Ce dernier avait particulièrement fait sensation lors de sa première
participation à Genius. Le public avait été bouleversé par ses sil-
houettes masculines massives, noires, emmitouflées sous des
couches de vêtements qui formaient comme une armure textile
pour des guerriers mi-astronautes mi-explorateurs d’un genre nou-
veau : grands samouraïs inquiétants mais enveloppés d’une dou-
ceur cotonneuse ouatinée, parés pour affronter l’adversité.
Allégories saisissantes de notre isolement aussi et de notre incapa-
cité grandissante à établir parfois le contact. Cette fois, le créateur
de 33 ans, l’un des talents les plus prometteurs de la mode mascu-
line, a pris le contre-pied de sa première idée en proposant une
installation qui mettait en scène un vêtement en 2D, imaginé à
plat, et que le corps seul peut remplir et propulser dans la troi-
sième dimension. « Travailler avec Moncler, c’est faire partie d’une
grande équipe, soudée, que je retrouve à chaque fois avec un plaisir
de gosse et cela me permet de voir de l’intérieur comment fonctionne
une grande entreprise, nous disait-il le 20 février à Milan. Et puis il
y a ce savoir-faire, cette quête permanente de nouveauté autour d’un
produit premier qu’est la doudoune. Entre tailoring et casual wear,
1 — CRAIG GREEN, HORS PISTES.
La nuit était déjà tombée, mercredi 19 février à Milan. Dans la fou-
lée du show serein et poétique de Jil Sander, Moncler conviait la
caravane de la mode, au premier jour de la Fashion Week italienne,
à la troisième édition de son concept Genius. Gigantisme du lieu
(une halle de 15 000 mètres carrés) aux abords d’une zone peuplée
d’entrepôts tagués, puissance de la musique techno, installation
street art (BMX peints en blanc qui grimpent à un arbre), foule des
grands soirs : plus de 8 000 personnes se seront pressées pour voir
les 11 collections présentées dans des stands fermés, rangées par
ligne et par marque. Le principe de Genius est en effet de proposer
chaque année des collaborations avec une certaine avant-garde
créative allant, cette saison, de JW Anderson à Rimowa en passant
par Richard Quinn, Alyx ou encore Poldo Dog Couture qui, comme
son nom l’indique, prend soin du look... des chiens. Chacune des
collections est ensuite livrée au fil des douze mois qui suivent,
créant autant de buzz que de « drops ». On compte quelques desi-
gners fidèles depuis le lancement de Genius par Moncler en
février 2018 : le Japonais Hiroshi Fujiwara et sa marque Fragment,
l’Irlandaise Simone Rocha et le Britannique Craig Green.
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LE GOÛT