Libération - 05.03.2020

(Michael S) #1

Libération Jeudi 5 Mars 2020 http://www.liberation.fr f facebook.com/liberation t @libe u 15


MARINE
LE PEN
sur France
Inter, mardi
AFP

Il existe deux météos politi-
ques bien distinctes en
France : c’est ce qui ressort de
la dernière étude d’opinions
Viavoice pour Libération
avant le premier tour des
municipales. Alors que le cli-


mat s’envenime entre majo-
rité et opposition sur fond de
réforme des retraites, la ma-
jorité des Français (59 %) fait
«confiance au maire pour
changer les choses» dans leur
ville contre seulement 35 %

au député et 24 % au prési-
dent. Face au discrédit des
politiques, les édiles sont ju-
gés «impliqués» (59 %), «sym-
pathiques» (57 %) et «compé-
tents» (54 %). Pour la majorité
présidentielle, le scrutin

s’a n n o n c e c o m p l i q u é :
47 % des Français ayant voté
Macron au premier tour de la
présidentielle souhaitent la
réélection de leur maire
actuel, quelle que soit sa
couleur politique.

Les Français font confiance aux maires


Intérêt pour les élections municipales
Comunes rurales Moyenne nationale de 100 000 habitantsCommunes de plus

4%

9% 10%
5% 7%

8%
5% 5% 5%

7% 5%

10% 9% 11%

14%

16%

Souhaits de victoire selon la taille d'agglomération

Source : sondage réalisé par Viavoice pour Libération, du 21 au 25 février, sur un échantillon de 1 000 personnes représentatif de la population

Oui
68%

Non-réponse
4%

Non
28%

11% 9%

RN EÉ-LV LREM

LR PS LFI

«En réalité, nous sommes
le parti qui présente sous

[son] nom le plus [...] de listes.»


En lançant en juin sa campagne pour les municipales, le
Rassemblement national s’était donné pour objectif d’être
«présent partout», et il avait même ajouté «en mieux». Avec
cette nuance : «On ne va pas faire de la figuration dans des
communes où on a peu de chances d’être élus.» Neuf mois
plus tard, le parti d’extrême droite a surtout échoué à com-
poser une centaine de listes sur son objectif de 500, c’est-à-
dire 20 %, selon l’Opinion, qui a fait le compte à la main,
avant la publication des chiffres officiels par le ministère
de l’Intérieur mardi. Il est donc plus précis aujourd’hui :
il y aura 411 listes estampillées RN le 15 mars. Selon une
étude sur le RN et les municipales de la fondation Jean-
Jaurès, le parti «ne dispose pas de forces militantes suffisan-
tes» dans les petites villes pour constituer des listes.

Grenoble
Eric Piolle
propose un
match à gauche
Le maire sortant de Gre-
noble, Eric Piolle, est en
campagne pour un nou-
veau mandat. Et il voit
loin. L’écologiste, favori,
prépare déjà l’entre-deux-
tours. Il a souligné la jour-
née du 11 mars en rouge.
De nombreuses figures
nationales se pointeront à
Grenoble pour un grand
match de foot. Sur la pe-
louse, François Ruffin
(LFI), Aurore Lalucq (PS),
Guillaume Balas (Généra-
tion·s), la militante écolo
Claire Nouvian, la journa-
liste Audrey Pulvar, le dé-
puté Matthieu Orphelin,
le secrétaire national
d’EE-LV Julien Bayou et
la députée Clémentine
Autain (LFI). Un rassem-
blement large. Après le
foot : un meeting et un
concert de Sin semilia et
Yvan Le Bolloc’h. PHOTO
AFP

pour expliquer ce turn-over.
L’étiquette politique que nous
portons est un frein. On nous
met des bâtons dans les roues :
ce qu’une mairie de droite ou
gauche réussit à faire en
deux mois, pour une mairie
FN c’est trois fois
plus. Pour obtenir
l’autorisation du
port de la matraque pour les
policiers municipaux, il nous
a fallu dix-neuf mois.» En plus
des deux maires, six con-
seillers municipaux ont dé-
missionné. D’autres ont filé
dans l’opposition. Une insta-
bilité qui ne décourage pour-
tant pas les Lucois de conti-
nuer de choisir le RN. Aux
européennes, 45 % d’entre
eux ont voté pour la liste fron-
tiste. Son maire décrit Le Luc
comme «la ville a plus chaude
de France», une «cuvette où
les 40 °C sont régulièrement
dépassés». Mais Le Luc, c’est
aussi une commune qui a du
mal à se relever de son passé
ouvrier. «Avec la disparition
des exploitations de mines de
bauxite, la ville s’est paupéri-
sée car il n’y a pas eu de
reconversion industrielle,
pointe Roger Depierre, mem-
bre du Parti communiste et

meneur d’une liste de ras-
semblement citoyen. A tel
point qu’aujourd’hui, 57 % des
gens ne sont pas imposables.»
Des habitants qui voient éga-
lement leur centre-ville dé-
serté et leur espace périphéri-
que occupé par
les grandes sur-
faces. Face au
maire sortant, une liste ci-
toyenne donc. Mais aussi
deux candidats jadis proches
du RN : d’un côté l’ancien
conseiller de la majorité mu-
nicipale Jean-Philippe Dec-
que, et de l’autre Jean-Pierre
Lacoste, époux de l’ex-maire
Patricia Zirilli. Celle qui avait
jeté l’éponge figure désormais
en sixième position sur la
liste. «Si je suis élu, je demeu-
rerai aux commandes de la
ville jusqu’au terme de mon
mandat, assure son mari. J’ai
à dessein choisi mon équipe
pour travailler pendant
six ans. Aucun n’envisage de
rompre cet engagement.» Une
stabilité que tous promettent
pour la ville du Luc. Pour que
la tête des électeurs arrête
de tourner.
MATHILDE FRÉNOIS
Correspondante à Nice
Vendredi : Beaucaire (Gard)

SÉRIE 4/


Bordeaux Un ex-FN dissimulé
sur la liste LREM


Surpris de découvrir un ex-militant FN sur sa liste, le can-
didat LREM à Bordeaux, Thomas Cazenave, a annoncé
avoir «mis à l’écart» le gus en question, au motif que ce-
lui-ci aurait appartenu à «un mouvement incompatible avec
[ses] valeurs».
Des internautes avaient prévenu le macro-
niste que l’homme de 29 ans, en position 63 sur la liste de
Cazenave, faisait référence à ce passé sur Facebook.


Parisiennes, Parisiens sans
Gantzer : «On a créé une so-
lidarité formidable, et Gas-
pard ne s’en est pas rendu compte» Depuis le
20 février, le mouvement citoyen Parisiennes, Pari-
siens a perdu son cofondateur, Gaspard Gantzer, qui a
préféré rejoindre Agnès Buzyn pour les municipales.
Les militants et candidats poursuivent la campagne,
«encore plus soudés». Reportage. PHOTO DENIS ALLARD

LIBÉ.FR

Le jeu des chaises musicales
n’en finit pas au Luc-en-Pro-
vence. Sous le chant des ciga-
les du centre-Var, c’est la valse
des maires. Depuis la victoire
du Front national en 2014, la
commune de 10 000 habi-
tants a vu défiler trois édiles.
Le premier, Philippe de la
Grange, a quitté son poste
dans l’année à cause d’un
«problème de santé». La deu-
xième, Patricia Zirilli, a rendu
l’écharpe pour des raisons po-
litiques : «Je démissionne à
cause des pressions d’une
équipe qui n’arrive pas à se
projeter, qui me reproche de
“ne pas être assez FN”, pas as-
sez ceci, pas assez cela, expli-
quait-elle alors dans une let-
tre. Leur seule motivation
pour Le Luc : enlever un dra-
peau européen, augmenter
leurs indemnités.» C’est alors
au tour de Pascal Verrelle
d’entrer dans la danse. Il
prend la tête de la ville
en 2016 et compte bien la gar-
der après 2020 : le troisième
maire est candidat à sa réé-
lection. «A ce poste, il faut
avoir les nerfs assez solides.
Surtout dans les conditions
difficiles. Nous étions très en-
dettés, avance Pascal Verrelle

Une semaine dans les villes RN


Le Luc-en-Provence,


miroir aux girouettes


Strasbourg Les socialistes probables
faiseurs de roi


Qui sera maire de Strasbourg? Le marcheur Alain Fontanel?
L’écolo Jeanne Barseghian? La socialiste Catherine Traut-
mann? Les deux premiers se tiennent dans les sondages.
La socialiste pourrait se contenter de jouer les arbitres entre
les deux tours. Les rumeurs fusent. Certains l’imaginent
chez les marcheurs, d’autres chez les écolos. A Paris, la di-
rection socialiste a déjà tranché : «Il n’y a aucun suspense,
si on arrive derrière les écolos, on se rangera derrière eux,
mais on aimerait être sûr que ça soit réciproque.»


Thonon-les-Bains La liste LREM
sort le jeu des sept familles


Les campagnes électorales, c’est parfois une affaire de fa-
mille. Comme à Thonon-les-Bains (35 000 habitants), avec
la liste conduite par Nicolas Ravet, investi par LREM. Ainsi,
la liste compte sept membres d’une même famille. «J’as-
sume. C’est un clin d’œil! Et les municipales, c’est une aven-
ture familiale»,
a expliqué à l’AFP le chef de file. Dans la
famille Ravet, il y a l’épouse, Mélanie, qui pour brouiller
les pistes a repris son nom de jeune fille, Bondaz. Il y a
aussi la belle-sœur, Aurélie Bondaz, mais aussi le cousin,
Florian Bondaz, et son épouse, Laura, qui s’affiche aussi
sous son nom de jeune fille, Michaud. On retrouve encore
la sœur de Laura Michaud, Christelle, et enfin le beau-père
de Nicolas Ravet, Pascal Arnould. Le candidat de 41 ans
réfute avoir puisé dans le réservoir familial pour pallier les
défections de colistiers qui s’étaient retirés de la campagne.

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