Les Echos - 02.03.2020

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08 // MONDE Lundi 2 mars 2020 Les Echos


de ne plus bloquer le passage des
réfugiés syriens vers l’Europe. Con-
fronté à un flux de réfugiés qu’il juge
ingérable, le président turc, Recep
Tayyip Erdogan, avait donné il y a dix
jours au régime syrien jusque fin
février pour stopper son offensive
dans l a région d’Idleb, faute d e quoi il
contre-attaquerait militairement.
Près de 900.000 civils ont fui la
région depuis décembre vers la Tur-
quie. Damas, de son côté, tient à
reprendre Idleb pour proclamer
avoir gagné la guerre civile qui sévit
depuis le printemps arabe de 2011,

soutenu de manière incondition-
nelle, jusqu’ici, par la Russie. Un con-
flit direct entre Russie et Turquie ne
paraît donc plus totalement invrai-
semblable. L’Union européenne
s’est même inquiétée d’un « risque de
confrontation militaire internatio-
nale majeure » en Syrie et dit envisa-
ger « toutes les mesures nécessaires
pour protéger ses intérêts en matière
de sécurité ».
« Nous ne retiendrons plus ceux
qui veulent se rendre en Europe », a
déclaré vendredi un haut responsa-
ble turc. Une annonce visant à tor-

dre le bras des Européens pour
obtenir un soutien plus franc dans
la c rise s yrienne, qui r éveille le spec-
tre d’une grave crise migratoire. La
Turquie accueille sur son sol 4 mil-
lions de réfugiés, syriens pour la
plupart. Elle s’est engagée en 2016
auprès de Bruxelles à retenir les
migrants en transit, moyennant des
milliards d’euros d’aide. Face à
l’arrivée, dimanche, de milliers de
migrants, la Grèce a placé ses fron-
tières en état de sécurité maximale.
L’agence européenne de contrôle
des frontières Frontex a aussi

déployé des renforts à la frontière
gréco-turque.

Moscou prétend
calmer le jeu
Après avoir attribué le raid meur-
trier d e vendredi à l’aviation
syrienne, Ankara a affirmé diman-
che avoir détruit plus de 100 chars,
des systèmes de défense antiaé-
rienne et deux avions de combat
syriens en représailles. Près de 90
militaires syriens auraient été tués.
Au v u de la supériorité aérienne
russe dans le ciel d’Idleb, Ankara a

Yves Bourdillon
@yvesbourdillon


Tr ente-trois soldats turcs ont été
tués vendredi par des avions s yriens
mais aussi, vraisemblablement
russes, près d’Idleb. Ce qui pourrait
constituer un incident militaire
sans précédent entre d es unités r us-
ses et celles d ’un membre de
l’Alliance atlantique.


Les flux de réfugiés comme
arme de guerre
Les ambassadeurs auprès de l’Otan
des 29 Etats membres se sont
d’ailleurs réunis en urgence ven-
dredi, à Bruxelles, en vertu de l’arti-
cle 4 du traité qui peut être invoqué
par un allié estimant son intégrité
territoriale, son indépendance poli-
tique o u sa sécurité menacée.
Ankara a, à la fois, appelé à l’aide ses
alliés occidentaux, qu’il snobait
pourtant, et mis la pression sur ses
partenaires européens en menaçant


PROCHE-ORIENT


Une trentaine
de soldats turcs ont
été tués par l’aviation,
officiellement, de
Damas, dans la région
d’Idleb, en Syrie.


La Russie et la Turquie
sont au bord
d’un conflit armé, mais
Moscou dit travailler
à éviter que
ne se renouvellent
de telles « tragédies ».


Manifestation contre la Russie et Vladimir Poutine, samedi à Istanbul. Photo Emrah Oprukcu/NurPhoto/AFP

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demandé à la communauté inter-
nationale d’instaurer une zone
d’exclusion aérienne. Le Kremlin
a affirmé que les soldats turcs
visés se trouvaient au milieu de
terroristes, mais s’est dit p rêt à tra-
vailler à « éviter que ne se renouvel-
lent de telles tragédies ». Recep
Tayyip Erdogan a convoqué dans
la nuit un conseil de sécurité
extraordinaire à Ankara. Ven-
dredi, la presse turque évoquait
son choc et sa colère, certains
journaux proches du pouvoir
appelant à la « vengeance ».
La Turquie a déjà perdu 53 sol-
dats en février lors d’affrontements
avec les forces syriennes. Des rebel-
les syriens s outenus par Ankara o nt
repris jeudi une ville stratégique,
Saraqeb, sur l’autoroute reliant
Damas à Alep. La Russie a annoncé
vendredi l’envoi en Méditerranée d e
deux frégates depuis sa base en Cri-
mée, via le détroit du Bosphore.
Conformément à la Convention de
Montreux de 1936, Ankara ne pour-
rait interdire ce transit que si elle
s’estime « menacée d’un danger de
guerre imminent ».
Turquie et Russie à deux doigts de la guerre
L’ Union européenne
s’est inquiétée
d’un « risque
de confrontation
militaire
internationale
majeure » en Syrie
et dit envisager
« toutes les mesures
nécessaires pour
protéger ses intérêts ».
de lever des sanctions.
« Si les talibans ne respectent pas
leurs engagements, ils perdront leurs
chances de s’asseoir avec les autres
Afghans et délibérer de l’avenir de
leur pays », a assuré de son côté le
chef du Pentagone, Mark Esper, qui
était dans la capitale afghane. « Les
Etats-Unis n’hésiteraient pas à annu-
ler l’accord », a-t-il assuré.
Alors que la relation de Washing-
ton avec le gouvernement afghan
s’est distendue, l’accord renvoie de
fait aux talibans et à Kaboul la res-
ponsabilité de discuter de leurs
conditions de cohabitation. Un pari
difficile, reconnaissent eux-mêmes
Mark Esper et le secrétaire d’Etat
américain Mike Pompeo, qui évo-
quait ces derniers jours « le dur tra-
vail de réconciliation ». S elon
l’accord, les discussions doivent
démarrer le 10 mars.
Une promesse électorale
de Trump en 2016
En dix-huit ans de conflit, les condi-
tions mises à la signature d’un
accord se sont progressivement
réduites côté américain. L’essentiel
pour Washington était désormais
de prendre ses distances avec un
conflit qui s’enlise, mais surtout de
respecter la promesse électorale de
2016 de terminer les guerres, alors
que Donald Trump fait campagne
pour sa réélection.
En décembre, l’analyse de docu-
ments de l’administration améri-
caine par le « Washington Post »
montrait le fossé entre la réalité du
terrain et l’affichage public de pro-
grès « cachant des preuves que la
guerre était impossible à gagner ». A
cette aune, l’accord de paix pourrait
être interprété comme une preuve
de réalisme, avec un conflit qui aura
tué près de 2.000 militaires améri-
cains et plusieurs dizaines de mil-
liers de civils afghans. Il aura aussi
coûté aux Américains, selon les
estimations, entre 1.000 et
2.000 milliards de dollars.n
Vé ronique Le Billon
@VLeBillon
—Bureau de New York
Qui a gagné la guerre en Afghanis-
tan? En septembre, les Etats-Unis
avaient abruptement mis fin aux
négociations de paix avec les tali-
bans, en représailles à une attaque
tuant un soldat américain. Six mois
plus tard et dix-huit ans après
l’entrée en guerre des Etats-Unis
suite aux attentats du 11 septembre
2001, un accord a été signé ce
samedi à Doha (Qatar), lieu des dix-
huit mois des négociations.
« Nous exhortons les Afghans à
saisir la chance de la paix », avait
encore appelé vendredi Donald
Trump. « Si les talibans et le gouver-
nement afghan parviennent à res-
pecter leurs engagements, nous
aurons une v oie toute tracée
pour mettre fin à la guerre en Afgha-
nistan et ramener nos soldats à la
maison », a-t-il promis.
Deux parties « fatiguées »
L’ac cord a été scellé entre deux par-
ties « fatiguées », selon l’expression,
mardi, du secrétaire d’Etat améri-
ASIE CENTRALE
Dix-huit ans après
l’entrée en guerre
des Etats-Unis suite
aux attentats du
11 septembre 2001, un
accord a été signé ce
samedi à Doha (Qatar).
Il prévoit un retrait
total des troupes
étrangères d’ici à qua-
torze mois. L’essentiel
pour Washington
est de prendre
ses distances avec
un conflit qui s’enlise.
Afghanistan : talibans et
Etats-Unis signent un acccord
cain Mike Pompeo mais aussi de
Sirajuddin Haqqani, numéro deux
des talibans, ainsi qu’il l’a écrit dans
une tribune publiée par le « New
York Times » il y a dix jours.
La « réduction de la violence »
pendant une semaine, demandée
en signe de bonne foi et de test aux
dirigeants talibans, était la dernière
condition suspensive. Respectée
pour l’essentiel, elle a permis la
signature formelle d’un texte sous
l’œil d’une trentaine de pays, qui
avaient envoyé leur représentant.
Le gouvernement afghan n’a de son
côté envoyé qu’une petite déléga-
tion, pour une « prise de contact »
avec les talibans.
L’accord prévoit « un calendrier
pour un retrait des troupes à la fois
conditionnel et progressif », avait
indiqué ces derniers jours le secré-
taire d’Etat américain Mike Pom-
peo. Alors que les troupes améri-
caines stationnées en Afghanistan
sont environ 13.000, leur nombre
sera réduit dans les 135 jours à
8.600, soit le niveau atteint au
début du mandat de Donald
Trump. Elles o nt été jusqu’à
100.000 au pic de 2010.
Le retrait total de toutes les forces
étrangères d’Afghanistan est prévu
« au cours des quatorze mois suivant
la signature de l’accord ». En contre-
partie, « les talibans n’autoriseront
aucun de leurs membres, ou d’autres
individus ou groupes, dont Al Qaida,
à utiliser le sol afghan pour menacer
la sécurité des Etats-Unis et de leurs
alliés », indique l’accord, qui prévoit
aussi de libérer des prisonniers et
Le conflit a tué près
de 2.000 militaires
américains
et plusieurs dizaines
de milliers
de civils afghans.

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