Les Echos - 06.03.2020

(sharon) #1

32 // FINANCE & MARCHES Vendredi 6 et samedi 7 mars 2020 Les Echos


PORTRAIT


par Isabelle Lesniak
@IsabelleLesniak


Dawn Hudson


au générique


des Oscars


« Le changement, c’est maintenant! » : c’est en bon fran-
çais et avec cette référence curieusement empruntée à
François Hollande que la PDG des Oscars, Dawn Hud-
son, ouvrait, mardi, un déjeuner de gala en faveur de la
promotion des femmes à l’hôtel Lutetia. L’événement,
organisé par la prestigieuse Académie en association
avec Unifrance (chargé de l a promotion du cinéma f ran-
çais), ne pouvait mieux tomber, quatre jours après l’éta-
lage en direct des fractures de la profession sur les ques-
tions de parité et de diversité lors de la cérémonie des
Césars et avant la Journée de la Femme. Officiellement,
le parterre 100 % féminin (de Juliette Binoche à Camille
Cottin en passant par Agnès Jaoui, Rosalie Varda ou la
directrice générale de Gaumont, Sidonie Dumas) était
venu congratuler la lauréate de la bourse d écernée dans
le cadre de l’Academy’s Women Initiative à une profes-
sionnelle prometteuse – l’Algérienne Mounia Meddour,
réalisatrice d e « Papicha », cette année. Dans l es f aits, l es
convives commentaient moins les qualités de ce pre-
mier long-métrage percutant que l’épineux chantier
révélé par l’affaire Polanski. Comment transformer une
Académie des Césars pas si ancienne – elle date de 1975 –
mais incapable de refléter l’évolution de la société?
Personne ne peut être de meilleur conseil que Dawn
Hudson. Permanente blonde impeccable, silhouette
gracile soulignée par une robe trapèze vert émeraude,
l’élégante sexagénaire commente avec plaisir les mesu-
res prises par l’AMPAS (Academy of Motion Picture Arts
and Sciences) pour en finir avec l’« old boy network » qui
faisait la pluie et le beau temps à Hollywood il y a encore
quelques années. Embauchée en 2011 au poste nouvelle-
ment créé de CEO pour moderniser ce mastodonte de
430 personnes fondé e n 1929, cette native de l’Arkansas a
dû précipiter le mouvement à l’occasion de la révolte
#OscarSoWhite en 2016. L’ex-actrice qui s’était, depuis
vingt ans, habituée à gérer dans l’ombre une petite struc-
ture agile consacrée à la crème des films d’auteur améri-
cains, Film Independent, s’est brusquement retrouvée


dans l’œil du cyclone au poste le plus exposé de la pla-
nète cinéma. « Depuis près d’un siècle, l’Academy faisait
obstacle au changement alors que notre industrie n’avait
pas arrêté d’innover pour survivre, dit-elle aux « Echos ».
Il n’était plus question de tergiverser. Le gradualisme et les
bonnes intentions n’avaient rien donné, il fallait se mon-
trer volontariste! » Dawn Hudson a donc fixé des
« objectifs » ambitieux – elle n’aime pas le terme de
« quotas » – pour doubler la représentation des femmes
et des minorités entre 2016 et 2021. A un an de l’échéance,
le conseil d’administration (passé de 44 à 54 membres)
inclut 25 femmes et 11 représentants des minorités eth-
niques. Surtout, les membres de l’Académie – ceux qui
votent aux Oscars – sont à 32 % des femmes et à 16 % des
minorités – contre 25 % et 8 % il y a cinq ans. Quand cer-
tains piliers comme Roman Polanski ou Harvey Weins-
tein en ont été exclus.

Fan de Claire Denis
Le recrutement de milliers de nouveaux membres


  • 8.800 aujourd’hui – suggérés par leurs pairs au sein de
    collèges spécialisés a permis de recruter des profession-
    nels plus jeunes, plus variés, avec plus de transparence

  • l’identité des nouveaux est publique. 20 % du total est
    composé d’étrangers. Une satisfaction pour cette
    citoyenne d u monde, qui c ompléta ses études à Harvard
    par un an à Sciences Po Grenoble. « C’est grâce à cette
    mutation profonde que les Oscars ont pu faire un triom-
    phe à un premier long-métrage non anglophone, le coréen
    “Parasite” »,
    se félicite cette fan de Bong Joon-ho et de
    Claire D enis. Si l a dame des Oscars éprouve l e sentiment
    d’avoir « gagné la bataille », cette mère d’un fils unique a
    conscience d’avoir heurté de nombreux corporatismes
    avec son grand ménage. Sera-t-elle reconduite pour un
    troisième mandat en juin prochain? Le renouvelle-
    ment lui permettra de compter ses soutiens.n


Matt Baron/REX/Sipa

PMU
Antoine Bosonnet
est nommé DRH, membre
du comité de direction.

Antoine Bosonnet, 46 ans,
diplômé de l’Ecole spéciale des
travaux publics et titulaire d’un

3 e cyc le au Celsa, a débuté dans le
groupe Louis Dreyfus. Il fut DRH
chez Neuf Cegetel en 2006, puis
DRH France et Afrique du Nord
chez Aon. Il était devenu DRH de
Veepee en 2016.

ENTREPRISES


ERAMET
Co lin McGibbon
devient directeur général
de la filiale SLN.

Colin McGibbon, 55 ans,
diplômé en ingénierie mécani-
que de l’université de Strath-
clyde, a d’abord assumé diverses
responsabilités opérationnelles
notamment au sein du groupe
Tata Steel. Il a assuré la direction
générale de Rio Tinto Yarwun en
Australie et de Dunkerque Alu-
minium Smelter chez Rio Tinto
en France. Plus récemment, il
était vice-président opérations
d’Ambatovy à Madagascar.

GROUPE ADP
Ed ouard Marcus
devient directeur des finances,
de la gestion et de la stratégie.

Edouard Marcus, 43 ans, ancien
élève de l’ENS et de l’ENA,
diplômé de l’IEP de Paris, est
titulaire d’une maîtrise de droit
des affaires et de fiscalité des
entreprises de l’université de
Paris-II. Il a notamment officié à
la Direction de la législation
fiscale (DLF) et à la Direction
générale des finances publiques
(DGFIP). Conseiller technique
au cabinet du ministre délégué
au Budget et à la Réforme de
l’Etat en 2005, il fut chef du ser-
vice juridique de la fiscalité au
ministère de l’Action et des
Comptes publics.

Alarmé par ce constat, un g roupe
de travail européen, composé de
représentants d’entreprises et
d’experts du secteur financier
impliqués dans l’admission des
sociétés à la cote, a pris l ’initiative de
faire des propositions à la Commis-
sion européenne pour relancer les
introductions en Bourse. Des asso-
ciations comme Accountancy
Europe (représentant les experts-
comptables), CFA Institute (les ana-
lystes), le FESE (les Bourses) ou
encore la Berd (Banque euro-
péenne de reconstruction et de
développement) ont fait entendre
leur v oix lundi 2 mars à Bruxelles en
présentant leur rapport. Le
moment est opportun : la Commis-
sion européenne travaille actuelle-
ment au renforcement de l’union
des marchés des capitaux.

Incitations fiscales
et équilibre des coûts
Les experts qui ont participé à ce
rapport considèrent que l’éduca-
tion financière des investisseurs et
des entreprises est un point de

exercer leur métier du fait de la
baisse des commissions. La recher-
che actions sur les petites et micro-
sociétés n’est plus gratuite comme
par le passé. Et les particuliers ne
peuvent plus faire l’objet d’un
démarchage actif de la part de leurs
banques lors d’une introduction en
Bourse, car ces opérations sont con-
sidérées comme trop risquées pour
leur être proposées. Pour que les
PME retrouvent le chemin de la
Bourse, le groupe de travail suggère
de faire des règles a daptées à la taille
des entreprises. A leurs yeux, les
gérants d’actifs s eraient p lus enclins
à investir dans des PME s’ils avaient
moins de documents à remplir.
La France s’est déjà penchée sur
ce marché, qui est en panne. A
l’été, Philippe Tibi, professeur à
l’Ecole polytechnique et ancien
président d’UBS France, a rendu
un rapport à Bruno Le Maire sur
la question. Il avait, lui, préconisé
d’investir 20 milliards d’euros
dans des fonds destinés à soutenir
l’introduction en Bourse à Paris
de sociétés technologiques.n

Entre 1997 et 2007, environ 400 entreprises par an prenaient
le chemin des marchés financiers ; dix ans plus tard,
elles n’étaient plus que 220. Photo Johannes Eisele/AFP

Laurence Boisseau
@boisseaul


2020 a mal démarré pour les intro-
ductions en Bourse, après un millé-
sime 2019 s’affichant déjà comme le
plus mauvais depuis trois ans.
Entre 1997 et 2007, 400 entreprises
par an – en moyenne – prenaient le
chemin des marchés financiers en
Europe. Sur les dix années qui ont
suivi, ce chiffre est tombé à 220. Le
constat est le même à Wall Street.
C’est évident : le désintérêt des socié-
tés pour les marchés n’est pas con-
joncturel. Il est structurel.


BOURSE


Un groupe de travail
a proposé à la Com-
mission européenne
de mettre en place
des règles en fonction
de la taille des entre-
prises pour relancer
les introductions.


Les p istes pour combattre le déclin


des introductions en Bourse en Europe


,


Envoyez vos nominations à
[email protected]

carnet


fr


+
Ils sont nés
un 6 mars


  • François Bachy,^
    président de la Cité de la mode
    et du design, 60 ans.

  • Patrick Baudry,
    spationaute, 74 ans.

  • Leïla Bekhti,^
    actrice, 36 ans.

  • Pierre Bouriez,
    cofondateur de Houra.fr,
    ex-directeur général du grou-
    pe Louis Delhaize, 55 ans.

  • Laurence Equilbey,
    chef d’orchestre, 58 ans.

  • Michel Franck,^
    directeur général du Théâtre
    des Champs-Elysées, 63 ans.

  • Alan Greenspan,
    ex -président de la Réserve
    fédérale américaine, 94 ans.

  • Kiri Te Kanawa,
    soprano, 76 ans.

  • Marwan Lahoud,^
    ex-directeur général délégué
    d’Airbus Group, 54 ans.

  • Serge Lasvignes,
    président du Centre Georges
    Pompidou, 66 ans.

  • Thomas Lot, président de
    The Official Board, 60 ans.

  • Hervé Novelli, ancien
    ministre, ex-député, 71 ans.

  • Jean-Claude Tonnard,^
    cofondateur d’Audika, 72 ans.


l
Disparition

On le disait « pacifiste par natu-
re et par vocation ». L’ancien
secrétaire général de l’ONU
Javier Perez de Cuellar
« repose désormais en paix » , a
déclaré, jeudi, son fils. L’illustre
Péruvien venait de fêter, en jan-
vier, ses 100 ans. Une vie éten-
due « sur toute l’histoire des Na-
tions unies » , selon l’actuel se-
crétaire général de l’ONU, An-
tónio Guterres. Passant d’une
guerre froide à son comble à la
fin du conflit idéologique entre
Est et Ouest, Javier Perez
de Cuellar fut, de 1982 à 1991,
le cinquième patron de cette
organisation, dont il a incarné
la renaissance. Elu puis réélu,
il ne ménagea pas ses efforts
pour arracher un cessez-le-feu
lors de la guerre Iran-Irak
(1980-1988). Il orchestra des
pourparlers : pour faire taire
les canons de la guerre civile au
Salvador, pour libérer des ota-
ges américains au Liban ou sur
l’accord de paix au Cambodge.
Il considérait l’indépendance
de la Namibie en 1990 comme
sa victoire. Fan de Ravel et de
Debussy, ce francophile, époux
d’une Parisienne en premières
noces et docteur honoris causa
dans près de 40 universités, fut
ambassadeur du Pérou en
URSS, en Pologne... avant d’être
battu à la présidentielle de 1995
face à Alberto Fujimori, réélu.
Il démarra vraiment la politi-
que à... 80 ans, devenant briè-
vement président du Conseil
des ministres puis ministre
des Affaires étrangères de
2000 à 2001. Il était alors reve-
nu à Paris en tant qu’ambassa-
deur en France et à l’Unesco.

- L. N’K. avec AFP


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SÉRIELIMITÉE
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départ important. Mais ce sont les
incitations fiscales et la nécessité
d’équilibrer les coûts entre les
actions (qui coûtent cher à émettre)
et la dette (avec des taux historique-
ment bas), qui sont les principales
recommandations. Les frais de
cotation représentent de 10 à 15 %
du montant levé lors d’une offre ini-
tiale de moins de 6 millions d’euros.
Au-delà, le prix évolue entre 5 et
10 %, ce qui peut être prohibitif.

Le groupe de travail propose
aussi d’alléger la réglementation
pour les entreprises et les investis-
seurs. Selon lui, la directive MiFID II
est néfaste à cette activité pour trois
raisons. Les intermédiaires qui
structurent les opérations et ven-
dent les titres aux investisseurs
disent avoir de grandes difficultés à

Les experts
proposent d’alléger
la réglementation
sur les introductions.
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