Libération - 02.03.2020

(avery) #1

Libération Lundi 2 Mars 2020 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 15


DES TÊTES DE LISTE
DE GAUCHE ET ÉCOLOGISTES
EN BRETAGNE

Des villes raflées en 2014, Ha-
yange (en Moselle) est celle
pour laquelle le Rassemble-
ment national fanfaronne le
moins sur ses chances de ré -
élection. Il y a six ans, Fabien
Engelmann l’avait emporté à
la faveur d’une quadrangu-
laire, où tout le monde s’était
maintenu en dépit de la
menace. Score final : 34,7 %.
Cette fois, ses concurrents
se sont mis d’accord pour se
retirer s’ils n’étaient pas les
mieux placés au second tour,
pour «ne pas prendre la res-
ponsabilité d’une deuxième
victoire» de l’extrême droite.
Le RN parie sur une prime
au maire en place qui aurait
«fait son trou». Mais le man-

dat de l’ «ancien gauchiste»,
tel qu’Engelmann se définit
lui-même – il a été cégétiste,
adhérent Lutte ouvrière,
puis NPA, avant de rejoindre
le FN –, a été moins calme
qu’espéré. Un temps me-
nacé de destitu-
tion pour des ir-
régularités dans
ses comptes de
campagne, il a surtout fait
parler pour sa «fête du co-
chon» et le harcèlement du
Secours populaire local.
Le parti d’extrême droite met
en avant cet élu imprévisible
pour vanter sa stratégie vi-
sant à démontrer que la ges-
tion RN, «ça marche». Contre
lui se présente Jean-Marc

Marichy, issu de l’opposition.
Sur sa liste «Hayange en har-
monie», il y a de tout, et no-
tamment des gens de LFI.
Il y a aussi le Parti ouvrier
indépendant démocratique
et, enfin, Rebecca Adam.
Le maire sortant
et Marichy en ont
à redire contre
cette candidate
sans étiquette : ils l’accusent
d’être soutenue par LREM, ce
qu’elle dément. Après avoir
bossé pour le PS Philip Cor-
dery, Adam est devenue col-
laboratrice du député Modem
Brahim Hammouche. Elle as-
sure qu’on l’aurait «accusée
d’être une femme, donc pas lé-
gitime». Que ce soit chez En-

Paris Rachida Dati veut en finir avec
l’encadrement des loyers

La candidate LR à Paris, Rachida Dati, a précisé dimanche
sur BFM TV son programme sur le logement, annonçant
qu’à «moyen ou long terme» elle mettrait fin à l’encadre-
ment des loyers. «L’encadrement des loyers, c’est une consé-
quence. Vous ne traitez pas la cause. [...] C’est encore une
punition.» En janvier, l’Observatoire des loyers de l’agglo-
mération parisienne notait que les loyers privés parisiens
ont augmenté de manière plus marquée en 2018, année
pendant laquelle leur plafonnement avait été interrompu.
La mairie a réinstauré la mesure l’an dernier. PHOTO AP

gelmann ou Marichy, on
pointe le fait qu’Adam,
44 ans, née à Hayange, a
été candidate en Belgique
en 2014. Elle avait fait 1,63 %.
La candidate a des arguments
en retour, prône le «déga-
gisme» quand Marichy a été
adjoint de Philippe David,
maire pendant dix-sept ans.
Adam rappelle aussi qu’En-
gelmann, avant de gagner,
avait fait 6,41 % aux munici-
pales de 2008 à Thionville,
puis 2,24 % aux régionales
sous la bannière NPA. L’air de
dire : on peut partir de loin
pour créer la surprise, il suffit
de choisir le bon cheval.
TRISTAN BERTELOOT
Mardi : Mantes-la-Ville.

A Hayange, Engelmann entravé


Une semaine dans des villes RN


SÉRIE 1/


En une heure, on aura en-
tendu parler féminisme,
combats syndicaux ou en-
core dauphins en voie de
disparition. Samedi, les in-
soumis parisiens, emmenés
par Danielle Simonnet et Vi-
kash Dhorasoo, étaient en
meeting à la Bellevilloise.
Avec un mot-clé : municipa-
lisme. La théorie, née dans
les années 70, fait de la ville
l’échelon central pour que
les citoyens s’emparent du
pouvoir. «Il s’agit d’organi-
ser l’auto-organisation du
peuple», résume Danielle Si-
monnet, citant le sociologue
américain Saul Alinsky. D’où
la mise en avant des profils
citoyens et militants qui
remplissent leurs listes. Tels,
outre Dhorasoo, Lamya Es-
semlali (dans le XIVe), prési-
dente de Sea Shepherd
France et vice-présidente
du parti antispéciste REV,
Frédéric Viale, membre
du collectif «Non aux
JO 2024» (XVe), Natalia
Rebollo Quero, militante
de Podemos (VIIIe), Ourida
Makboul, syndicaliste intéri-
maire (XVIe)... Dix-sept
binômes, soumis au vote
lors d’une «assemblée ci-
toyenne». Dans le lexique de
Décidons Paris, il y a aussi

les «débats mouvants» (on
trace une ligne au milieu
d’une salle qui matérialise le
camp des pour d’un côté, des
contre de l’autre, dans les-
quels les participants se si-
tuent au gré des débats) ou
encore le «programme parti-
cipatif», élaboré avec les
citoyens qui souhaitaient
s’engager.
Au cœur de ce programme :
le référendum d’initiative ci-
toyenne (RIC) local.
L’acronyme, mis en
avant par les gilets
jaunes, désigne la possibilité
de déclencher un référen-
dum pour contrer une pro-
position dès que 5 % des ins-
crits sur les listes signent
une pétition. Un processus
qui serait modulable au ni-
veau de l’arrondissement.
En attendant la prise de
pouvoir citoyenne, Danielle
Simonnet, seule insoumise
du Conseil de Paris sortant,
auteure de 700 vœux pen-
dant la mandature, s’amuse
d’avoir fait grimper le temps
de parole des femmes dans
l’hémicycle. «Je me suis écla-
tée, raconte-t-elle à Libé. J’ai
été la seule incarnation d’une
cohérence pendant la man-
dature.» Et désormais, assu-
re-t-elle, «la seule représen-

tante des classes populaires»
dans la campagne. L’élue ne
laisse personne indemne.
Les écolos? «Ils ont voté tous
les budgets de la ville.» Le
PCF? «Ian Brossat est la cau-
tion communiste de la majo-
rité mais il n’a mené aucune
bataille contre Missika.»
Jean-Louis Missika, adjoint
en charge de l’urbanisme
de l’équipe sortante et bête
noire de Danielle Simonnet.
L’homme, qui a pi-
loté le programme
d’Anne Hidalgo,
serait à ses yeux largement
responsable de la politique
de financiarisation de la
ville, peu à peu grignotée par
les intérêts privés. Exemple
souvent cité : le crémato-
rium du Père-Lachaise, jus-
que-là géré par la ville et qui
sera désormais contrôlé par
Funecap, une société privée.
«Ils ont accepté la mise en
concurrence et c’est le privé
qui remporte le marché», en-
rage Danielle Simonnet.
Dans la grille de lecture de
cette dernière, tout est lié :
le rapport au privé, le pro-
blème du logement et l’ur-
gence écologique. Pour le
démontrer, elle parle des
moineaux. A Paris, 70 % de
l’espèce a disparu, la faute à

la bétonisation. «Le privé
a mis du béton partout
pour rentabiliser le moindre
mètre carré. C’est la même
spéculation qui a chassé les
moineaux et les classes po -
pulaires.» La candidate pro-
pose donc d’organiser un ré-
férendum pour demander
aux Parisiens s’ils veulent
que la mairie récupère
trois compétences de l’Etat :
l’application de la loi de
réquisition, l’encadrement
des loyers et la régulation ou
l’interdiction d’Airbnb. Et de
convaincre le gouvernement
de céder en cas de réponse
positive. Ce que promet
aussi Paris en Commun,
comme l’a prévu l’accord
entre le PS et le PCF...
En 2014, seule la liste LFI
du XXe, menée par Danielle
Simonnet, s’était maintenue
au second tour. Cette fois, les
insoumis misent aussi sur
les XIIIe, XVIIIe et XIXe ar-
rondissements. «On est plus
implantés dans les quartiers
populaires qu’en 2014», veut
croire Danielle Simonnet. La
seule élue parisienne de La
France insoumise s’amuse :
«On part du nul au Conseil
de Paris donc forcément, on
progressera.»
CHARLOTTE BELAÏCH

A Paris, les candidats insoumis


misent sur le «municipalisme»


RÉCIT


Comment on élit
un conseil municipal
Comment passe-t-on du ré-
sultat brut des scrutins (en voix) à un nombre
d’élus puis à l’élection du maire de la commune?
Prime majoritaire, quotient électoral, plus forte
moyenne et tutti quanti : à deux semaines du
premier tour, révision en graphiques. Et si c’est
toujours pas clair, rattrapage en vidéo.

LIBÉ.FR

Une douzaine de têtes de liste de gauche et écologistes pour
les municipales en Bretagne ont lancé samedi à Lorient un
appel en faveur des villes moyennes «au cœur de la transition
écologique». «Notre mobilisation s’inscrit dans le refus d’une
Bretagne à deux vitesses où, à côté de territoires métropolitains
qui concentrent la richesse et la population, d’autres territoires
ruraux ou de villes moyennes s’affaiblissent»,
défendent les
signataires. Parmi les villes représentées dans cette initiative :
Lorient, Auray, Guingamp, Quimper, Douarnenez, Lanester,
Quimperlé, Saint-Brieuc, Saint-Malo, Dinan, Pontivy, Redon,
Plérin, Plabennec, ainsi que trois communes de Loire-Atlanti-
que, Châteaubriant, Chaumes-en-Retz et Vallet. Les signatai-
res insistent sur leur «détermination» à développer des politi-
ques de transition écologique «à la hauteur des enjeux» et «en
lien étroit avec le monde rural».


«Notre


mobilisation


s’inscrit


dans le refus


d’une Bretagne


à deux vitesses.»

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