Les Echos - 21.02.2020

(vip2019) #1

04 // FRANCE Vendredi 21 et samedi 22 février 2020 Les Echos


en bref


Municipales : Gantzer rallie Buzyn


POLITIQUE « Je n’ai pas pu [...] créer une dynamique » : l’ ex-com-
municant de François Hollande, Gaspard Gantzer, a annoncé
jeudi abandonner sa campagne et rejoindre la nouvelle candi-
date de LREM, Agnès Buzyn, pour les municipales à Paris. Sa liste
« Parisiennes, Parisiens » était créditée de 1,5 % dans le sondage
Ipsos-Sopra Steria pour franceinfo, publié jeudi. Anne Hidalgo y
recueille 24 % des intentions de vote, Rachida Dati 20 %, Agnès
Buzyn 19 %, David Belliard 13 % et Cedric Villani 9 %.

Le gouvernement va étendre
l’expérience territoire zéro chômeurs

EMPLOI S’appuyant sur les évaluations faites par le comité
scientifique et par les inspections générales des finances et des
affaires sociales, le gouvernement a décidé d’élargir le dispositif
territoire zéro chômeur de longue durée au-delà des dix terri-
toires ayant servi à l’expérimentation. L’annonce a été faite à
l’occasion du comité interministériel à la ruralité, mais sans
détail si ce n’est que l’extension interviendra en 2020.

Philippe

Lopez/AFP

observe Sébastien Marrec, docto-
rant en aménagement et urbanisme
à l’université Rennes II. Ce recul du
trafic automobile ne tient compte
que des déplacements intra-muros –
et exclut donc le périphérique qui
enserre la capitale française. Il peut
s’expliquer par les multiples chan-
tiers qui ont eu lieu ces derniers
mois. Plusieurs pistes cyclables sont
sorties de terre sur des artères
emblématiques (Sébastopol, Rivoli,
Voltaire, etc.), tandis q ue des grandes
places (Bastille, Nation, Gambetta,
Maillot, etc.) subissaient un lifting.

Hausse des bouchons
Les travaux, régulièrement dénon-
cés par Rachida Dati, candidate LR à
la Mairie de Paris, ont pu dissuader
les automobilistes de prendre le
volant. D’autant que, dans le même
temps, le niveau de bouchons
moyen a augmenté de 3 points, à
39 %, selon l es données de Tom-Tom
Index. La capitale française (et son
agglomération) conserve ainsi le
titre de la ville la plus embouteillée

Adrien Lelièvre
@Lelievre_Adrien


Ce fut l’un des grands marqueurs du
mandat d’Anne Hidalgo. A peine
installée à la Mairie de Paris en 2014,
l’édile socialiste a fait de la diminu-
tion de la place de la voiture l’une de
ses priorités politiques. Un objectif
qu’elle entend amplifier en cas de
réélection en mars prochain, puis-
qu’elle affirme vouloir faire de Paris
une capitale « 100 % cyclable d’ici à
2024 », date des Jeux Olympiques.
En la matière, l’héritière de Ber-
trand Delanoë a obtenu des résultats
significatifs. La circulation automo-
bile à Paris a reculé de 8,1 %
entre 2018 et 2019, selon un docu-
ment de la direction de la voirie et
des déplacements de la Ville, dont
« Les Echos » ont obtenu une copie.
Il s’agit d’un record depuis que des


La maire de Paris
a fait de la lutte contre
la voiture une des priorités
de son mandat.


« autre modèle » de développe-
ment, selon l’expression d’Eli-
sabeth Borne, vers lequel le
gouvernement veut accompa-
gner les stations les plus impac-
tées par le réchauffement.
Des mesures d’adaptation
aux antipodes des solutions
désespérées mises en œuvre
par certaines. Comme celle qui
consiste à téléporter d es t ombe-
reaux de neige par hélicoptère
et à les déverser sur les pistes.
Une dérive dans laquelle les sta-
tions de moyenne montagne,
où l’or blanc se fait rare, se met-
tent à verser. Le dernier exem-
ple en date remonte à samedi,
sur le domaine skiable de
Luchon-Superbagnères (Hau-
te-Garonne) où 50 tonnes de
neige ont été larguées après
avoir été héliportées en brûlant
400 litres de gasoil.

Cas de force majeure
L’initiative avait fait bondir Eli-
sabeth Borne. « On ne peut pas à
la fois avoir des stations qui sont
victimes du dérèglement climati-
que et qui contribuent en même
temps à l’aggraver », avait-elle
déclaré mercredi. Le Conseil
général de la Haute-Garonne,
propriétaire et gestionnaire de
la station, avait plaidé un cas de
force majeure pour éviter à tout
prix que ce territoire, très
dépendant des activités de
sports d’hiver, ne sombre éco-
nomiquement. Il s’agit d’« une
pratique tout à fait exception-
nelle », avait assuré Laurent
Renaud, directeur général de
Domaines Skiables de France.
N’empêche, en plus de son
impact environnemental néga-
tif, ce genre d’opération, coû-
teuse, ne peut pas être soutena-
ble très longtemps au plan
économique. Surtout pour les
petites stations de moyenne
montagne, les plus exposées au
réchauffement, celles qui sont
situées autour de 1.500 mètres
d’altitude et, dans un avenir
proche, au-dessus de 2.
mètres, selon Météo-France. La
montée du mercure redoutée
risque d’y être telle qu’il ne
serait même plus possible de
produire de la neige artificielle
après 2050.n

Joël Cossardeaux
@JolCossardeaux

Une semaine après le déplace-
ment d’Emmanuel Macron au
pied de la Mer de Glace, le gou-
vernement s’est à nouveau
porté jeudi au chevet de la mon-
tagne. A son s ecours même. C ar
en plus de la santé des glaciers
alpins, il lui faut désormais se
soucier urgemment de celle des
stations de sports d’hiver. Tout
spécialement de l’état des sta-
tions pyrénéennes dont plu-
sieurs responsables, ainsi que
des élus de ce massif, ont tenu
une réunion de crise en fin
d’après-midi autour d’Elisa-
beth Borne, la ministre de la
Transition écologique, et de
Jean-Baptiste Lemoyne, secré-
taire d’Etat au Tourisme. Mis-
sion : ouvrir de nouvelles pistes
de développement à des domai-
nes qui, faute de neige en quan-
tité suffisante, deviennent de
moins en moins skiables.

Diversification
« Une discussion ouverte avec les
acteurs », comme l’entourage
de la ministre a qualifié, jeudi,
cette réunion où un certain
nombre d’initiatives réussies
ont été passées en revue. Avec
comme idée directrice d’aller
plus loin dans la diversification
des activités des stations,
notamment celles qui sont pra-
ticables en toutes saisons. La
randonnée, la pratique du VTT,
les descentes en tyrolienne,
l’escalade en via ferrata, voire la
spéléologie dans certains sites,
peuvent permettre de bâtir cet

CLIMAT


Elisabeth Borne,
la ministre de la
Transition écologi-
que, et Jean-Baptiste
Lemoyne, secrétaire
d’Etat au Tourisme,
ont ouvert jeudi,
avec les profession-
nels de la montagne,
le difficile chantier
de la diversification
des stations.

L’exécutif veut


aider les stations


de ski à s’adapter


au manque de neige


ÉLECTIONS


2020


MUNICIPALES


Matthieu Quiret
@MQuiret


Fini la défiance des Verts vis-à-vis
des entreprises? C’est l’engagement
que prend le candidat EELV à la
Mairie de Paris, David Belliard.
« Notre nouvelle écologie veut agir
avec tout le monde, les entreprises
ont des solutions aux crises climati-
ques, sociales, etc. », insiste-
t-il. Après avoir rencontré, il y a une
dizaine de jours, une quarantaine
de représentants du CAC 40, mais
aussi le Medef et des s tart-uppers, la
tête de liste dans le 11 e arrondisse-
ment s’affirme sur une ligne proche
de celle de Yannick Jadot.
David Belliard compte d’abord
utiliser le levier de la commande
publique pour transformer la ville
et privilégier les fournisseurs enga-
gés dans la transition, à coups de
critères environnementaux et
sociaux. « La mairie dépense 1,3 mil-


liard d’euros par an, c’est un levier
énorme », précise-t-il. Il cite en
contre-exemple les couches Pam-
pers achetées dans les crèches pari-
siennes ou les repas médiocres
livrés par Sodexo aux écoliers du
18 e arrondissement. Il favorisera au
contraire le lait bio infantile et le
jambon sans nitrates.

Préempter les biens
commerciaux
Le candidat promet également de
favoriser l’implantation des entre-
preneurs dans la capitale. Il balaye
tout paradoxe avec sa promesse de
convertir 500.000 mètres carrés de
bureaux en logements. « Ce sont
essentiellement d’anciens apparte-
ments, pas adaptés aux entreprises.
Il vaut mieux leur rendre leur pre-
mière vocation et développer de nou-
veaux espaces de travail ailleurs. » Il
assure qu’une partie du foncier de l a
mairie est sous-utilisée et pourrait
être transformée en lieu de travail
partagé ou en bureaux d’entreprise.
« Je demande depuis cinq ans un
audit sur les bâtiments de la ville, on
commencera par ça. »

de France, devant Marseille et Bor-
deaux. Au-delà des effets conjonctu-
rels de 2019, le trafic automobile a
reculé de 19 % sous le mandat
d’Anne Hidalgo. Mais la dynamique
est beaucoup plus ancienne. « C’est
la droite qui a commencé à lutter con-
tre la voiture », rappelle Frédéric
Héran, maître de conférences en
urbanisme à l’université Lille 1. « Jac-
ques Chirac a fait un premier pas en
installant des potelets sur les trottoirs,
afin d’empêcher les automobilistes de
s’y garer. Puis, sous Jean Tiberi, le tra-
fic automobile a baissé de 9 %
entre 1995 et 2001 », poursuit le cher-
cheur. Le record est toutefois détenu
par Bertrand Delanoë (PS), qui a fait
chuter le trafic automobile de 21 %
lors de son premier mandat
(entre 2001 et 2008). Au total, le trafic
à Paris a reculé de 52 % depuis 1992.
Par ailleurs « la vitesse de circulation
dans les rues est passée de 20,9 à
13,9 km/h », souligne Frédéric
Héran. Soit une vitesse inférieure... à
celle du vélo en ville (15 km/h), selon
les calculs de l’Ademe.n

Sous l’ère Hidalgo, le trafic automobile a reculé de 19 %


ville aux véhicules dont on ne peut
pas se passer, ceux des artisans ou
des handicapés, par exemple », pré-
cise-t-il. Il imagine diviser par
deux la part automobile des dépla-
cements dans la capitale, de 15 %
actuellement. Il plaide dans le
même esprit pour révolutionner la
logistique urbaine via le transport
fluvial et des centres de stockage
intra-muros, sans plus de préci-
sions. Certains distributeurs sont
prêts à jouer, selon lui, le jeu des
dessertes mutualisées de maga-
sins, citant par exemple un res-
ponsable de Lidl.
La tête de liste verte s’engage glo-
balement à privilégier le pragma-
tisme à l’idéologie. « Je n’ai pas de
tabou sur la privatisation ou la muni-
cipalisation des services municipaux.
Mon souci, c’est l’efficacité. La munici-
palisation s’avère ainsi très efficace
dans la production et la distribution
de l’eau : nous la ferons aussi au
niveau de la métropole du Grand
Paris. » Son programme propose
aussi de créer une régie d’énergie.
Objectif : 100 % d’électricité verte à
Paris.n

lLe candidat écologiste promet d’orienter 1,3 milliard d’euros de commande


annuelle de la mairie vers les solutions vertes et sociales des entreprises.


lIl consacrera une part du foncier à créer de nouveaux espaces de travail.


A Paris, Belliard veut réconcilier


les Verts avec les entreprises


David Belliard promet de favoriser l’implantation des entrepreneurs dans la capitale. Photo Simon Lambert / Haytham-RÉA


comptages automatiques sont effec-
tués. Et la performance aurait pu
être encore meilleure si la grève
dans les transports publics (SNCF et
RATP) n’avait pas poussé des Franci-
liens à rallumer le moteur en décem-
bre. « Il y a rarement eu une baisse
aussi spectaculaire de circulation
automobile dans une capitale. Sur-
tout une année où il n’y a pas eu de
grands bouleversements au niveau
des transports en commun en Ile-de-
France, à l’exception de la réorganisa-
tion du réseau de bus et de l’extension
des lignes de tramway (T1 et T4) »,

« La vitesse
de circulation
dans les rues
est passée de
20,9 à 13,9 km/h ».
FRÉDÉRIC HÉRAN
Maître de conférences en
urbanisme à l’Université Lille 1.

Parmi les points de convergence
revendiqués avec le Medef, l a néces-
sité de revitaliser le commerce de
proximité. Pas sûr que sa solution
soit pour autant goûtée du grand
patronat : les moyens de la Semaest


  • bras armé de la mairie pour les
    pieds d’immeuble – seront renfor-
    cés afin de davantage préempter les
    biens commerciaux et éviter la
    domination des grandes enseignes
    de distribution alimentaires ou
    autre. Les écologistes annoncent
    qu’ils retoucheront aussi le plan
    local d’urbanisme dans ce sens.


Très tourné vers l’artisanat, le
petit entrepreneuriat et l’écono-
mie sociale et solidaire, David Bel-
liard promet d’épargner ces pro-
fessionnels dans sa politique anti-
voiture. « Nous voulons réserver la

La tête de liste verte
s’engage globalement
à privilégier
le pragmatisme
à l’idéologie.
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