12 u Libération Jeudi^20 Février 2020
V
ers Maubeuge, il y a cette chose à voir
à tout prix si l’on veut comprendre ce
qui cloche. Il s’agit de la N2. Pour «na-
tionale 2». Un peu plus haut vers le nord, la
route s’arrête net, et c’est pareil de l’autre côté,
vers le sud, à chaque fois au milieu d’un
champ. La vision est absurde. Après un pont,
la 2×2 voies donne sur un talus parsemé de
touffes d’herbe sans doute posé là pour sécuri-
ser, des fois qu’un gus se prendrait à foncer tout
droit – mais pour aller où? – et le talus grandit
à mesure du temps. Peut-être qu’un jour, il at-
teindra le ciel, obstruant la vue comme les ter-
rils du département voisin.
Le morceau de chaussée goudronnée vaut
le coup d’œil en tant que symbole des échecs
des politiques du coin, et aussi de point
culminant des frustrations de ses habitants.
L’un d’eux résume ainsi : «A Maubeuge, c’est
simple, on a raté tous les virages.» Il y a long-
temps, la N2 devait charrier un tas de monde,
Français, Belges, dans les deux sens, amener
de l’activité, du pognon, mais le projet a
échoué pour des raisons diverses, reporté
par les gouvernants successifs et les pro-
messes non tenues.
Les gens en ont marre, cela fait quarante ans
que ça dure, et tout est comme ça dans la
Par
Tristan Berteloot
Envoyé spécial à Maubeuge (Nord)
Photos Aimée Thirion
Au sud de Maubeuge, où les quatres voies de la route nationale 2 s’arrêtent net, au milieu d’un champ.
Reportage
«A Maubeuge,
c’est simple, on a raté
tous les virages»
Dans la ville du Nord, où la dette atteint des sommets et le chômage
culmine à 30 %, l’enthousiasme n’est pas au rendez-vous.
Pour tenter de ravir la ville au maire sortant, le Rassemblement
national a parachuté un jeune élu dont la campagne peine à prendre.
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