Robert Redford
en shérif
compatissant
dans Willie Boy.
EN DÉCEMBRE 1 969, au sortir d’une année marquante, après
le succès notamment d’Easy Rider, Hollywood célèbre l’an 1 d’une
nouvelle ère. C’est en catimini qu’un revenant, Abraham Polonsky,
ancien communiste, blacklisté, dont le nom fut retiré des génériques
– mais qui signa, en 1959, sans être crédité, le scénario d’un des plus
grands films noirs de l’histoire, Le Coup de l’escalier, de Robert
Wise –, effectue, avec Willie Boy, son retour derrière la caméra. Soit
vingt et un ans après son premier film, L’Enfer de la corruption.
Avec le recul, il apparaît presque logique que ce réalisateur, traqué par
le maccarthysme, revienne avec un western mettant en scène une
chasse à l’homme. Son propos, en phase avec un pays alors secoué par
le mouvement des droits civiques et la guerre du Vietnam, raconte
comment la spoliation et le massacre du peuple indien, autrefois consi-
dérés comme une victoire, se révèle désormais une défaite morale.
Dans le film de Polonsky, un Indien Paiute, Willie Boy, revient dans
sa région natale, en Californie, afin d’y épouser la femme qu’il aime.
Mais il est contraint de prendre la fuite après avoir abattu, en état de
légitime défense, le père de sa fiancée, opposé à leur union.
Willie Boy s’articulait autour des personnages du shérif libéral, incarné
par Robert Redford, et du fugitif, auquel Robert Blake, un acteur d’ori-
gine italienne, prête son visage. Ce face-à-face à l’écran se poursuivra
à la ville. Robert Redford deviendra l’un des porte-parole, dans ses
films et dans la vie, des idées libérales américaines, tandis que Robert
Blake, bouleversant dans un rôle pourtant de convention, dans un
long-métrage où la plupart des Indiens sont incarnés par des Blancs,
hantera les pages des faits divers dans les années 2000. Ce comédien,
porté sur l’alcool et la drogue, était aussi connu pour sa collection de
disques de jazz et son goût pour les armes à feu. En 2001, alors fraîche-
ment mariée, son épouse, Bonnie Bakley, connue pour rançonner des
stars ou demi-stars, comme Jerry Lee Lewis, Dean Martin ou Christian
Brando, leur faisant croire qu’elle était enceinte de leur enfant, sera
retrouvée morte dans sa voiture, une balle dans la tête.
Un meurtre pour lequel tous les soupçons se porteront sur Robert
Blake, sans que la culpabilité de l’acteur, qui reçut le soutien
d’O. J. Simpson, puisse être établie. Restait son apparition inoubliable
dans Willie Boy, en Indien s’envisageant comme le dernier de son
espèce, un homme menant seul sa guérilla, dans l’un des films les plus
sombres de son époque. Celui où, témoin du désastre d’un peuple
assassiné, le shérif Robert Redford lâchait, défait, comme si le passé
devenait trop lourd pour envisager un quelconque avenir à son pays :
« Dites-leur que nous n’avons plus de souvenirs en magasin. »
WILLIE BOY (1 H 37), D’ABRAHAM POLONSKY, EST ÉDITÉ EN BLU-RAY ET EN DVD
PAR SIDONIS CALYSTA.
SUR TOUS VOS ÉCRANS“Willie Boy ”,
amer INDIEN.Texte Samuel BLUMENFELD
Sidonis Calysta
UNESPOIR
LES TROIS REFLETS D’UNEADOPTION
4— 28
MARS
2020
Athénée
Théâtre
Louis–Jouvet
du
à l’
CLAIREMERVIEL PRODUCTION
Réservations 01.53.05.19.19
http://www.u nespoir.com
écrit etmis en scène par WENDY BECKETT
présente UPLOADED BY "What's News" vk.com/wsnws TELEGRAM: t.me/whatsnws