Les Echos - 06.03.2020

(sharon) #1

Les Echos Vendredi 6 et samedi 7 mars 2020 FINANCE & MARCHES// 29


Desinformationscomplémentairespourrontêtreconsultéessurlesitesavencia-fromagedairy.com

A5007 millions d’euros,lechiffred’affaires 2019 du Groupe
Savencia Fromage&Dairyprogresse de 144 millions d’euros
ou 3% par rapportàl’exercice précédent.Cette évolution
résulte principalement d’une croissance organique de 2,8%.
Le résultat opérationnel courant 2019 de 192,1 millions
d’euros croît de 14,5millions d’euros ou 8,2% en dépit
d’un effet d’hyperinflation sur l’Argentine de -9 millions
d’euros contre -0,7millions d’euros en 2018. Cette
progre ssionaété facilitée par leredressement des cours des
produits industriels ainsi quelapoursuite du développement
international.
A3,8% la marge opérationnelle couranteduGroupe
progre sse légèrementsousl’influence desAutres Produits
Laitiers dont le taux de marge passe de 1,9% en 2018à3,4%
en 2019.Parailleurs,lamarge opérationnelle courante des
Produits Fromagers se contracte de 5,7%à4,8% en 2019.
Le résultat opérationnel atteint 137,5 millions d’euros ou
2,7%duchiffred’affaires.S’ilprogresse de 21,6 millions
d’euros ou 18,6%,il prend en compte des chargeset
dépréciations d’actifs liéesàlamarque Modilac etàla
fermeturedel’usine de Saint-Saviol annoncéeen2019.
Enfin, il tient compteégalement de la poursuite des
opérations deréorganisations industrielle et opérationnelle
initiées en 2018.
Le résultat financierde-21,3 millionsd’euros intègre un
impact de -3,1 millions d’euros provenant de l’applicationde
la nouvellenorme IFRS 16relative aux contratsdelocation.

Le résultat sur situation monétairede2,5 millions d’euros
correspondàl’applicationen2019, au titredel’Argentine,
de la norme IAS 29relative auxpaysensituation
d’hyperinflation. Cesretraitements sont sansimpactsur la
trésorerie du Groupe.
Le résultat net partduGroupe de 73,6 millions d’euros
représente 1,5%duchiffred’affaires. Les équilibres financiers
restent bien maîtrisésavec un taux d’endettement net (hors
IFRS 16) de 41,3% des capitaux propres.
Dividende :le Conseil d’Administration proposera à
l’Assemblée Générale du 23avrilprochain la distribution
d’un dividende de 1,30 europar action.
Perspectives 2020 :Le GroupeSavencia Fromage &Dairy
continuera en 2020 sa démarche devalorisation du prix
du lait payé pour les produits degrande consommation
transformés et distribués en Francegrâce àundialogue
constructifavec la filièrelaitièreetles distributeurs.
S’il est encoretroptôt pourévaluer l’impact du Covid-
19, il semble certain que cettecrise influencera l’activité
économique en particulier pour les activitésdefood-service.
Danscecontexte, la priorité du Groupe en 2020serade
préserverses collaborateurs tout en poursuivant ses efforts
de compétitivité afind’assurer une croissancerentabledeses
marquesgrâce àlaqualité de ses produits et l’engagement
de tous ses collaborateurs. Ae

lium

Chiffresc lés (enM€) 31/12/19 CA 31/12/18 CA Total Structure Variationsen% Change Croissance
Chiffred’affaires 5007 4863 3,0 0,4 –0,3 2,8
–dontProduitsFromagers 2912 58,1 2795 57,5 4,1 0,4 0,5 3,2
–dontAutresProduitslaitiers 2244 44,8 2193 45,1 2,3 0,3 –1,4 3,5
Résultatopérationnelcourant 192,1 3,8 177,6 3,7
Les procédures d’audit sont effectuées et le rapport
d’audit relatifàlacertification est en cours
d’émission.
Les définitions et modalités des agrégats du type
écart de structure, de change ou de croissance
organique n’ont pas évolué.
Elles sont définies dans le rapport financier du
Groupe.

Autrescharges&produitsopérationnels –54,6 –1,1 –61,7 –1,3
Résultatopérationnel 137,5 2,7 115,9 2,4
Résultatfinancier –21,3 –0,4 –18,4 –0,4
Résultatsursituationmonétaire 2,5 – –14,6 –0,3
Impôtssurlessociétés –45,6 –0,9 –28,4 –0,6
RésultatnetpartduGroupe 73,6 1,5 54,8 1,1
Endettementnet (horsIFRS16) 605 564
Capitauxpropres 1464 1396

Comptes Annuels 2019


AVIS FINANCIERS

BANQUE


Gabriel Nedelec
@GabrielNedelec


Christopher Hohn, le patron d’un
des plus puissants hedge funds du
monde, a agité une menace cette
semaine à l’encontre des banques.
Dans une lettre envoyée en début de
semaine à HSBC, Barclays et Stan-
dard Chartered, le milliardaire a
promis de lancer des poursuites
judiciaires à leur encontre si e lles ne
mettaient pas fin à leur soutien de
l’industrie du charbon.
« Les banques doivent arrêter le
financement de nouveaux projets de
charbon de toute urgence »
, a écrit le
cofondateur de The Children
Investment Funds (TCI), assis sur
quelque 28 milliards de dollars
d’actifs. Ne pas le faire « expose les
banques à un risque croissant de per-
tes économiques, d’atteinte à la répu-
tation et de poursuites. Les présidents
et les conseils d’administration pour-
raient être poursuivis pour avoir
manqué à leurs obligations fiduciai-
res »
, écrit Christopher Hohn.
Le milliardaire joint ainsi sa voix
à celles des régulateurs financiers
qui ont déjà alerté sur la possibilité
grandissante qu’un jour un ban-
quier ou un assureur soit poursuivi
en justice pour son inaction présu-
mée sur les questions climatiques.
Dans une étude, l’ACPR pointait
notamment du doigt la multiplica-
tion des recours au niveau interna-
tional. Mais en affirmant être lui-
même prêt à mener ces actions en
justice, Christopher H ohn f ait grim-
per cette menace un cran plus haut :
« Ma réputation d’activiste est bien
connue e t nous s ommes e n mesure de
financer des litiges »
, a-t-il glissé
dans sa lettre. La menace est
d’autant plus surprenante
que TCI ne f ait pas partie d es action-


française Paymium et l a société
anglaise d ’investissement alter-
natif BitSpread. En résumé,
Paymium a prêté 1.000 bitcoins
à BitSpread en 2014, avant la
scission (« hard fork ») du bit-
coin en 2017, créant une nou-
velle cryptomonnaie, le bitcoin
Cash, selon une parité d’un
pour un. Le motif du conten-
tieux posait la question du
retour au prêteur, ou non, des
bitcoins Cash issus de la scis-
sion.

Nature juridique
du bitcoin
Po ur répondre à cette question,
le tribunal s’est donc penché
sur la nature juridique du bit-
coin. La loi Pacte a surtout
donné un statut aux a cteurs des
cryptomonnaies, se contentant
d’une définition générique de
ces nouvelles monnaies numé-
riques. Une fois que les juges
ont considéré le bitcoin comme
un actif f ongible, autrement d it,
comme de la monnaie, le prêt
en bitcoin relève du « prêt de
consommation » (à ne pas con-
fondre avec le crédit à la con-
sommation), qui transfère la
propriété du bien prêté à
l’emprunteur pendant la durée
du prêt. Et donc, les bitcoins
Cash appartiennent à
l’emprunteur, comme le divi-
dende à l’actionnaire, estime le
tribunal.
Certains acteurs des crypto-
monnaies ne partagent pas
cette analyse et considèrent
davantage le fork comme une
destruction de valeur. « Cette
pâle copie de l’original a incon-
testablement pesé sur les cours
du bitcoin » , estime un profes-
sionnel. Aujourd’hui, le bitcoin
vaut p lus de 8.100 euros et le bit-
coin Cash 305 euros. Une seule
certitude : désormais tous les
contrats de prêts seront assor-
tis d’une clause de restitution
au prêteur en cas de fork. La
question de la détention des
droits entre débiteurs et créan-
ciers avant et après scission
promet sans doute de belles
batailles judiciaires.n

Eric Benhamou
[email protected]

Les décisions de justice concer-
nant les cryptomonnaies sont
si rares qu’e lles méritent atten-
tion dans un univers en voie de
régulation. Mais la décision du
tribunal de commerce de Nan-
terre, en date du 26 février et
révélée par « L’Agefi », fera date
à double titre : c’est une pre-
mière en France, d’autant plus
qu’elle sort de la jurisprudence
habituelle. Surtout, elle permet
de qualifier la nature juridique
du bitcoin, la plus célèbre et
ancienne cryptomonnaie.
En effet, le tribunal considère
le bitcoin c omme un a ctif incor-
porel fongible, qui relève juridi-
quement « de la chose d e
genre » , c’est-à-dire d’un bien
interchangeable, mais non
individualisable, au même titre
que la monnaie fiduciaire.
« La portée de cette décision
est considérable car elle permet
de traiter le bitcoin comme de la
monnaie ou d’autres instru-
ments financiers. Elle va donc
faciliter les transactions en bit-
coins, comme les opérations de
prêts ou de repo, qui se dévelop-
pent, et favoriser ainsi la liqui-
dité du marché des cryptomon-
naies » , estime Hubert d e
Vauplane, avocat spécialisé
chez Kramer Levin.
Cette décision a été prise
dans le cadre d’un contentieux
entre la plateforme d’échange

CRYPTODEVISES


Pour le tribunal de
commerce de
Nanterre, le bitcoin
est un actif incorpo-
rel fongible.

Une décision impor-
tante qui devrait
faciliter les opéra-
tions en bitcoin et
assurer une
meilleure liquidité
du marché.

La justice française


assimile le bitcoin


à de la monnaie


Climat : les banques sous la


menace de procédures judiciaires


naires de Standard Chartered – c’est
le cas pour Barclays et HSBC.

Menace sérieuse
Signe que la banque prend la chose
au sérieux, Standard Chartered n’a
pas tardé à répondre au milliar-
daire en affirmant partager son
constat sur « l’urgence qu’il y a à agir
en faveur du climat ». « C’est pour
cela que nous avons changé notre
approche ces quatre dernières
années en prenant notamment la
décision de ne plus financer de nou-
velles mines ou centrales à charbon et
d’encourager nos clients à générer
moins de 10 % de leurs revenus dans
l’industrie du charbon d’ici à 2030 » ,
écrit la banque dans un texte publié
par le « Financial Times ». Le

groupe met également en avant ses
investissements dans les marchés
émergents. « L’Union européenne
ne représente que 10 % des émissions
de gaz à effet de serre mondiales,
explique aux « Echos » Daniel
Hanna, le dirigeant chargé de la
finance durable pour le groupe. Or,
le gros du reste des émissions se
trouve dans les pays émergents, où il
est probable que le changement cli-
matique aura le plus fort impact et où
les opportunités de passer aux tech-
nologies à faible émission de carbone
sont les plus grandes. Si nous ne les
aidons pas à réaliser leur transition,
nos efforts seront vains. » Dans une
étude, la banque estime qu’il reste
10.000 milliards de dollars d’inves-
tissements à financer pour que les

marchés émergents réalisent leur
transition énergétique. En décem-
bre, Standard Chartered a égale-
ment rejoint la courte liste des ban-
ques ayant rendu publique leur
exposition au risque climatique – à
peine 32 % des banques le font,
selon Moody’s. Un geste fortement
encouragé depuis 2017 par le TFCD


  • le groupe de travail sur l’informa-
    tion financière créé par le G20 – et
    qui vise à pousser le secteur finan-
    cier à chiffrer l’impact du péril cli-
    matique sur son business. Selon
    une étude du c abinet Oliver
    Wyman publiée cette semaine, le
    secteur financier pourrait perdre
    jusqu’à 1.000 milliards de dollars s’il
    n’intègre pas les défis du change-
    ment climatique.n


lChristopher Hohn, le cofondateur de l’un des plus importants hedge funds


de la planète, s’est dit prêt à engager des poursuites contre les banques


qui ne mettraient pas fin au financement de l’industrie du charbon.


lStandard Chartered a affirmé partager son constat.


En décembre, Standard Chartered a rejoint la courte liste des banques ayant rendu publique
leur exposition au risque climatique. Photo Faris Hadziq/Sopa Images/ZU

Laurence Boisseau
@boisseaul


Le climat n’est d’ordinaire pas la
principale préoccupation des
fonds activistes. Le patron du
hedge fund TCI (The Children’s
Investment Fund), le richissime
Christopher Hohn, fait exception
à la règle.
Cet activiste, chevalier blanc des
actionnaires minoritaires, s’est
forgé une solide réputation depuis
2003 en secouant les patrons des
grands groupes cotés pour qu’ils
dégagent plus de rentabilité. Il a
tenté de torpiller, il y a trois ans, le
rachat de l’équipementier Zodiac
par le motoriste Safran, opération
jugée « surpayée » et « non ration-
nelle »
. En 2013, il avait milité pour
que le groupe de défense et aéro-
nautique EADS (devenu Airbus)
cède sa participation de 46 % dans
Dassault Aviation.
Pour Christopher Hohn,
l’actionnaire doit être moteur des
changements sociétaux. Depuis
peu, il affiche la lutte contre le
réchauffement climatique


comme une de ses préoccupa-
tions et est parti en croisade contre
le charbon. Il entend persuader les
banques britanniques comme
Barclays, HSBC, Standard Charte-
red d’arrêter de financer des
centaines de projets de centrales à
charbon dans le monde.
En décembre dernier, il s’est
attaqué aux groupes qui ne sont
pas, selon lui, suffisamment enga-
gés en matière climatique. Il a
exigé de certains groupes dont il
est actionnaire plus d’actions con-
crètes afin de réduire leurs émis-
sions de dioxyde de carbone. Il
avait même prévenu Airbus,
Safran ou Charter Communica-
tions que s’ils ne prenaient pas
cette voie, il n’hésiterait pas à voter
contre le conseil d’administration
lors des assemblées générales
d’actionnaires.

Christopher Hohn, dont la for-
tune personnelle est estimée à
plus de 1 milliard de livres, a donné
près de 200.000 livres sterling à
Extinction Rebellion, un mouve-
ment mondial de désobéissance
civile en lutte contre l’effondre-
ment écologique et le réchauffe-
ment climatique. « J’ai fait ce geste
car l’humanité est en train de
détruire le monde d e manière agres-
sive à cause du changement climati-
que et il est urgent que nous pre-
nions conscience de cela » , a-t-il
indiqué en fin d’année dernière.

Peser sur la stratégie
des grands groupes
Le patron de TCI a toujours été un
peu atypique. Ce financier de haut
vol a été anobli par la reine Eliza-
beth en 2014 en raison de ses acti-
vités philanthropiques en faveur
des enfants dans les pays en déve-
loppement. A la différence d’un
hedge fund traditionnel, qui
prend beaucoup de petits tickets à
court terme dans des sociétés, TCI
se concentre sur quelques grands
groupes et reste longtemps au
capital afin de peser sur leur stra-
tégie. Comme le britannique
Amber ou CIAM, il est très actif en
France. I l est actionnaire de Safran
depuis 2012. A l’époque, il l’avait
enjoint de céder sa participation
dans le fabricant de terminaux de
paiement, Ingenico. TCI est égale-
ment actionnaire de Vinci et de
Getlink (ex-Eurotunnel), dont il
détient plus de 10 % du capital.n

L’activiste Christopher Hohn, patron


de TCI, au chevet de la planète


Le chevalier blanc des
actionnaires minoritaires
se transforme en chevalier
vert de la finance.
Il continue de s’attaquer
aux entreprises
qui ne s’engagent pas assez
dans la lutte contre
le réchauffement
climatique.


Christopher Hohn
a donné près
de 200.000 livres
sterling à Extinction
Rebellion,
un mouvement de
désobéissance civile.

Sa fortune
personnelle est
estimée à plus de
1 milliard de livres.
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