Libération - 02.03.2020

(avery) #1

Libération Lundi 2 Mars 2020 u 21


Samedi, une centaine de ma-
nifestants se sont rassemblés,
au bois de Boulogne pour
rendre hommage à Jessyca
Sarmiento, prostituée trans
péruvienne de 38 ans fauchée
par une voiture le 21 février
vers 2 h 30 du matin, en plein
milieu du bois, alors qu’elle
travaillait. Une enquête pour
«homicide volontaire» a été
ouverte mais, à ce jour, aucun
suspect n’a été interpellé. En
quelques jours, le visage de
Jessyca Sarmiento est devenu
familier pour tous les mili-
tants présents, même ceux
qui ne l’avaient jamais ren-
contrée : ses longs cheveux
blonds, ses grands yeux bleus
et maquillés, son sourire...
Comme sa compatriote Va-


nesa Campos il y a un an et
demi, elle est devenue un
symbole. Celui d’une «mort
injuste dans une société trans-
phobe et putophobe», dé-
nonce Mimi, présidente de
l’association de défense des
personnes trans Acceptess-T.
Les associations de défense
des travailleuses du sexe pré-
sentes sont convaincues :
cette mort, comme toutes les
autres, est le résultat des poli-
tiques abolitionnistes de
l’Etat. Les mots «Clients pé-
nalisés, putes en danger» re-
couvrent des morceaux de
carton un peu partout.
A l’avant du cortège, Gio-
vanna Rincon, directrice
d’Acceptess-T, mène la mar-
che. Elle scande : «Schiappa,

on veut des droits, pas de bla-
blabla !» «Jessyca assassinée,
Etat complice !»
A l’écart, un homme aux che-
veux bruns avance en silence,
la tête baissée. Severino,
43 ans, est le frère de Jessyca.
Il est arrivé du Pérou vendredi
et va rester en France jusqu’à
ce que le corps de sa sœur soit
rapatrié. Il décrit une femme
joyeuse, «toujours prête à ai-
der ceux qui sont dans le be-
soin». Severino n’est pas là
«seulement pour Jessyca mais
pour toutes les personnes
trans. Elles méritent les mê-
mes droits humains que les
autres». Act Up-Paris a ras-
semblé 1 000 euros pour les
frais funéraires et le rapatrie-
ment du corps. Jessyca était
arrivé e en France en
avril 2019. La prostitution
était une façon de gagner sa
vie en attendant de pouvoir
devenir cuisinière. Elle était
accompagnée par l’associa-
tion Acceptess-T pour obtenir
un titre de séjour et suivait
des cours de français depuis
janvier. «C’était une femme
bien, qui faisait tout pour s’in-
tégrer en France», relate
Mimi, un bouquet de roses
blanches dans les bras.
CASSANDRE LERAY
PHOTO CHA GONZALES

Jessyca Sarmiento, une «mort injuste


dans une société transphobe»


RÉMUNÉRATIONS

LES INÉGALITÉS

METTENT-ELLES EN PÉRIL

NOTRE DÉMOCRATIE?

MERCREDI 4 MARS

À 19H3 0

UNE SOIRÉE DE DÉBATS

À LIBÉRATION

PLACES LIMITÉES. INSCRIPTION GRATUITE SUR LIBERATION.FR, RUBRIQUE EVÈNEMENTS
RENDEZ-VOUS À LA RÉDACTION DE LIBÉRATION
2 RUE DU GÉNÉRAL ALAIN DE BOISSIEU, 75015 PARIS
#ForumLibe Remunerations

FORUM

de l’entreprise et le détail par
critère doit être précisé à
l’inspection du travail et au
comité social et économique
(CSE). En cas d’index infé-
rieur à 75 points, précise le
ministère du Travail, «l’entre-
prise doit mettre en place des
mesures correctives» pour at-
teindre au moins ce seuil, en
trois ans. Si elle ne le fait pas,
ou si elle ne prend même pas
la peine de publier son index,
elle s’expose à une pénalité
financière jusqu’à 1 % de sa
masse salariale annuelle.
Jusqu’ici, les entreprises ont
plus ou moins joué le jeu : en
septembre, la ministre du
Travail avait indiqué que
99 % des entreprises de plus
de 1 000 salariés avaient pu-

2019, devront la réactualiser.
L’enjeu est de taille : 9 %
d’écart de rémunération est
toujours constaté entre un
homme et une femme à poste
et carrière égaux.
Le calcul de l’index se fait sur
100 points autour de quatre
ou cinq critères : l’écart de
rémunération femmes-hom-
mes, l’écart dans les augmen-
tations annuelles, les aug-
mentations au retour de
congé maternité, la présence
de femmes parmi les plus
gros salaires de l’entreprise et


  • pour les entreprises de plus
    de 250 salariés – l’écart dans
    les promotions. L’index ob-
    tenu, qui fonctionne sur la
    base de l’autoévaluation, doit
    être publié sur le site internet


blié leur index, avec un résul-
tat moyen de 83 sur 100. En
revanche, seules 68 % de
celles ayant un effectif entre
250 et 1 000 salariés avaient
répondu à l’appel, pour une
moyenne de 82 sur 100. Tou-
tes catégories confondues,
17 % étaient en «alerte rouge»,
en dessous des 75 points, se-
lon Muriel Pénicaud.
Quant à l’efficacité de l’outil,
nombre de syndicats en
avaient pointé les lacunes de
l’index lors de sa mise en
place. A commencer par sa
formule de calcul qui risque,
selon eux, de camoufler une
partie des inégalités.
AMANDINE CAILHOL

Lire en intégralité sur Libé.fr.

Comment mon vieux
Gitane est devenu
un vélo électrique
Mettre un moteur dans son vieux
vélo, c’est désormais possible. Pratique lorsque
l’on n’a pas envie d’investir dans une nouvelle bi-
cyclette ni de mettre au clou son biclou, ce dispo-
sitif est en pleine expansion. On a testé, et ap-
prouvé. A lire dans notre chronique «Roues cool».

Il y a ceux qui fanfaronnent,
comme le groupe Sigvaris,
dans le secteur médical, qui
se félicite de son résultat : 98
sur 100 à l’index de l’égalité
professionnelle entre fem-
mes et hommes pour l’an-
née 2019, «bien au-dessus du
seuil minimal de 75 points».

Ou la société informatique
Webnet, qui affiche un index
égalité de 90 sur 100. Et il y a
les autres, plutôt silencieux.
Depuis dimanche à minuit,
toutes les entreprises de plus
de 50 salariés doivent avoir
calculé leur index de l’égalité
professionnelle. Pour celles
entre 50 et 250 salariés, il
s’agira de la première fois.
Les plus grosses, qui ont déjà
rendu leur copie courant


Index égalité professionnelle :


les entreprises doivent rendre leur copie


10 euros

C’est le seuil que vient de passer le paquet de
Marlboro, les cigarettes les plus vendues de
France, sous l’effet d’une hausse de 50 centimes
du prix de vente du tabac effective depuis diman-
che. Une deuxième hausse est prévue le 1er novem-
bre. Parmi les autres changements de ce début
mars, les tarifs réglementés du gaz chez Engie bais-
sent en moyenne de 4,6 % par rapport au mois de
février. Par ailleurs, les contribuables vont pouvoir
régler leurs impôts locaux et leurs amendes dans
les bureaux de tabac dans dix départements, avant
une généralisation en juillet. Côté transports, un
nouveau barème du malus pollution pour les voi-
tures est introduit, et une nouvelle mouture du
permis moto entre en vigueur.
Free download pdf