Les Echos - 10.03.2020

(Rick Simeone) #1

Les Echos Mardi 10 mars 2020 ÉVÉNEMENT// 05


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Marie-Christine Corbier
@mccorbier


Comme un mauvais signe. Alors
que l’enseignement supérieur se
prépare au stade 3 de l’épidémie de
coronavirus, le directeur de l’Ecole
normale supérieure (ENS), Marc
Mézard, a été détecté positif, selon
un communiqué de l’école. Depuis
la semaine dernière, les échanges
s’intensifient entre les établisse-
ments et le ministère de l’Enseigne-
ment supérieur pour établir un
PCA (plan de continuité d’activité)
en cas de fermeture, totale ou
partielle.
Une réunion s’est tenue mardi
dernier entre le cabinet de la minis-
tre de l’Enseignement supérieur,
Frédérique Vidal, et les responsa-
bles des grandes écoles et prési-
dents d’université. Tous se prépa-
rent a u stade 3, qui, s elon un
participant, pourrait s’étaler « sur
douze semaines ».
Lui ne croit « pas
à la fermeture totale »
des établisse-
ments comme en Italie. Elle inter-
viendra « seulement s’il n’y a pas
d’autre possibilité, pour ne surtout
pas créer un vent de panique »,
ras-
sure-t-on dans l’entourage de la
ministre.


« Régime pédagogique
adapté »

Pour l’instant, l’IUT de Creil est le
seul établissement du supérieur
fermé. Contrairement à l’enseigne-
ment scolaire, où il est jugé difficile
de « faire respecter [la restriction des
contacts physiques] à des enfants » ,
l’enseignement supérieur se préoc-
cupe plutôt de la mise en place d’un
« régime pédagogique adapté (RPA)
[pour ne pas] compromettre la conti-
nuité pédagogique »,
selon les recom-
mandations gouvernementales
publiées dimanche. Il peut « se décli-
ner par le développement de l'e-lear-
ning, un maintien des travaux dirigés


distance que tous les plans de trans-
formation numérique des écoles »,
parie Jean-François Fiorina, direc-
teur adjoint de Grenoble Ecole de
management.

« Mode dégradé »
« Si tout le monde recourt à l’ensei-
gnement à distance en même temps,
les réseaux seront-ils capables de
tenir? » s’interroge Laurent Cham-
paney. Avec plus de cours à dis-
tance, des semestres à l’étranger
annulés voire des stages en entre-
prise compromis, les établisse-
ments se préparent aussi à tra-
vailler e n « mode dégradé ».
Elisabeth Crépon, à la tête de la
Commission des titres d’ingénieur
(CTI), a indiqué vendredi qu’il pour-
rait y avoir « des dérogations pour la
délivrance des diplômes d’ingénieur
si la mobilité internationale ne peut
pas être faite comme prévu », à
condition de « garantir les compé-
tences terminales du diplôme ». Ils
auront « toute latitude pour adapter
les critères », confie-t-elle.
Du côté des écoles de manage-
ment, on tente « soit de remplacer les
semestres à l’international par des
destinations moins concernées par le
virus, soit de les transformer en sta-
ges dans les entreprises ». Ce « mode
dégradé » a conduit des étudiants et
leurs familles à réclamer une
remise sur leurs frais de scolarité.
Au quotidien, la mécanique sani-
taire se met en place. Une hotline du
ministère répond aux appels des
chefs d’établissement. Les remon-
tées d’informations vers les recto-
rats concernant les personnes infec-
tées ou les cas suspects se font deux
fois par jour. En revanche, « on va
être dans l’incapacité totale d’acheter
des masques ou des solutions
hydroalcooliques, à la fois parce que
les stocks ne le permettraient pas et
que ce serait trop coûteux », glisse un
chef d’établissement.n

L’enseignement


supérieur se prépare


au stade 3 de l’épidémie


l En France, le scénario de la fermeture, partielle


ou totale, d’un établissement est dans toutes les têtes.


lGrandes écoles et universités s’activent pour pouvoir


assurer leurs cours à distance, si besoin.


A l’heure où débutent les concours
d’entrée aux grandes écoles, les pro-
pos, dimanche, du ministre de la
Santé, Olivier Véran, peuvent paraî-
tre rassurants. Les concours échap-
pant à l’interdiction des rassemble-
ments de plus de 1.000 personnes.
Pourtant, l’inquiétude des organi-
sateurs de concours et des grandes
écoles est palpable. Certains centres
d’examen sont installés dans des
lycées, « et le risque de fermeture sur
décision d’un recteur reste grand »,

craint un directeur d’école. « Pour
l’instant, on est sur l’aménagement
des salles de composition de façon
clairsemée,
indique Claude-Gilles
Dussap, président du Service com-
mun du concours écoles d’ingé-
nieurs (SCEI). Si des centres sont fer-
més complètement, on sera très
embêtés. »
D’autres redoutent de
« manquer de surveillants », souvent
puisés parmi les retraités de l’Edu-


cation nationale. De lourdes incerti-
tudes pèsent aussi sur les mesures à
venir, celles du stade 3 de l’épidémie.
Première concernée, avec les
épreuves du concours d’entrée en
école de journalisme prévues ven-
dredi, le Celsa indique que, « pour
l’instant, le concours est bien main-
tenu ». Mais l’école s’attend « à des
changements de dernière minute » :
« S’il faut reporter, tout a été mis en
place pour prévenir rapidement les
750 étudiants concernés. »

« Si quelqu’un tousse »...
Du côté des écoles d’ingénieurs, on
évoque « de grosses inquiétudes ».
« Un site pourrait ne pas ouvrir, rom-
pant l’équité entre candidats, redoute
un directeur. Et on n’est pas à l’abri
d’annuler une épreuve si quelqu’un
tousse et que cela génère en effet de
panique. »
A la Chambre de commerce et
d’industrie de Paris Ile-de-France,
pour les concours d’HEC Paris, de
l’Essec ou d’ESCPEurope, on sent
une tension : « Il faut absolument
que les écrits se tiennent aux dates
prévues et que les recteurs et les pré-
fets autorisent l’accès aux lycées qui
sont centres de concours », recom-

mandait lundi un message adressé
aux écoles.
Les écoles s’organisent. « On va
réfléchir à des plans B, indique Pierre
Savary, directeur de l’ESJ Lille. Mais
c’est extrêmement difficile, car on ne
sait pas ce qui sera possible de faire ou
pas. » Faut-il reporter les concours?
Recruter en partie sur dossier?
Multiplier les oraux? « Toutes les
écoles planchent sur le sujet, y com-
pris sur l’adaptation des épreuves,
complète Pascal Guénée, président
de la Conférence des écoles de jour-
nalisme (CEJ) qui les réunira mer-
credi. Les décisions seront collectives,
pour que les étudiants puissent pré-
senter tous les concours souhaités. »
Pour les écoles d’ingénieurs aussi,
« il y aura une réponse coordonnée »,
assure Claude-Gilles Dussap. Un
directeur d’école de management
parle déjà de report de la rentrée
universitaire.
Les réponses à la crise ne seront
pas que logistiques : « On réfléchit à
des voies alternatives au concours
actuel, dit ainsi Jean-François Fio-
rina, à la tête du concours Passe-
relle... Mais cela suppose de changer
les modalités du concours et il faut
l’aval du ministère. » — M.-C. C.

Les grandes écoles réfléchissent à des


« plans B » pour les concours d’entrée


Aménagement des salles,
surveillance, adaptation
des épreuves : les organisa-
teurs de concours et
les grandes écoles tentent
de s’adapter au mieux à
l’épidémie de coronavirus.


Depuis la semaine dernière, les échanges s’intensifient entre les établissements et le ministère
de l’Enseignement supérieur pour établir un plan de continuité d’activité en cas de fermeture.

Gilles

Rolle/RÉA

ou encore l’aménagement d’espaces
de travail dédiés et sécurisés pour les
étudiants (distances minimales, limi-
tation du nombre d’étudiants dans
une salle de bibliothèque, etc.) »
« Tout le monde regarde quelle
part d’enseignements pourrait se
faire à distance », confirme Laurent
Champaney, à la tête d’Arts et
Métiers (Ensam) et vice-président
de la Conférence des grandes écoles
(CGE). Il évoque les travaux prati-
ques, qui « auront du mal à se faire à
distance ». Christophe Deleu, qui
dirige l’école de journalisme de
Strasbourg (CUEJ), juge lui aussi
« compliquée » la formation à dis-
tance de futurs journalistes qui ont
« une multitude de cours avec des
exercices pratiques nécessitant des
déplacements ».

A Neoma Business School, la
directrice générale, Delphine Man-
ceau, assure que l’école est « prête à
mettre en place des classes virtuelles,
à faire passer les examens à distance et
à mettre le personnel en télétravail ».
« Dans l’hypothèse où l’on ferme tout,
ce ne sera pas trop compliqué, on peut
faire tourner l’établissement à dis-
tance, y compris la paie », confie un
autre responsable d’école.
« Toutes les écoles ne sont pas
équipées en infrastructures ni expé-
rimentées pour mener les évalua-
tions à distance », admet Mhamed
Drissi, chargé des relations interna-
tionales de la CGE. « Le virus va faire
beaucoup plus p our l’enseignement à

Le directeur
de l’Ecole normale
supérieure, Marc
Mézard, a été
détecté positif
au coronavirus.
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