Le_nouvel__conomiste_du_Vendredi_19_Juillet_2019_

(Kiana) #1

La frontière sud des États-Unis


s’étend sur 3 200 kilomètres, mais


les problèmes qu’elle suscite sont


encore plus vastes. Depuis des


semaines, l’actualité nationale et


même mondiale est inondée des


images tragiques des foules déses-


pérées de traverser le Rio Grande


ou languissant dans des centres


de détention. L’émotion est immé-


diate, le problème demande lui du


recul, ce dont le débat dans cette


période préélectorale manque


cruellement. Il y a la solution de


Donald Trump : construisons un


mur pour endiguer le fl ot. Les can-


didats démocrates à l’élection de


2020 se sont entraînés les uns les


autres vers une position diamétra-


lement opposée : faisons le tri des


immigrants sans titre de séjour à


l’intérieur du pays et décriminali-


sons la présence des illégaux. D’un


côté une frontière hermétique, de


l’autre une frontière virtuellement


ouverte.


Il faut rappeler au passage qu’il


existe aussi une frontière nord,


mais elle donne sur un seul pays,


le Canada, qui lui-même contrôle


sa politique d’immigration. En


revanche, la frontière avec le


Mexique ouvre sur une zone du


monde en grande partie en proie


à l’insécurité physique et écono-


mique. La plupart des 11 millions


d’immigrés illégaux aux États-Unis


mique. La plupart des 11 millions


d’immigrés illégaux aux États-Unis


mique. La plupart des 11 millions


sont passés par là, si l’on en juge


par leur origine : près de 5 millions


viennent du Mexique, 1,5 million


d’Amérique centrale et près d’un


million d’Amérique du Sud.


Le tropisme latino vers le sud-


ouest États-Unis ne date pas de


Le tropisme latino vers le sud-


ouest États-Unis ne date pas de


Le tropisme latino vers le sud-


l’immigration, il a pendant long-


temps été espagnol, puis mexicain.


Un État comme le Texas a changé


temps été espagnol, puis mexicain.


Un État comme le Texas a changé


temps été espagnol, puis mexicain.


6 fois d’appartenance, il reven-


dique 6 drapeaux, dont celui de


la France, qui y a fait un bref pas-


sage. Autant dire que dans cette


région, le concept de frontière est


pendant longtemps resté fl ou. Le
premier État entré dans l’Union

pendant longtemps resté fl ou. Le
premier État entré dans l’Union

pendant longtemps resté fl ou. Le

a été le Texas en 1845, suivi de
la Californie 5 ans plus tard, le
Nouveau-Mexique et l’Arizona ont
été les derniers États continen-

Nouveau-Mexique et l’Arizona ont
été les derniers États continen-

Nouveau-Mexique et l’Arizona ont

taux intégrés pleinement dans le
pays, en 1912. Vingt ans plus tard
a eu lieu la première opération de
rapatriement forcée des Mexicains
qui venaient traditionnellement
travailler au nord. Si la crise de
l’immigration est assimilée dans
le débat politique et dans les
esprits à la frontière sud, un tiers
des immigrants illégaux viennent
d’ailleurs et se sont installés de
façon invisible en restant dans le
pays après l’expiration d’un droit
d’entrée légal.

Les voies étroites de l’immigration
légale

Mais d’une façon générale, le
débat politique échappe à la
logique, les arguments repo-
sent sur les passions plutôt que
sur les faits. Ceux auxquels ces
arguments s’adressent, autre-
ment dit les électeurs, semblent
dans le même état de confusion.
Les deux tiers d’entre eux sont
favorables à un strict contrôle
des frontières, mais hostiles à la
construction d’un mur, la même
proportion est favorable à une
régularisation des immigrants
illégaux de longue date, mais hos-
tiles à ce qu’ils bénéfi cient des
mêmes avantages sociaux que les
Américains ou que les résidents
légaux. Le seul problème que les
sondages n’abordent pas (l’ins-
titut Gallup le reconnaissait lui-
même dans une récente analyse)
est celui de l’état de l’immigra-
tion légale. Pour rejoindre la fi le
d’attente de l’entrée légale aux

États-Unis, encore faut-il avoir le
droit de faire la queue. Les visas
d’étudiants expirent avec la fi n
des études (payantes), les visas
de travail passent par la tutelle
d’un employeur suffi samment
motivé pour affronter un par-
cours du combattant administra-
tif, et le statut de résident perma-
nent, la mythique “carte verte”,
est un mirage que 5 millions de
personnes attendent depuis par-
fois des décennies. Elle nécessite
soit la démonstration d’un par-
cours professionnel exemplaire,
soit le mariage avec un citoyen
américain – ce dernier cas étant
loin de garantir un processus
automatique, et la vérifi cation
dure trois ans. Contrairement à la
légende, les offi ciers d’immigra-
tion ne viennent pas compter les
brosses à dents dans les salles de
bains, mais à l’époque informa-
tique il est facile de trouver des
preuves de vie commune. Le cas
de fi gure le pire est le regroupe-
ment familial pour les personnes
majeures, accordé par quotas,
qui implique un temps d’attente
qui va de 8 ans à plus de 20 ans
selon le pays de provenance. Par
exemple un Philippin qui veut
venir rejoindre ses vieux parents
a largement le temps de les voir
mourir avant d’y parvenir, le
temps d’attente pour ce pays est
à ce jour de 21 ans.
Le débat politique n’a pas un
intérêt passionné pour le lot de
drames humains, de familles
séparées et d’espoirs déçus d’une
vie meilleure qu’affrontent ceux
qui poursuivent légalement le
rêve américain.

* auteure de Bienvenue en Trumpie
(ed. stock)

ANALYSES


Le gouvernement chinois a fi xé une


liste de 46 “villes pilotes” pour le tri


et le traitement des déchets d’ici à



  1. Des systèmes obligatoires de


tri des ordures ménagères sont déjà


en place dans certaines métropoles


comme Shanghai. Le ministère du


Logement et du Développement
urbain et rural a annoncé un inves-
tissement de 3,1 milliards de dollars
pour accélérer la mise en place du
recyclage.
Plusieurs entreprises européennes
prennent part aux efforts en ce sens
pour protéger l’environnement en
Chine. C’est ainsi que le groupe
allemand Alba a apporté l’une de
ses spécialités à Jieyang, dans le

Guangdong : dans une usine de
traitement des déchets, on élimine
les métaux lourds, les plastiques,
les déchets dangereux, le sable, les
roches ; les substances recyclables
sont retirées et transformées en
blocs de combustible. Une coentre-
prise a été créée avec Alba, Zhongde
Metal et Guangdong Rising Assets
Management. La valeur calorifi que
des blocs de combustible ainsi obte-
nus est égale à celle du lignite et
peut servir dans des centrales élec-
triques ou de cimenteries. Leur com-
bustion émet 70 % de CO2 en moins
que celle du charbon. Le volume
quotidien de déchets à Jieyang a
atteint 1 500 tonnes en 2018. L’usine
de traitement de ces déchets est en
mesure d’en traiter 1 000 tonnes ;
elle est prévue pour en traiter 2 000
tonnes. Le responsable des affaires

chinoises du groupe Alba a récem-
ment déclaré que le potentiel du
marché du traitement des déchets
en Chine “dépasse l’imagination”.

Vive la consommation


Une autre entreprise, fi nlandaise
celle-là, Solid Environmental
Technologies, s’est implantée dans
plusieurs autres villes chinoises, aux
mêmes fi ns.
En Suède, Hammarby, une petite
ville au sud de Stockholm, a reçu plu-
sieurs délégations chinoises, parce
qu’elle est devenue un modèle de
ville écologique. Des sacs en plas-
tique biodégradables y sont utili-
sés pour le tri des déchets, et des
tubes sous vide souterrains ont été
construits pour envoyer les déchets
triés aux centres de traitement. Le

groupe Envac, qui a pris part à cette
initiative, a trouvé quelques succès
en Chine, notamment dans la ville de
Yantai, dans le Shandong.
De leur côté, les entreprises chinoises
investissent dans les entreprises
européennes qui se consacrent au tri
des déchets. Ainsi China Everbright
International a-t-elle acquis Novago,
la plus grande entreprise polonaise
de gestion de déchets.
Mais la gestion des déchets n’est
qu’une piste parmi d’autres pour
les investissements étrangers en
Chine. La croissance du marché
chinois de la consommation sus-
cite un autre appel d’air : au-delà
du commerce et des exportations,
cette croissance attire les inves-
tissements directs, y compris les
investissements américains, qui ont
augmenté de 7,5 % en 2018.

Un marché


qui “dépasse l’imagination”


Les entreprises européennes profi tent à plein de


l’engouement chinois pour le tri et le recyclage


Traitement des déchets


LA CHINE S’EST ÉVEILLÉE,
PHILIPPE BARRET

La Cour des comptes vient de
publier un rapport qui confi rme
l’actualité d’un constat déjà ancien :
les fonctionnaires de l’État sont très

l’actualité d’un constat déjà ancien :
les fonctionnaires de l’État sont très

l’actualité d’un constat déjà ancien :

peu mobiles et ne sont pas affectés
là où on a besoin d’eux.

Ils choisissent rarement leur pre-
mier poste et sont envoyés là où les
agents plus anciens ne veulent pas
aller. Les plus jeunes se trouvent
donc souvent dans les zones les plus
diffi ciles, où des agents confi rmés
seraient plus utiles, ce qui explique
souvent des démissions précoces.
Ensuite, surtout en fonction de leur
ancienneté, ils migrent vers leurs
régions de prédilection : le sud et
la façade Atlantique. De nombreux
postes offerts dans le nord et dans
l’est ne sont pas pourvus et il faut y
recruter des contractuels, mais en
principe sur des contrats à durée
déterminée.

Il y a donc une certaine forme de
mobilité géographique mais, à l’ex-
ception du premier poste, elle se fait
à l’initiative des agents et se traduit
par une répartition des fonction-
naires sur le territoire qui répond
beaucoup plus à leur héliotropisme
qu’à la satisfaction des besoins de la
population. Le rapport de la Cour
l’illustre par des cartes instructives
qui montrent bien pourquoi les
habitants de certaines zones ont
l’impression d’être délaissés par les
services publics.

La mobilité fonctionnelle (entre
ministères, vers des établissements
publics ou des collectivités locales)
est encore plus faible car elle se
heurte notamment aux rigidités de
la gestion de la fonction publique
par ministère et corps (il y en a
300 pour les seuls fonctionnaires
de l’État). Par exemple, les primes

300 pour les seuls fonctionnaires
de l’État). Par exemple, les primes

300 pour les seuls fonctionnaires

peuvent être très différentes d’un
ministère ou d’un corps à l’autre
pour des niveaux de responsabilité
et de qualifi cation équivalents. Les
agents n’acceptent donc la mobi-
lité que dans un seul sens, vers les
meilleures primes, qui n’est généra-
lement pas le sens souhaitable dans
l’intérêt général.

Une contrepartie à l’emploi à vie


La Cour recommande de renforcer
les incitations fi nancières à la mobi-
lité vers les zones peu attractives,
qui existent déjà mais sont peu effi -
caces, de développer la gestion pré-
visionnelle des emplois et compé-
tences, et de déconcentrer la gestion
des ressources humaines des minis-
tères au moins au niveau régional.

La nouvelle loi de transformation
de la fonction publique donne par
ailleurs aux administrations les
moyens de contourner l’obstacle
à la réorganisation des services
que constitue cette faible mobilité
en augmentant les indemnités de
départ et en facilitant le recrute-
ment de contractuels.

Après avoir rappelé aux fonction-
naires que la mobilité est une
contrepartie de l’emploi à vie et
qu’elle doit permettre d’adapter les
services aux besoins des usagers, il
faudrait également envisager des
affectations d’offi ce dans certaines
circonstances, par exemple en
cas de suppression de poste dans
le cadre d’une restructuration ou
d’une délocalisation.

Le site http://www.fi peco.fr développe les
analyses de François Ecalle

L’héliotropisme


des fonctionnaires


Les fonctionnaires de l’État sont très peu mobiles et


ne sont pas affectés là où on a besoin d’eux


Mobilité géographique


TRUMP POWER,


ANNE TOULOUSE*


Le débat politique fait rage


Il échappe à la logique, les arguments reposent sur les passions plutôt que sur les faits


Immigration


MÉCOMPTES PUBLICS,
FRANÇOIS ECALLE

Un État comme le Texas a


changé 6 fois d’appartenance.


Autant dire que dans cette


région, le concept de frontière


est pendant longtemps resté


fl ou


Après avoir rappelé


aux fonctionnaires


que la mobilité est


une contrepartie


de l’emploi à vie


et qu’elle doit


permettre d’adapter


les services aux


besoins des usagers,


il faudrait également


envisager des


affectations d’offi ce


dans certaines


circonstances


© Max Böhme on Unsplash© Max Böhme on Unsplash
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