Libération - 20.02.2020

(C. Jardin) #1

Libération Jeudi 20 Février 2020 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 15


Paul vannier
En charge des municipales
à La France insoumise,
mercredi à l’AFP
DR


LREM Des
candidats dans la
moitié des villes
LREM a achevé mercredi ses
investitures. Au total, le parti
macroniste aura des candi-
dats dans 592 villes, soit près
de la moitié des communes
de plus de 9 000 habitants. Le
patron du parti, Stanislas
Guerini, s’est fixé deux objec-
tifs : porter à 10 000 le nom-
bre d’élus étiquetés LREM et
«consolider la majorité prési-
dentielle» en multipliant les
alliances, quitte à soutenir
des maires sortants PS, LR ou
autres. C’est ainsi que la
maire sortante PS de Vaulx-
en-Velin (Rhône), Hélène
Geoffroy, ex-ministre de
François Hollande, aura le
soutien de LREM comme ses
collègues de Clichy, Roman-
ville ou Le Creuzot. Là où il
n’aura soutenu ou investi
personne, le pari macroniste
se réserve la possibilité de dé-
livrer ses «recommanda-
tions». Photo AFP

«Les municipales ?» Tom,
l’un des six associés du
Café citoyen, un bar écolo-
giste, féministe et locavore
du centre-ville lillois, pose
une tirelire en carton sur
le comptoir. Les clients
peuvent y glisser des sous
pour soutenir l’opposition
au projet d’aménagement
de l’ancienne gare Saint-
Sauveur, défendu par la
maire PS, Martine Aubry.
La municipalité voudrait
transformer la friche en
quartier avec espaces
verts, piscine olympique et
logements, dans une ville
qui en manque. Mais le
centre-ville manque aussi
de nature, rappellent ceux
qui ­souhaitent préserver
ces 23 hectares de biodi-
versité, plan B à l’appui
adressé aux candidats au
beffroi. Enjeu de l’élection
locale, le projet est gelé,
après des recours en jus-
tice.
Ici, le devenir de Saint-
Sauveur colle aux préoccu-
pations de plus en plus
­généralisées sur l’urgence
climatique. «Il y a pas mal
de pistes cyclables, mais

Lille n’est pas une ville très
paysagère, glisse Lucie,
29 ans, au comptoir. Il
n’y a pas assez de vert,
pas d’eau...» Au premier
étage, Marine, enseignante
de 27 ans, atta-
blée devant
une soupe de
panais, dit que c’est pour
ça qu’elle votera écolo. «Je
ne demande pas un Central
Park mais quand même...
J’ai étudié à Lyon, il y avait
plus de monde et plus de
parcs», avance cette habi-
tuée du café. Un lieu «poli-
tisé mais pas partisan»,
­insistent deux ­autres asso-
ciées en plein service.
L’endroit brasse des mili-
tants et des clients entrés là
par hasard. On y collecte
des vêtements pour les
­réfugiés et les sans-abri,
on discute des façons de
se réapproprier l’espace
public, on consomme local
et bio... Pour certains,
comme Victor, 27 ans, ­venir
ici est aussi politique que
de ne pas aller voter au
­prochain scrutin. Il assume
son abstention, fruit d’un
ras-le-bol «de toujours

­choisir le moins pire». Au
dernier étage, Morgane,
33 ans, en chaussettes, les
jambes étendues sur une
banquette, partage sa vi-
sion. «On nous parle tout le
temps de cons-
cience écologi-
que. J’ai vu les
programmes arriver dans
ma boîte aux lettres. Je n’y
trouve rien. Ce sont juste
toujours les mêmes mots
clés.»
Tous les prétendants à la
mairie rivalisent de propo-
sitions pour verdir Lille,
encourager les mobilités
douces et améliorer la qua-
lité de l’air d’une ville régu-
lièrement concernée par
les pics de pollution aux
particules fines. «C’est de la
démagogie, faut montrer
qu’on sera meilleurs que les
autres, tranche Morgan. Je
ne leur fais pas confiance.
Dans une élection, le seul
but, c’est de rassembler des
voix.» A moins d’un mois
du premier tour, personne
n’a la sienne.
Sheerazad
Chekaik-Chaila
Correspondante à Lille

Une semaine dans les bistrots de Lille


«Je ne demande pas un Central


Park, mais quand même»


série 4/


A Paris, Anne Hidalgo ­
et l’hommage aux balayeurs
Comme les autres candidats dans la capitale,
la maire sortante a été auditionnée par Terra Nova et la Fondapol
mercredi. Elle en a profité pour défendre son projet «réalisé en quasi-
totalité», ajoutant vouloir «continuer à construire du logement» et
à agir pour le climat. Attaquée sur la propreté, elle a rétorqué que les
agents d’entretien avaient été très sollicités à cause des manifesta-
tions tous les samedis, en plus de leurs tâches habituelles. Photo AFP

LIBÉ.FR

Si on en croit les sondages, l’hypothèse d’une vague verte
­inédite se profile pour les municipales des 15 et 22 mars.
­A Bordeaux, à Strasbourg, à Besançon ou à Toulouse, Europe
Ecologie-les Verts est en position de pouvoir l’emporter, ce
qui est l’une des nouveautés de ce scrutin. Et c’est peu dire
que ce nouveau rapport de force à gauche, maintenant que
l’hégémonie socialiste appartient au passé, crée des remous.
Alors que près d’un électeur sur deux envisage de voter pour
une liste EE-LV dans les villes de plus de 10 000 habitants, les
nouvelles ambitions écolos font tousser. «On soutient parfois
des têtes de liste EE-LV mais la réciproque est beaucoup moins
vraie», souligne Paul Vannier, en charge des municipales à
LFI. Au PS et au PCF, beaucoup pensent comme lui.


«[EE-LV a pour


objectif] de


constituer le plus


grand nombre


de baronnies


locales.»


Nouveau rebondissement
dans la course de petits che-
vaux qui oppose les candi-
dats à la mairie de Paris. Pour
la première fois depuis le dé-
but de la campagne, Rachida
Dati passe devant Anne Hi-
dalgo dans un sondage. Selon
une enquête Odoxa com-
mandée par le Figaro, la can-
didate Les Républicains,
dont les chances étaient ju-
gées faibles voire nulles dans
son propre camp il y a quel-
ques semaines seulement,
est créditée de 25 % des voix
au premier tour. Elle dépasse
ainsi la maire sortante qui
faisait jusque-là la course en
tête et reste stable, à 23 %.


L’ancienn garde des Sceaux
progresse, elle, de 5 points
en un mois.
En janvier, elle s’était déjà
hissée devant Benjamin Gri-
veaux, passant à la 2e place
alors qu’elle s’était lancée
en 4e, derrière Cédric Villani.
Pour le candidat dissident en
revanche, la chute continue.
Alors que son camp confiait
la semaine dernière qu’il fal-
lait maintenant «décoller», il
passe de 10 % à 7 %.
Agnès Buzyn, testée pour la
première fois depuis qu’elle
a pris le relais de Griveaux,
est au niveau de son prédé-
cesseur, à 17 %. La candidate
se présente dans le XVIIe,

­l’arrondissement qu’avait
choisi ­Griveaux, devant Sta-
nislas Guerini, patron de
LREM. De son côté, le Vert
David Belliard reste stable
avec 14 % des intentions de
vote. Une enquête Harris
­Interactive publiée mercredi
vient toutefois tempérer ces
résultats, plaçant Hidalgo et
Dati à égalité, à 23 %. Buzyn y
est placée 3e, à 17 %, et Bel-
liard 4e, à 13 %.
Dans le camp Dati, on ne
manquera pas de souligner
cette «dynamique». Depuis
que Griveaux a chuté dans
les sondages, lui permettant
de se revendiquer comme
­l’alternative de droite à la

Aix-en-Provence La justice autorise
Maryse Joissains à se représenter

Condamnée en mai par la cour d’appel de Montpellier
pour détournement et prise illégale d’intérêts, la maire
­sortante LR d’Aix-en-Provence a obtenu mercredi de la
Cour de cassation l’annulation de sa peine d’un an d’inéli-
gibilité et de six mois de prison avec sursis, lui permettant
ainsi de se présenter à sa succession. La décision de culpa-
bilité reste toutefois en vigueur puisque «la cassation [est]
limitée aux peines». L’élue de 77 ans, à la tête de ce bastion
de droite depuis 2001, sera donc convoquée pour un nou-
veau procès devant la cour d’appel.

Lille La candidate LREM porte plainte


Violette Spillebout, candidate LREM à Lille, a porté plainte
mercredi pour «entrave» à la liberté de réunion et d’expres-
sion, après que plusieurs de ses réunions publiques ont été
perturbées, et même annulées, par des manifestants. Dé-
nonçant un «harcèlement» et une «incitation à la haine»,
elle a également envoyé un communiqué à ses concurrents
pour leur demander de «condamner sans réserve ces ac-
tions». Elle s’insurge notamment contre la publication, sur
les réseaux sociaux, de ses différents rendez-vous de cam-
pagne par le collectif d’extrême gauche Lille insurgée.

maire socialiste, la candidate
fait une campagne remar-
quée. Beaucoup de terrain,
de bises et de photos, peu de
propositions. Mais il faut re-
lativiser l’enthousiasme affi-
ché : sans soutien, Dati a très
peu de chances de l’empor-
ter. Selon l’enquête, sa liste
atteindrait 32 % des voix au
second tour, contre 38 %
pour la maire sortante en cas
d’alliance avec l’écolo David
Belliard. L’éclatement de l’of-
fre politique est telle que
beaucoup d’observateurs pa-
rient sur le fait que cette
campagne ne pourra se ga-
gner seul.
Charlotte Belaich

A Paris, Dati passe en tête mais


Hidalgo reste sereine

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