Le Monde - 15.02.2020

(Romina) #1

L’Atelier Vime, la fibre du SUD.


C’EST UN LIVRE QUI, EN  2015, a fait basculer
Benoît Rauzy dans l’osier. Plus précisément une thèse,
soutenue en 1968 à l’université de Montpellier par un
certain Charles Galtier. En glanant sur Internet des infor-
mations sur la petite cité gardoise, à mi-chemin entre
Arles et Avignon, où il venait d’acquérir une maison avec
son compagnon, Anthony Watson, le consultant est
tombé sur ce texte : Les Vanniers de Vallabrègues. Il
dévore cette somme, qui décrit un écosystème en fin de
vie. Pendant ce temps, Benoît Rauzy se renseigne sur
l’histoire de leur demeure, située dans une ruelle du
centre-bourg. II découvre que cette construction du
xviiie siècle a appartenu à une famille de vanniers, dont
l’activité a périclité en 1972, quand le plastique a massi-
vement remplacé l’osier pour les objets du quotidien.
Ces découvertes leur ouvrent un monde de possibles.
« L’osier est une histoire d’eau, d’écologie, de croissance
et d’art de vivre... Il se trouve à la croisée de nos deux
compétences », s’enthousiasme Benoît Rauzy, spécialiste
des infrastructures et de la gestion des ressources
hydriques. Anthony Watson, lui, est styliste et directeur

artistique. Dès lors, le couple se passionne pour la van-
nerie, une activité traditionnelle liée à la profusion
d’osier sauvage qui profite des conditions climatiques
idéales de cette région située entre la Camargue et le
Languedoc. Ils fondent Atelier Vime et ébauchent, avec
la designer Raphaëlle Hanley, leurs premiers croquis de
suspensions, miroirs, paravents, colonnes, etc. Mais leur
maison nécessite aussi leur attention... Elle forme un
palimpseste de murs peints à la caséine, de tomettes et
de faux marbre, le tout en très mauvais état. « Elle nous
plaisait comme elle était, chargée de son histoire, se sou-
vient Benoît Rauzy. On aimait la lumière qui la baignait
grâce à ses nombreuses ouvertures. C’est une belle bâtisse,
mais qui ne la ramène pas, faite par des gens qui avaient
du goût. L’exposition, les proportions, les matériaux, les
volumes : rien n’était laid. »
Au rez-de-chaussée, le salon d’hiver donne sur la ruelle
tandis que le salon d’été, idéal pour faire la sieste à la
chaude saison, et la cuisine sont ouverts sur la cour. Au
milieu, un escalier monumental dessert les chambres
de l’étage. Dans chaque pièce, Benoît Rauzy et

L’ESPRIT DU LIEU


ALORS QU’ILS ACHETAIENT LEUR MAISON, ENTRE ARLES ET AVIGNON, BENOÎT
RAUZY ET ANTHONY WATSON ONT DÉCOUVERT QU’ELLE AVAIT ACCUEILLI
UNE ACTIVITÉ DE VANNERIE. UN ARTISANAT TOMBÉ EN DÉSUÉTUDE QU’ILS ONT
REMIS AU GOÛT DU JOUR EN INSTALLANT LEUR ATELIER, FAISANT DE LA DEMEURE
UN ESPACE DE VIE COMME DE CRÉATION.

Texte Marie GODFRAIN – Photos Yohanne LAMOULÈRE

LE GOÛT


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