BFMTV. Mettant plus de nuance,
elle a appelé lundi, dans « Le
Figaro », « celles et ceux qui le sou-
haitent de [la] rejoindre autour
d’une majorité de projet ».
Troisième dans les sondages –
qui ne reflètent pas la situation
arrondissement par arrondisse-
ment –, Agnès Buzyn veut se pla-
cer dans une position incontour-
nable. « Elle montre qu’elle a les
clés du scrutin », estime Gaspard
Gantzer, tête de liste LREM dans
le 6e arrondissement.
Mais une alliance, sous une
forme ou une autre, avec des lis-
tes portées par Rachida Dati, crée
un malaise qui va en s’amplifiant
chez de nombreux marcheurs.
« Je ne ferai pas la campagne de
Rachida Dati. [...] Je préfère perdre
une élection q ue perdre mes
valeurs », a estimé Marlène
Schiappa, secrétaire d’Etat à
l’Egalité entre les femmes et les
hommes et numéro 2 de la liste
LREM dans le 14e arrondisse-
ment. Dans ce même arrondisse-
ment, la tête de liste, le centriste
Eric Azière (UDI), estime pour sa
part qu’une alliance avec Rachida
Dati serait « intelligente et prag-
matique »...
En plus de semer le trouble,
cette stratégie est considérée
comme risquée. « Agnès Buzyn
prend le risque de parler du second
tour alors que le premier n’a pas
encore eu lieu, ce que les Parisiens
détestent. Et elle oublie que près
d’un tiers de l’électorat macroniste
à Paris est compatible avec Anne
Hidalgo », estime Frédéric Dabi, le
directeur g énéral adjoint de l ’Ifop.
« Ligne rouge »
Donnée en tête au premier tour,
mais en panne de réserves de voix
pour le second tour, Rachida Dati
n’a pas raté l’occasion de tacler
son adversaire. « Je suis profondé-
ment choquée, alors même que le
premier tour n’a pas eu lieu [...] que
Madame Buzyn organise déjà des
combines de second tour pour sau-
ver des sièges ou les postes d es uns e t
des autres », a-t-elle réagi ce lundi
sur LCI.
Les marcheurs issus de l’aile
gauche jugent qu’une alliance,
même partielle, avec Rachida
Dati, met en péril la frange de
l’électorat de gauche qui
reste fidèle à Emmanuel Macron.
« Nous devons faire attention à nos
alliances, car nous allons perdre
encore plus d’électeurs venant de la
gauche », estime un député. Un
autre évoque une « ligne rouge ».
« On ne doit pas faire élire Rachida
Dati et remettre la droite en selle
dans la première ville de France »,
estime un troisième.
Après le 49.3 sur la réforme des
retraites, et alors que LREM
s’attend à des municipales diffici-
les, la situation parisienne et la
main tendue vers Rachida Dati
laissent augurer des lendemains
compliqués. L’élection parisienne
crispe un peu plus les relations à
la tête de LREM où, selon plu-
sieurs sources, la confiance est
rompue entre le numéro 1 du
parti, Stanislas Guerini, et son
numéro 2, Pierre Person.
La création d’un nouveau
groupe à l’A ssemblée est dans les
tuyaux, mais renvoyée à l’après-
municipales.n
A Paris, la main tendue de Buzyn à Dati passe mal
Grégoire Poussielgue
@Poussielgue
La goutte d’e au de trop? Evoquée
ce week-end par Agnès Buzyn,
candidate de La République En
marche à Paris, la perspective
d’une alliance au second tour avec
la candidate LR, Rachida Dati,
pour battre la maire sortante,
Anne Hidalgo, n’en finit pas de
semer le trouble au sein de la
majorité.
Une stratégie risquée
« Il n’y aura aucune alliance de
partis. Il y aura par arrondisse-
ment des discussions avec ceux qui
veulent me rejoindre sur un pro-
jet », a dit la candidate LREM sur
A une semaine du premier
tour, la majorité est de plus
en plus crispée. L’après-
municipales s’annonce
compliqué, dans un
contexte marqué par
la crise du coronavirus,
sans oublier le 49.3 sur
la réforme des retraites.
démie, les syndicats opposés au pro-
jet du gouvernement – CGT, Force
ouvrière, CGC, FSU et solidaires –
ont estimé lundi dans un communi-
qué commun que « l’urgence n’est
pas la retraite par points ». Mais
après son adoption sans vote en pre-
mière lecture à l’Assemblée grâce à
l’article 49.3 de la Constitution, le
projet de loi poursuit pourtant son
parcours. Avec en parallèle de l’exa-
men parlementaire, la conférence
de financement installée par le Pre-
mier ministre, Edouard Philippe, le
30 janvier et qui s’est déjà réunie une
première fois le 18 février.
Patronat et syndicats ont de nou-
veau rendez-vous ce mardi avec
Jean-Jacques Marette, l’ancien
directeur de l’Agirc-Arrco, qui pré-
side la conférence. La réunion ne
fera cependant pas le plein. Force
ouvrière et la CGT ont claqué la
porte après le courrier envoyé aux
partenaires sociaux par Edouard
Philippe lors de l’annonce de l’utili-
sation du 49.3. Il y affirmait que les
partenaires sociaux devraient
démontrer leur capacité à « assurer
l’équilibre financier de notre système
de retraite dans les prochaines
années » sinon, il prendrait ses res-
ponsabilités. La CGC, si elle coorga-
nisera la contre-conférence organi-
sée p ar les d eux syndicats l e
24 mars, a décidé, elle, de continuer
à participer aux discussions au
ministère des Solidarités avec la
CFDT, la CFTC et l’Unsa, ainsi que le
Medef, la CPME et l’U2P.
Le rendez-vous de ce mardi
s’annonce studieux. Chacun des par-
ticipants a en effet présenté sa « liste
de courses » à Jean-Jacques Marette
et attend des données chiffrées. Il y a
plusieurs sujets : « D’où vient le déficit
et quel cocktail de mesures? » , résume
un p articipant. D u côté de la CFDT, o n
a demandé beaucoup de précisions
sur le déficit, notamment, l’impact de
la correction de l’espérance de vie, sur
laquelle le projet gouvernemental est
jugé très optimiste, ou encore quels
sont les effets redistributifs des diffé-
rentes mesures ainsi que les impacts
financiers collatéraux notamment
sur les autres régimes sociaux. Quel-
les seront les conséquences du gel du
point d’indice de la fonction publique
ou encore que rapporterait de relever
la cotisation sur les plus hauts salai-
res, figurent parmi les interrogations
de l’Unsa.
Pas encore
le « money time »
Une autre réunion est prévue dès
jeudi dans le cadre de l’autre groupe
de travail de la conférence, sur la
gouvernance. Le sujet ne sera pas
celui de savoir qui va piloter le futur
régime - une question qui sera au
cœur d’une rencontre des cinq lea-
ders syndicaux confédéraux et des
trois leaders patronaux, le 19 mars, à
l’initiative de FO. On y parlera finan-
ces aussi, puisqu’il s’agira de distin-
guer ce qui relève du « non-contri-
butif » (en clair de la solidarité) et du
contributif (les cotisations produi-
sant des droits) et qui les finance.
« On n’est pas encore dans le “money
time” » , commente un syndicaliste.
« De toute façon, rien ne devrait
bouger avant les municipales qui don-
neront les termes du rapport de force
en fonction des résultats de la majo-
rité présidentielle » , estime un obser-
vateur parlementaire. Cela tombe
bien, les deux prochains rendez-
vous sont programmés pour les 24
et 26 mars.n
Leïla de Comarmond
@leiladeco
Elle était au centre de l’actualité,
déchaînant les passions. Le corona-
virus a fait passer la réforme des
retraites sous les radars. Face à l’épi-
SOCIAL
Une nouvelle réunion
de la conférence de
financement se tient ce
mardi, sans FO et la CGT
qui ont claqué la porte.
Le patronat et les
syndicats présents vont
se pencher sur les
chiffrages et précisions
demandés.
Retraites : la conférence de financement se penche sur le chiffrage
écrit-il, par une instruction aux
préfets, donner les modalités de
renforcement du dispositif per-
mettant le r ecueil des procurations
et ce, afin de les faciliter pour les
personnes qui ne pourraient se
déplacer, « en particulier pour des
raisons liées à la situation sani-
taire » mais aussi pour protéger et
limiter les risques « pour les per-
sonnes vulnérables accueilles dans
des hébergements collectifs ».
Ce lundi, Christophe Castaner a
indiqué dans un télégramme aux
préfets que toutes les personnes
malades ou confinées pouvaient
faire appel à un officier ou agent de
police judiciaire pour venir
recueillir à domicile une procura-
tion. Enfin, dans l es établissements
accueillant d es personnes vulnéra-
bles comme les Ehpad, le directeur
ou un membre du personnel
pourra être désigné pour ce faire.
Jeunes et abstention
Cela suffira-t-il à rassurer et à évi-
ter une abstention accrue pour ces
municipales? Selon un sondage
Ifop publié ce lundi, à la question
de savoir si les risques de transmis-
sion du coronavirus peuvent les
inciter à ne pas se rendre dans un
bureau de vote pour participer à ce
scrutin, 28 % des Français répon-
dent oui. Les réponses diffèrent
selon le lieu de résidence. Dans
l’agglomération parisienne, 36 %
des personnes interrogées, soit
8 points de plus que la moyenne
nationale, seraient susceptibles de
ne p as s e déplacer. A l’inverse, dans
les communes rurales, ce chiffre
atteint 25 % et dans les communes
urbaines de province, 27 %.
Alors que les personnes les plus
vulnérables face au virus sont les
plus âgées, les 65 ans et plus sont
23 % à se poser la question d’aller
voter. En revanche, chez les jeu-
nes, qui sont déjà ceux qui s’abs-
tiennent le plus, y compris pour les
municipales, ils sont 40 % à dire
oui chez les 18-24 ans, et chez les
25-34 ans, 37 %. Une mauvaise
nouvelle pour les écologistes.
L’électorat de Marine Le Pen
semble aussi plus inquiet que la
moyenne puisque 31 % d’entre eux
se posent la question d’aller voter
en raison des risques de transmis-
sion du coronavirus. Ceux
d’Emmanuel Macron s’appro-
chent de la moyenne (27 %) et
ceux de François Fillon sont en
deçà, à 23 %.n
lSelon un sondage Ifop, 28 % des Français répondent positivement à la question de savoir si les risques de transmis-
sion du coronavirus peuvent les inciter à ne pas se rendre dans un bureau de vote pour les élections municipales.
lAfin de faciliter le recours aux procurations, les directeurs d’Ehpad pourront être désignés pour les recueillir.
Le gouvernement se mobilise pour limiter
l’abstention aux municipales
Le gouvernement
maintient les élections
municipales malgré
l’épidémie de Covid-19.
Photo Frederick Florin / AFP
« De toute façon,
rien ne devrait
bouger avant
les municipales
qui donneront
les termes du
rapport de force
en fonction
des résultats
de la majorité
présidentielle. »
UN OBSERVATEUR
PARLEMENTAIRE
Isabelle Ficek
@IsabelleFicek
Edouard Philippe l’a dit et redit : il
n’est pas question de reporter les
élections municipales des 15 et
22 mars en raison de l’épidémie de
coronavirus. Le Premier ministre
l’a à nouveau écrit à tous les maires
de France dans un courrier daté du
7 mars. Il réunira à nouveau ce
jeudi à Matignon au sujet du
Covid-19 les p résidents des Assem-
blées, des groupes parlementai-
res, les chefs de parti et les prési-
dents des associations d’élus. Et
dans sa lettre aux maires, il décline
quelques mesures susceptibles
d’être mises en œuvre pour assu-
rer, « en toutes circonstances, le
meilleur déroulement des opéra-
tions de vote ».
En tête de ces mesures, l’affi-
chage à l’entrée des bureaux de
vote des « mesures barrières ».
Aussi, à la demande de l’Associa-
tion des maires de France, le
ministère de l’Intérieur, indique
Edouard Philippe, « produira des
recommandations relatives à
l’organisation physique des
bureaux de vote » , pour que la ges-
tion « de files d’attente et flux au
sein de chaque bureau limite les
situations de promiscuité prolon-
gée ». Il pourra aussi y avoir
d’autres recommandations, pour
le nettoyage des stylos pour
l’émargement, des machines à
voter pour les municipalités ayant
fait le choix du vote électronique...
Des mairies ont d’ores et déjà
communiqué pour faire savoir que
les bureaux de vote de leur ville
auraient, outre l’affichage des bons
gestes, des lingettes désinfectantes
pour nettoyer régulièrement le
matériel, du gel hydroalcoolique à
l’entrée des bureaux de vote et des
files d’attente en extérieur s’il y a
plus de 25 personnes dans un
bureau de vote.
Recueil par des officiers
ou agents de police
Le Premier ministre insiste enfin
sur les procurations afin que ceux
qui souhaitent participer au scru-
tin ne renoncent pas à voter. Le
ministre de l’Intérieur doit ainsi,
ÉLECTIONS
2020
MUNICIPALES
FRANCE
Mardi 10 mars 2020 Les Echos