C
omya group est une SARL à asso-
cié unique marocaine qui a été
fondée en novembre 2018.
Pourquoi au Maroc? Parce que
j’y ai mes origines et parce que le projet étant
de créer une société de sécurité africaine pour
des Africains, cela n’aurait pas eu de sens de
démarrer depuis l’Europe. Depuis la fin de
l’année dernière, la société s’est implantée au
Nigeria, au Maroc et j’envisage d’ouvrir une
antenne européenne. Ceci peut paraître
contradictoire mais en termes de compliance
et autres problématiques bancaires, cela
devient nécessaire. Comya peut s’entendre de
deux façons. La première est la dimension
géographique signifiée par “mya” pour
Moyen-Orient et Afrique. La deuxième est
plus personnelle, Myriam étant le prénom de
mon épouse. Quant à la mention “groupe”, elle
est là pour signifier l’ambition de cette société
qui est de fournir à une large échelle une pres-
tation de services multiples dans le domaine
de la sécurité et du conseil, de façon à jouer
un rôle de facilitateur de l’implantation
économique d’entreprises étrangères en
Afrique. J’ai fini l’année 2018 au bout de deux
mois d’existence avec 450 000 euros de chiffre
d’affaires, et je vise un CA de 3 millions d’eu-
ros pour 2019, l’idée étant de viser à 10 ans un
chiffre de 300 à 500 millions. Les Africains
sont demandeurs. Ce développement passera
par de la croissance externe, des partenariats
fidèles, un fonds d’investissement. La sécurité
corporate est le cœur de métier de Comya. La
demande sur ce marché est forte, tant dans la
collecte des informations stratégiques que
dans la sécurisation des personnes. La
promesse est de garantir une information
fiable qui épargne les mauvaises surprises et
réduit les risques d’échec.
L’impératif de la sécurité en Afrique
La sécurité est le premier impératif au déve-
loppement du continent africain. La crois-
sance économique de ce continent viendra dès
lors qu’il y aura la sécurité au sens large : la
bonne gouvernance, la compliance pour les
banques, la sécurité des expatriés qui sont sur
place. Sans cette sécurité, à la fois assurée par
l’institutionnel et par le privé, l’Afrique
restera considérablement freinée dans son
développement, en dépit d’une croissance
démographique plus rapide qu’en Chine ou en
Inde. Le besoin d’assistance se positionne à
l’intersection des investisseurs économiques
étrangers, des pays africains souvent mal
connus et de la problématique de la sécurité.
Aujourd’hui, les grands groupes ont besoin
d’être rassurés, premièrement sur la bonne
gouvernance, et deuxièmement sur le fait que
lorsqu’ils envoient des gens en Afrique, ces
derniers ne sont pas en danger. Il y a une troi-
sième dimension, souvent mal prise en
compte, qui est la nécessité de disposer d’in-
formations viables et d’interlocuteurs fiables,
ce que recouvre l’intelligence économique et
stratégique. Une démarche simple en France
où il y a des process et des données balisées
(dépôts annuels des bilans par exemple) mais
qui est balbutiante en Afrique. Un groupe
étranger peut être sollicité au vu de sa capa-
cité d’investissement par des partenaires dont
il lui est difficile de vérifier la fiabilité. Or
jusqu’ici, il n’existe sur le continent africain
aucune société rendant un tel service.
Résultat, les entreprises occidentales vont en
Afrique à 95 % à l’aveugle, sans informations
viables et fiables. Elles recourent à des
“carottes” qui servent d’intermédiaire pour
verser des fonds douteux dans le but de
pouvoir conclure un marché par la suite. Si
bien qu’elles se mettent d’emblée en défaut
par rapport à la bonne gouvernance, par
rapport à leur propre déontologie et en consé-
quence n’arrivent pas à développer leurs
projets du fait d’être passé par un mauvais
intermédiaire tout en s’exposant à la concur-
rence des Russes, des Chinois et des Indiens,
beaucoup moins regardants sur ces probléma-
tiques
Le paysage concurrentiel
Aujourd’hui, le marché de la sécurité est
saturé en France et en Europe. Il y a des socié-
tés spécialisées dans la sécurité rapprochée,
de sociétés d’investigation et d’intelligence
économique. Un secteur qui n’est pas à propre-
ment parler régulé. Résultat : l’intelligence
économique suscite assez naturellement la
suspicion et continue d’évoquer la pose de
micros, l’espionnage industriel, le renseigne-
ment, etc. Ce marché est pris par différentes
sociétés : Kroll (société américaine), Blackcub
Alexandre
Benalla,
Vu d’en hautVu d’en haut
fondateur et dirigeant de Comya, à propos de ses ambitions fondateur et dirigeant de Comya, à propos de ses ambitions
entrepreneuriales sur le marché africain de la sécuritéentrepreneuriales sur le marché africain de la sécurité
“Il y a un temps politico-médiatique, il y aura
un temps judiciaire, et il y a le temps écono-
mique. Le judiciaire ne me met pas le pis-
tolet sur la tempe.”tolet sur la tempe.”tolet sur la tempe.” Alexandre Benalla, l’ex- Alexandre Benalla, l’ex-
adjoint au chef du cabinet du président de
la République qui est toujours aujourd’hui
sous le coup d’une information judiciaire
après les violences du 1ererer mai 2018, entend mai 2018, entend
plus que jamais aller de l’avant. Sa nou-
velle casquette? Chef d’entreprise. “J’avais
la volonté de devenir entrepreneur pour
concilier mes trois passions : l’aventure,
la sécurité et l’intelligence économique,
et l’Afrique” , explique-t-il. Ainsi a-t-il créé
en novembre dernier Comya, société de
conseil et de sécurité dont le but est “de
faciliter l’implantation d’entreprises étran-
gères en Afrique en leur garantissant
une information fi able qui épargne les
mauvaises surprises et réduit les risques
d’échec”. Après des premiers mois d’acti-
vité prometteurs, Alexandre Benalla affi che
son ambition de faire de Comya “un géant
européen” de la sécurité et de l’intelligence
économique en Afrique, visant un chiffre
d’affaires de 300 à 500 millions d’euros à
un horizon de dix ans. “La sécurité, c’est
avant tout de l’intelligence, une capacité à
se projeter, à anticiper tel ou tel scénario,
à évaluer les risques. Les ‘gros bras’ ne
représentent que 5 % de l’activité” , valo-
rise Alexandre Benalla, précisant qu’il est
en discussion avec un fonds d’investisse-
ment américain et un partenaire allemand
pour fi nancer le développement, essentiel-
lement par acquisitions, de sa société.
PROPOS RECUEILLIS PAR PHILIPPE PLASSART
Entretien
Portrait par Olivier Roller
"Nous, Français et Européens, nous sommes toujours les premiers à nous tirer une balle dans le pied en Afrique"