Le Monde - 05.03.2020

(Tina Meador) #1

14 |france JEUDI 5 MARS 2020


0123


Le RN assigné en liquidation judiciaire par un ex­salarié


Mickaël Ehrminger réclame ses indemnités après la condamnation du parti pour licenciement abusif


L


es stigmates du naufrage
financier s’arriment cha­
que jour un peu plus au
paquebot lepéniste. Cette
fois, le Rassemblement national
(RN, ex­FN) doit faire face à une as­
signation en liquidation judiciaire
devant le tribunal de Nanterre par
l’avocate d’un ancien salarié, Mic­
kaël Ehrminger. Une assignation
en date du 2 mars révélée par Chal­
lenges, que Le Monde a pu consul­
ter, et qui fixe l’audience au 3 avril.
En janvier 2018, Mickaël Ehrmin­
ger s’était longuement confié à
Mediapart et Buzzfeed. Cet ancien
chargé de mission proche de Flo­
rian Philippot racontait en détail
et à visage découvert la guerre in­
terne et l’« amateurisme » aux­
quels il avait assisté lors de la cam­
pagne présidentielle de 2017 où,
selon ses mots, « tout était décidé
par la dernière personne » entrée
dans le bureau de Marine Le Pen.
Le parti d’extrême droite le
poursuit alors aux prud’hommes
pour violation de sa clause de
confidentialité et lui réclame
100 000 euros de dommages et
intérêts. Condamné à payer 1 euro
symbolique de dommages et in­
térêts – « le préjudice invoqué
n’étant ni démontré ni caracté­
risé », selon le conseil de
prud’hommes –, Mickaël Ehr­
minger obtient en retour que le
parti soit sommé de lui payer, en­
tre autres, des heures supplémen­
taires et la requalification de son
contrat en CDI. « Dans un mois,
cela fera un an qu’ils n’ont préten­
dument pas réussi à trouver ce
qu’ils me doivent », explique

aujourd’hui Mickaël Ehrminger.
Soit 20 912,60 euros pour un parti
qui perçoit près de 5 millions
d’euros de dotations publiques...
Après un commandement de
payer signifié par huissier en dé­
cembre 2019, une procédure de
saisie menée en janvier sur l’un
des nombreux comptes bancaires
du RN révélant un solde de
3 008,09 euros, l’avocate de l’an­
cien salarié frontiste a fini par lan­
cer une procédure en liquidation
judiciaire contre le parti d’extrême
droite. Et ce, en prévenant au préa­
lable l’avocat du parti.
« Je suis très étonnée qu’ils n’aient
pas payé. Ils prennent un risque,
dont celui qu’on en parle partout,
dit Me Noémie Le Bouard. C’est tel­
lement aberrant que je commence
à me poser de sérieuses questions
sur leur trésorerie. Ils n’ont peut­
être tout simplement pas les
moyens de payer. » D’autant que
d’autres menaces financières pè­
sent sur le RN. Le trésorier du RN,
Wallerand de Saint Just, confirme
avoir reçu l’assignation, qu’il qua­
lifie de « vaste plaisanterie » et de

« procédure abusive » : « On lui a
déjà payé 12 000 [8 000 euros se­
lon l’avocate de M. Ehrminger] et
on lui paye 2 000 euros par mois. Il
aurait simplement eu à attendre
six mois de plus. »
« C’est délirant, je n’ai reçu aucun
centime de leur part, et ce n’est pas
à eux de fixer unilatéralement un
échéancier de paiement. Comme
d’habitude, ils se croient dans leur
bon droit de ne rien respecter... »,
rétorque M. Ehrminger. Son avo­
cate estime, quant à elle, dans les
pièces déposées que cet échéan­
cier de 2 000 euros par mois cons­
titue l’« aveu même » que le RN n’a
pas « les moyens financiers de faire
face à sa dette ».

1 million d’euros saisi en 2018
A moins de deux semaines des
élections municipales, la procé­
dure tombe au plus mal pour le
parti, criblé de dettes et menacé de
faillite. Un énième signal rouge vif
quant à sa santé financière. « Cela
montre simplement que nous
n’avons pas beaucoup de moyens
mais que nous payons », tranche
M. de Saint Just.
Visiblement pas l’ensemble de
ses créanciers. Cette année,
4,2 millions d’euros vont être di­
rectement ponctionnés par l’Etat
sur les 5 millions d’euros de dota­
tion publique du RN, afin de rem­
bourser le prêt octroyé par le mi­
cro­parti de Jean­Marie Le Pen, Co­
telec, en vue de la présidentielle de


  1. La formation de Marine Le
    Pen est également convoquée le
    2 juin devant une juridiction russe
    pour s’expliquer sur le non­rem­


boursement d’un prêt russe de
9,4 millions d’euros – « en partie »
remboursé, selon l’ex­FN.
Interrogée lors d’un point de
presse à l’Assemblée, mardi 3 mars,
Marine Le Pen n’était manifeste­
ment pas au courant de l’assigna­
tion en liquidation judiciaire tou­
chant son parti. « Tout cela n’a
aucun sens. Des cas comme ça, on
en a tous les jours, on passe notre
temps à plaider dans les tribu­
naux. » Les risques judiciaires pe­
sant sur les finances du parti ne
manquent pas. Sur les 5 millions
d’euros de dotation publique du
RN, 1 million d’euros avait été saisi
en 2018 par la justice, « à titre con­
servatoire », dans le cadre de l’en­
quête sur les soupçons d’emplois
fictifs au Parlement européen. La
crise pourrait empirer en avril
avec le jugement de l’affaire
Jeanne, dans laquelle l’ex­FN est
soupçonné d’avoir surfacturé ses
kits de campagne et pour laquelle
l’avocat de l’Etat, partie civile, a ré­
clamé pas moins de 11,6 millions
d’euros de dommages et intérêts.
L’exercice 2018 des comptes du
RN, rendu public le 18 février par la
Commission nationale des comp­
tes de campagne et des finance­
ments politiques (CNCCFP), n’a
pas dû rassurer ses créanciers : des
dettes grimpant à 24,4 millions
d’euros, une perte de 2,4 millions
sur l’année et de 19,2 millions en
cumulé sur sept ans... Alors même
que les recettes (financement pu­
blic, adhésions, reversement
d’élus...) sont en hausse constante
depuis 2012, compte tenu des sco­
res électoraux du parti lepéniste.

« On a toujours été poussés en
avant par nos résultats électoraux.
On est comme une entreprise qui
acquiert des nouveaux marchés et
n’a pas la trésorerie pour y faire
face », tente de justifier Wallerand
de Saint Just, y ajoutant la défense
habituelle du parti pour expli­
quer la situation de ses comptes :
« l’exclusion du réseau bancaire »
l’obligeant, selon lui, à recourir à
des méthodes plus coûteuses
pour emprunter.

Adhésions en berne
Autre enseignement de la
CNCCFP : les adhésions en sé­
rieuse berne au RN. Les cotisa­
tions sont en effet tombées de
1,86 million d’euros à 1,1 million
entre 2017 et 2018. Soit, si l’on con­
sidère la cotisation moyenne à
40 euros, une chute du nombre
de militants de 46 000 à 27 000.
« A cause du spleen postprésiden­
tielle, parce que beaucoup ont cru
à la victoire de Marine Le Pen. Ça a
déjà remonté », assure Wallerand
de Saint Just, jamais inquiet.
« Heureusement que Saint­Just
n’est pas ministre des finances »,
grince un ancien cadre avec, dans
le viseur, la masse salariale de
3,5 millions d’euros (charges so­

ciales comprises) pour une petite
cinquantaine de salariés. Une
note interne confidentielle sur la
« situation de cavalerie financière
du parti » réalisée en novem­
bre 2019 par un ancien député
frontiste et remise à Jean­Marie
Le Pen – une note révélée par Me­
diapart et que Le Monde a pu con­
sulter – souligne que « l’exécutif
du RN n’a pas pris les mesures de
gestion évidentes qui s’imposaient
pour faire face à une dégradation
persistante du besoin en fond de
roulement (BFR) due notamment
à une politique de surendettement
et de “dépenses élevées et de char­
ges de personnel énormes”. »
Si Marine Le Pen met en avant la
dette des autres partis, notam­
ment celle des Républicains, elle
ne pourra pas compter comme
ces derniers sur la vente de son
siège pour la résorber en 2019. Ce­
lui de l’ex­FN, le « Paquebot », a en
effet déjà été vendu 10 millions
d’euros en 2011, expliquant
d’ailleurs l’excédent financier du
parti l’année où Marine Le Pen en
prend les rênes.
« Confiante » sur la situation fi­
nancière du RN lors de ses vœux à
la presse en janvier, Marine Le Pen
affirmait fin février envisager
« tous les moyens » pour redresser
les comptes. Même un plan social.
Pour le moment, le parti d’ex­
trême droite a surtout lancé un
nouvel emprunt aux Français. Et
Marine Le Pen évoqué la possibi­
lité de lâcher la présidence de
l’ex­FN pour se lancer dans la pro­
chaine présidentielle.
lucie soullier

Les cotisations au
RN sont tombées
de 1,86 million
d’euros en 2017 à
1,1 million en 2018

Retraites : la conférence de financement


fragilisée par les départs de la CGT et FO


Les voies d’un accord semblent de plus en plus étroites


L


a conférence sur le finance­
ment, chargée de réfléchir
aux solutions pour équili­
brer le système de retraite en 2027,
est­elle en train de prendre l’eau?
Mardi 3 mars, la CGT a annoncé
qu’elle ne participerait plus aux tra­
vaux de ce cénacle, qui réunit, de­
puis fin janvier, les partenaires so­
ciaux. La veille, c’est Force ouvrière
(FO) qui avait claqué la porte. Les ar­
guments invoqués par les deux
confédérations, hostiles au projet
de système universel de pensions,
sont similaires : la décision de l’exé­
cutif de recourir au 49.3 pour faire
adopter sans vote son texte à l’As­
semblée nationale, mais aussi un
courrier d’Edouard Philippe en­
voyé samedi aux organisations de
salariés et d’employeurs. Alors que
le premier ministre assure, dans sa
lettre, rester ouvert au dialogue, FO
et la CGT estiment, au contraire,
que la messe est dite.
« C’est un jeu de dupes, tout est
joué d’avance », dénonce Céline
Verzeletti (CGT). « C’est phagocyté :
on sait où on doit aller et à la fin, il y
aura une mesure d’âge », renchérit
Michel Beaugas (FO), en faisant al­
lusion au fait que les arbitrages de
l’exécutif contraindront les per­
sonnes à prolonger leur carrière.
François Hommeril, le président
de la CFE­CGC, n’est pas loin de par­
tager cette opinion, lui qui critique
« une parodie de débat dans une
instance parallèle ». Sa centrale, qui
a envisagé de quitter la confé­
rence, s’y maintient, pour l’heure,
afin de « ne pas se voir imputer un
échec attendu ». Il appartient « à
ceux et celles – dont la CFDT – qui
ont demandé la conférence d’assu­
mer son échec », lance­t­il.
Les autres participants considè­
rent, pour la plupart, que le retrait
de FO et de la CGT ne modifie pas
vraiment la donne. « C’est dom­
mageable mais vu leurs positions,

le rapport de force demeure in­
changé », affirme Frédéric Sève
(CFDT). « C’est regrettable mais
leurs choix s’inscrivent dans la
droite ligne de leur combat, qui est
de nature politique, enchaîne
Laurent Escure, le numéro un de
l’UNSA. Personne n’imaginait
qu’elles avanceraient une partie de
la solution, dans la recherche d’un
compromis. » « S’impliquer dans
cette conférence n’a de sens que si
l’on accepte de contribuer à la
construction du système universel
par points », déclare Cyril Chaba­
nier, le président de la CFTC. Or,
telle n’était pas l’optique de FO et
de la CGT. « Nous le regrettons
mais la politique de la chaise vide
n’est pas la bonne solution, fait va­
loir Eric Chevée, de Confédération
des petites et moyennes entrepri­
ses (CPME). Il ne faut pas arrêter
cette conférence. »

Chacun campe sur ses positions
« Le départ de la CGT et de FO est
logique, commente Pierre Fer­
racci, président du groupe Alpha
et spécialiste des questions socia­
les. Ces deux organisations veu­
lent souligner que la conférence de
financement n’offre aucune marge
de manœuvre et de ce point de vue,
l’attitude du gouvernement, qui
emploie le 49.3 pour faire passer sa
réforme, ne leur donne pas tout à

fait tort. » A ses yeux, on assiste à
« l’aboutissement d’un processus
qui, depuis le début, est chaoti­
que » : « L’opinion publique risque
d’y voir un échec de la concerta­
tion et un passage en force. »
Du côté de Matignon, « on prend
acte » de la décision de la CGT et de
FO, tout en exprimant une forme
de perplexité : « On note la conco­
mitance avec le 49.3 mais on ne voit
pas bien ce qui a changé entre
aujourd’hui et le lancement de la
conférence. » L’essentiel, pour­
suit­on, est que « les acteurs les plus
susceptibles de trouver un accord
sont toujours autour de la table ».
Les voies pour y parvenir sem­
blent cependant de plus en plus
étroites. Chacun campe sur ses
positions. Pour une large partie
du patronat, résorber le déficit du
système passe par une mesure
d’âge – ce que les syndicats refu­
sent. Quant au thème de la péni­
bilité, ajouté au programme des
discussions, il divise, lui aussi : la
CFDT réclame davantage de dé­
parts anticipés liés à l’usure pro­
fessionnelle mais le Medef ne
veut pas en entendre parler.
Dans son courrier de samedi,
M. Philippe a de nouveau prévenu
les protagonistes : en l’absence de
consensus, c’est lui qui tranchera.
Une façon de suggérer aux parte­
naires sociaux qu’ils seraient bien
inspirés de prendre leurs respon­
sabilités, d’autant que la réforme
est censée leur attribuer des pou­
voirs sur le pilotage du système
universel. Mais le patronat
comme les syndicats craignent
justement que la gouvernance du
nouveau régime soit placée sous
le joug de l’Etat. Ils doivent se pen­
cher sur le sujet, à l’occasion d’une
réunion organisée le 19 mars, sur
leur propre initiative.
raphaëlle besse desmoulières
et bertrand bissuel

« C’est
dommageable,
mais vu leurs
positions, le
rapport de force
reste inchangé »
FRÉDÉRIC SÈVE
CFDT

Le trésorier du RN,
Wallerand de Saint
Just, qualifie
l’assignation
de « vaste
plaisanterie »
et de « procédure
abusive »

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