Libération - 02.03.2020

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6 u http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe Libération Lundi 2 Mars 2020


Le chef de l’Otan, Jens Stoltenberg, le président afghan, Ashraf Ghani, et le secrétaire à la Défense américain, Mark Esper, samedi à Kaboul. PHOTO WAKIL KOHSAR. AFP


MONDE


U


n accord précaire, qui ne
garantit pas la paix en
Afghanistan, mais un
accord quand même. Après plus
de dix-huit mois de pourparlers,
et dix-huit ans de guerre, les
Etats-Unis et les talibans se sont
entendus. En échange d’un re-
trait total des forces étrangères
d’ici quatorze mois, les insurgés
s’engagent à ne plus accueillir et
soutenir des groupes jihadistes
et à participer à des pourparlers
avec le pouvoir de Kaboul.
L’accord a été signé samedi
à Doha, la capitale du Qatar.
L’émissaire américain, Zalmay
Khalilzad, et le chef politique
des talibans, Abdul Ghani Ba -
radar, se sont serré la main sous
les applaudissements.
Les grandes lignes de l’accord,
déjà connues, ont été résumées
dans un document de quatre
pages dont chacune débute par
une longue formule : «Accord
pour aboutir à la paix en Afgha-
nistan entre l’Etat islamique
d’Afghanistan qui n’est pas re-
connu par les Etats-Unis comme
un Etat et qui est connu sous le
nom de talibans, et les Etats-
Unis d’Amérique.» Point essen-
tiel, exigé par les talibans depuis

toujours, Washington s’engage
à entamer immédiatement
un retrait progressif de ses
troupes. Alors qu’il y a environ
13 000 soldats américains au-
jourd’hui déployés, ils ne seront
plus que 8 600 d’ici cent trente-
cinq jours. Cinq bases de la coa-
lition devront fermer dans le
même délai. Le retrait total des
forces étrangères, et pas seule-
ment américaines, devra, lui,
avoir lieu dans les quatorze
mois. Washington usera en
outre de son influence diploma-
tique pour lever les sanctions
des Nations unies qui visent des
chefs talibans.
En contrepartie, les insurgés ont
pour obligation d’empêcher tout
groupe, y compris Al-Qaeda,
d’opérer depuis le sol afghan
et de «menacer la sécurité des
Etats-Unis et de ses alliés». Les
insurgés devront aussi lancer
des discussions «intra-afgha-
nes», avec pour objectif d’aboutir
à «un cessez-le-feu permanent».

«DÉLAI TRÈS COURT»
Le texte public ne détaille pas les
moyens de contrôle pour s’assu-
rer que chaque partie respecte
ses engagements. Depuis Ka-
boul, le chef du Pentagone, Mark
Esper, a prévenu : «Si les talibans
ne respectent pas leurs engage-

Par
LUC MATHIEU

AFGHANISTAN


Un accord de paix


«sans crier victoire»


Après dix-huit mois de discussions et dix-huit ans


de guerre, un texte historique a été signé samedi entre


Washington et les talibans en vue d’un retrait des troupes


américaines et l’ouverture de négociations entre Afghans.

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