12 u Libération Jeudi 5 Mars 2020
A
ncien maire socialiste de
Toulouse, Pierre Cohen ne
doute de rien et se pose en
rassembleur de la gauche. «Je suis
celui qui prône le plus l’union», es-
time celui qui a quitté le PS pour re-
joindre le mouvement Génération·s.
L’affirmation est culottée quand on
s’est lancé dans l’aventure munici-
pale alors qu’il y avait déjà cinq au-
tres listes de gauche. D’autant plus
gonflé quand on est régulièrement
classé quatrième dans les sondages.
La dernière étude d’opinion, pu-
bliée la semaine dernière, crédite
Cohen de 7,5 %. Soit loin derrière la
conseillère régionale Nadia Pelle -
figue qui conduit une liste PS-PCF-
PRG (14 %), mais encore plus de la
liste Archipel citoyen menée par
Antoine Maurice (EE-LV) : avec 25 %
d’intentions de vote, le collectif sou-
tenu par LFI et des dissidents socia-
listes incarne désormais l’opposi-
tion à Jean-Luc Moudenc, maire
sortant élu sous les couleurs de LR
mais candidat cette fois avec le sou-
tien de LREM. Depuis son bureau de
la place du Capitole, le maire LR
sortant doit contempler avec une
certaine satisfaction ce puzzle de la
gauche. Car en parallèle des listes
Maurice, Pellefigue et Cohen, on
trouve encore un candidat du NPA,
de LO et du Parti des travailleurs.
Balles qui sifflent
Depuis l’automne, Moudenc a dési-
gné Archipel citoyen comme son
principal adversaire. Cette stratégie
présente un double intérêt. Ceux
qu’il appelle les «pastèques» (vertes
à l’extérieur, rouges à l’intérieur)
constituent un miroir idéal pour
son programme, qu’il décline dans
les tracts et les meetings : à lui la
stabilité et la gestion raisonnée, à
eux la «rupture» et le «dogmatisme
idéologique». L’autre avantage, c’est
l’isolement de Nadia Pellefigue, que
Moudenc n’évoque quasiment ja-
mais. La jeune femme se retrouve
éclipsée par son concurrent écolo
malgré une campagne très structu-
rée bénéficiant du soutien des ba-
rons du PS, qui tiennent encore le
département et la région.
Avec plus de 40 % d’intentions de
vote au premier tour, le maire sor-
tant semble imperméable aux nom-
breuses polémiques qui lui tombent
sur le râble depuis le début de l’an-
née. Voyage en Arabie Saoudite pour
assister à un concert de l’orchestre
national du Capitole, cumul d’un
emploi de haut fonctionnaire à
Bercy avec ses mandats de maire de
la quatrième ville de France et prési-
dent de la métropole, patinoire en
plein air installée sous les fenêtres
du Capitole par 18°C : les balles sif-
flent sans atteindre Moudenc.
Même la dissidence de son adjoint
Franck Biasotto, soutenu par le Mo-
dem, n’a pas entamé la prime au sor-
tant. Crédité de seulement 2 % des
intentions de vote, le candidat cen-
triste qui accuse le maire de s’être
«droitisé» risque de connaître le
même sort que Christine de Veyrac,
une ancienne adjointe de Philippe
Douste-Blazy qui a contesté jusqu’au
bout en 2014 le leadership de Mou-
denc au sein de la droite et du centre
avant de disparaître des radars.
Prudent, le maire joue sur l’air du
«et en même temps», il se dit ami
d’Emmanuel Macron et de Nicolas
Sarkozy, mais évite désormais de
trop afficher sa proximité avec le
gouvernement. Ce pilier de LR a
pourtant fait des pieds et des mains
pour obtenir le soutien du parti pré-
sidentiel, de peur de subir le même
sort que son homologue de Bor-
deaux, Nicolas Florian, concurrencé
par un candidat macroniste. Mais
ça, c’était avant l’irruption des gilets
ANALYSE
Par
XAVIER LALU
et STÉPHANE THÉPOT
Correspondants à Toulouse
Le maire sortant Les Républicains, soutenu
par LREM, est largement favori à sa succession
malgré de nombreuses casseroles. Dans une ville
qui a l’habitude de choisir un édile de droite,
il fait face à une gauche éparpillée façon puzzle.
Sources : Insee, ministère de l’Intérieur
Habitants
Principaux candidats pour les municipales 2020
Maire sortant
Jean-Luc Moudenc
LR
Jean-Luc Moudenc
LR LREM
Pierre Cohen
DVG
Antoine Maurice
DVG EÉ-LV
Nadia Pellefigue
PS PCFPRG
475 438
Score d’Emmanuel Macron
au 1er tour en 2017
Moyenne nationale 24,01%
20 km 27,26%
HAUTE Toulouse
GARONNE
GERS
HAUTESPYRÉNÉES ARIÈGE
AUDE
TARN
TARN
ETGARONNE
ESPAGNE
TOULOUSE
Jean-Luc Moudenc
sans pépins face
aux «pastèques»?
MUNICIPALES