:Diva Faune, ou Thé-
rapie taxi.

Quels conseilsaimeriez-vous donner auxjeunes artistesqui
font l’ouverture du concert?
Prendre du plaisir, c’est le plus important, les gens en prendront de
fait. La scène, c’est plein d’imperfections, de problèmes techniques.
Il faut créer un moment d’humanité,d’échanges, et ne surtout pas
chercher la perfection.

France


JULIEMAUTNER, TRAVEL PLANNER


"Ils veulent vivre le lifestyle provençal"


Première clientèle étrangèreàl’Intercontinental de Marseille, les Américains délaissent Paris et la
Côte d’Azur pour des expériences plus typiques en Provence. /PHOTO ANTOINE TOMASELLI

Julie Zenatti en tournée d’été avec La ProvenceàMiramas
pour le plus grand plaisir de son public. /PHOTOS SERGE GUÉROULT

MIRAMAS


Julie Zenatti en osmose


avec La Provence


Julie Mautner crée des séjoursàla
carte avec des excursions "typiques"
pour la clientèle américaine. /DR

LES3QUESTIONS ÀJULIEZENATTI


"Le prochain single


sortiraàlafin de l’été"


Dimanche 21 Juillet 2019 I
http://www.laprovence.com

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